Publié le 21 Aug 2014 - 02:31
DESAVOUES PAR LA COUR SUPREME

Les avocats de Karim Wade crachent du feu sur la justice

 

Même s’ils affirment ne pas être ‘’étonnés’’ du revirement de la Cour suprême, les avocats de Karim Wade n’ont pas manqué hier de cracher du feu sur Pape Oumar Sakho et ses collègues.

 

Les avocats de Karim Wade sont très en colère après l’arrêt rendu par la Cour suprême cassant celui rendu en février dernier en faveur de l’ex-ministre d’Etat. En conférence de presse tout juste après le délibéré, les robes noires confient ne pas être ‘’étonnés’’ par une décision qui, affirment-ils, conforte leur thèse sur la procédure toute politique contre leur client. ‘’Cette décision est conforme au fil conducteur de ce procès politique. Donc, nous allons continuer notre défense politique’’, lâche Me Olivier Sur d’un ton sec. ‘’Nous allons continuer à défendre Karim dans le cadre d’un combat politique qui est le sien car ce procès n’est pas conduit par les règles de droit. C’est un procès qui nous ferme toutes les portes procédurales et juridiques.’’

Me Demba Ciré Bathily a soutenu qu’‘’à travers la décision rendue, ce n’est pas Karim qui est jugé fondamentalement’’. Mais plutôt, dit-il, ‘’la capacité de notre système judiciaire à faire face aux défis, à l’exigence du respect des droits’’. C’est pourquoi, a rajouté Me Seydou Diagne, ‘’ce n’est pas un jour triste pour Karim mais pour le Sénégal qui est une démocratie de façade avec l’instrumentalisation de la justice’’.

Abondant dans le même sens, Me El Hadj Amadou Sall dira : ‘’j’ai la sensation qu’on est en  train d’écrire les pages les plus noires, les plus sombres de l’histoire judiciaire du Sénégal’’. S’étranglant de rage, l’avocat libéral martèle : ‘’nous avons mal en notre liberté mais aussi en notre justice. On a l’impression que tout est fait pour emmener Karim Wade à l’échafaud’’. A ses yeux, ‘’la Cour s’est lourdement trompée là où des enfants ne le feraient pas’’ et ‘’il y a une instrumentalisation de la justice au profit d’un règlement de comptes politiques de gens qui disent que Karim Wade doit mourir’’. ‘’On n’hésite devant rien. On tord le cou et le bras à la justice. Ça suffit ! Nous ne pouvons plus accepter ces dérives fascistes…’’, tonne Me Sall, la voix étreinte par la colère ; « orphelin » des magistrats « courageux » et « dignes » qu’a connus le Sénégal.

Tout compte fait, Ciré Clédor Ly s’est dit ‘’très triste’’ non pas pour Karim Wade mais parce qu’‘’un espoir s’est envolé,  l’espoir de la consolidation de l’Etat de droit’’. Revenant sur le motif avancé par la Cour suprême pour désavouer la Chambre criminelle, Me Ly soutient que l’absence d’une déclaration de pourvoi ne peut pas leur être imputée. ‘’L’administration judiciaire a empêché l’exercice d’un droit, donc on ne peut dire qu’on ne s’est pas pourvu en cassation’’, accuse la robe noire.

Cependant, il considère que la question de la compétence n’est pas encore vidée. C’est pourquoi  Me Bathily soutient qu’ils n’ont pas perdu une bataille mais qu’ils ont mis en exergue les failles d’un système. ‘’Ce n’est qu’un match reporté.’’

FATOU SY

 
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