Publié le 28 Apr 2016 - 21:47
DESTITUTION DE FADA, SUCCESSION D’OUSMANE NGOM

Le Pds joue et perd

 

Dans sa stratégie de destituer Modou Diagne Fada et de l’écarter au profit d’Aïda Mbodj, le Parti démocratique sénégalais semble avoir plus perdu que gagné. Oumar Sarr et ses camarades libéraux ont en effet précipité la dislocation du groupe parlementaire ‘’Libéraux et démocrates’’ et offert sur un plateau d’argent un siège de député au leader du Mouvement des patriotes pour le développement (Mpd/Liggey), démissionnaire du parti.

 

La bataille fratricide menée par les libéraux depuis la dernière rentrée parlementaire pour le contrôle du groupe ‘’Libéraux et démocrates’’ a occasionné plus de dégâts collatéraux qu’il en a l’air. Dans ce duel entre le Pape du Sopi, Abdoulaye Wade et son ancien ministre de la Santé, Modou Diagne Fada, le Parti démocratique sénégalais (Pds) a été, s’il n’est pas le seul, le plus grand perdant. Non seulement il en est sorti affaibli parce que divisé, mais le groupe parlementaire des libéraux et démocrates s’est disloqué avec deux tendances qui se regardent dorénavant en chiens de faïence au sein de l’hémicycle. Une frange restée fidèle à Abdoulaye Wade a en effet mis en place son propre groupe dirigé par Aïda Mbodj et rivalise avec le camp de Modou Diagne Fada soutenu par les députés Fatou Thiam et Mamadou Hadji Cissé entre autres.  

‘’Dislocation du groupe libéral’’

Le groupe, composé du Coordonnateur et non moins Secrétaire général adjoint du Pds, Oumar Sarr, de Mamadou Lamine Thiam, Woré Sarr et de quelques alliés dont les députés de And Jëf et de Rewmi, Mamadou Diop Decroix et Thierno Bocoum, souffre jusqu’ici d’une non-reconnaissance par le Bureau de l’Assemblée nationale. Le président de l’Institution parlementaire et les présidents de groupe qui ont statué sur la question, tout au début de la session parlementaire, ont en effet tranché en faveur de Modou Diagne Fada qui s’éloigne progressivement du Pds avec en ligne de mire le lancement de sa propre formation politique.

Cette tournure des évènements a amené, dans une certaine mesure, les libéraux à se radicaliser et à prononcer l’exclusion de ce dernier, pour renverser la tendance. Mais cette stratégie n’a pas été payante. Au contraire, elle a rendu beaucoup plus complexe la situation. Puisque dans cette guéguerre entre différentes tendances, trois députés, en l’occurrence Iba Der Thiam, Awa Diop et Me Ousmane Ngom, élus sur la base des listes du Pds, ont très tôt pris leur distance vis-à-vis des deux tendances. Si les premiers nommés se sont emmurés depuis lors dans un silence assourdissant, Ousmane Ngom lui, a tout bonnement démissionné du groupe parlementaire ‘’Libéraux et démocrates’’, avant de renoncer finalement à son mandat de député.

‘’Retour d’Aliou Sow’’

Cette démission a en réalité créé un véritable malaise dans les rangs du Pds. Elle a ouvert un problème de succession qui jusqu’ici n’est pas réglé. Pour un souci de respect de la loi sur la parité, Me Ousmane Ngom ne pouvait être remplacé que par son suivant du même sexe, en l’occurrence, le Secrétaire général du Parti social-démocrate/Jant bi, Mamour Cissé. Ce dernier, en bisbille avec Abdoulaye Wade, depuis la chute du régime libéral, a décliné le poste et a même adressé une lettre de démission au Bureau de l’Assemblée nationale. Celui-ci a été obligé de contacter son suivant du même sexe qui se trouve être l’ancien ministre des Collectivités locales, Aliou Sow, qui a entre-temps démissionné du Pds et créé son propre parti politique.

Du coup, si le leader du Mouvement des patriotes pour le développement (Mpd/Liggey) accepte d’occuper le poste, il siègera pour le compte de sa propre formation politique. Ce qui suscite d’ores et déjà l’ire des libéraux qui, au cours de leur dernier Comité directeur tenu avant-hier à Dakar, mettent la mouvance présidentielle en garde contre un quelconque remplacement d’Ousmane Ngom par Aliou Sow. Ils décèlent derrière cette décision du Bureau de l’Assemblée nationale une ‘’manœuvre éhontée pour imposer quelqu’un qui a démissionné du parti au détriment de son suivant immédiat, en l’occurrence Mamadou Lamine Keïta’’. Une telle posture des libéraux présagent d’ores et déjà une cohabitation difficile entre les libéraux et leur ex-camarade Aliou Sow qui, il faut le rappeler, a des comptes politiques à régler avec certains responsables du Pds.

ASSANE MBAYE

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