Publié le 18 Sep 2014 - 18:09
DEMOLITION D’HABITATIONS A LA CITE MAMELLES OUAKAM

Les victimes indexent l’administration étatique

 

Encore un litige foncier ! Trois maisons appartenant à trois femmes ont été détruites le 17 juin 2014 dernier, à la suite de l’exécution d’une décision de justice. En conférence de presse hier à la cité Mamelles Ouakam, les victimes ont indexé l’Etat et demandé réparation.

 

Propriétaires de baux emphytéotiques délivrés par l’Etat du Sénégal, depuis plus de quinze ans, Ramatoulaye Datte, Francesca Amana et Ndèye Marie Guèye ont assisté impuissantes à la démolition de leurs maisons respectives, le 17 juin 2014, ‘’sans aucun préavis’’, conformément à l’exécution d’une décision de justice. En effet, un Corse s’est présenté un jour pour réclamer une route pour servitude de passage, ainsi que les ¾ des maisons qui bordent cette route. Devant la justice, raison lui a été donnée. En plus des maisons de ces trois dames, celle d’une quatrième personne qui travaille dans la justice était concernée. Mais, elle s’est rétractée au cours de la procédure judicaire pour des raisons que ces femmes disent ignorer. Toujours est-il que ladite maison a été épargnée.

Constituées en collectif, ces femmes estiment que leur cité a fait l’objet d’un lotissement qui a été validé par les services du cadastre et de l’urbanisme. Brandissant tous les documents justificatifs, leur porte-parole Ndèye Marie Guèye a révélé qu’elles sont en justice avec le français, depuis 10 ans. Elles se considèrent comme des victimes de l’incompétence de l’administration étatique, car n’ayant pas construit illégalement, ni construit sur le terrain d’autrui. Dans la même foulée, elles ont attiré l’attention sur le fait que l’Etat leur a délivré des baux avec des autorisations de construire. De ce fait, elles payaient des impôts régulièrement et annuellement. Ndèye Marie Guèye a ajouté que les maisons détruites ont été construites avec des prêts bancaires qui ont fait l’objet de vérification.

’3 maisons chiffrées à un milliard’’

Aujourd’hui, le collectif demande à l’Etat de prendre ses responsabilités et que justice soit rendue. « On ne peut pas détruire 3 maisons chiffrées à un milliard. Nous sommes en train de payer des traites mensuelles aux banques pour des biens qui ont été détruits ». Selon le porte-parole, le plus désolant, c’est qu’elles ont été réveillées à 8 heures par deux huissiers mandatés par le tribunal et accompagnés de plus de 200 gendarmes de la LGI de Mbao. « Ils nous ont réveillés en enfonçant les portes de nos maisons, en arrachant les compteurs électriques. Ils ont sorti nos enfants de leurs lits. Ils ont jeté nos bagages dans la rue », a raconté Marie Guèye.

La RADDHO et le CSDH au secours des trois femmes

Toutefois, ces femmes ne sont pas seules dans le combat. Elles peuvent compter sur la Rencontre africaine pour la défense des droits de l'Homme (RADDHO) et le comité sénégalais des droits de l’Homme (CSDH). Ainsi, pour Aboubacry Mbodj, la manière dont on a opéré pour régler cette affaire n’est pas bonne. « On a exécuté une décision sans tenir compte de l’ensemble des richesses qui ont été investies ». Pour lui, la responsabilité revient à l’Etat qui a délivré les papiers. Il fustige en outre un manquement de l’autorité administrative. « Si le préfet est informé qu’il y a une décision prise par le juge pour la démolition de ces habitations, la moindre des choses, c’est qu’il se présente pour évaluer le montant ainsi que les conséquences que cela peut avoir ».

En attendant de voir leur situation s’améliorer, le collectif s’est attaché les services de certains avocats pour continuer la bataille juridique.

Seydina Bilal DIALLO

 

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