Publié le 19 Jul 2018 - 15:19
DETENTION DE TELEPHONE DANS LES CENTRES D’EXAMENS

Ce que risquent les exclus

 

Les élèves exclus du baccalauréat pour détention de téléphone dans les centres d’examens attendent d’être édifiés sur leur sort. D’après le superviseur du baccalauréat pour la région de Kaolack et Kaffrine, s’ils sont traduits devant la commission de discipline, ils risquent deux choses : l’aggravation de leur situation ou l’échec de l’année cours.

 

Les autorités n’ont pas l’intention de badiner avec la mesure d’interdiction des téléphones portables et autres dans les centres d’examens. Cette année, la décision a été respectée par les présidents de jury qui ont exclu 127 candidats durant les épreuves anticipées de philosophie et du bac technique. Selon le superviseur au bac pour la région de Kaolack et Kaffrine, professeur Alain Christian Bassène, joint par EnQuête, dans un premier temps, il a été prévu que tout candidat qui est pris avec un téléphone ou un dispositif assimilé dans un centre soit exclu. C’est-à-dire, explique-t-il, que pour le concerné, le baccalauréat s’arrête ipso facto.  

‘’Il ne peut plus revenir faire les autres épreuves. De façon plus claire, il a échoué à son examen. Maintenant, s’il est traduit en conseil de discipline, il peut y avoir une autre sanction qui va venir se rajouter à cet échec. En fonction de la faute, la sanction peut aller jusqu’à une suspension de 5 ans’’, soutient Professeur Bassène. Avant d’ajouter que cette suspension quinquennale survient généralement lorsqu’il y a une fraude avérée. ‘’C’est une sanction maximale, lorsque le candidat est traduit en conseil de discipline à l’université. On a précisé dans les communiqués que le téléphone ne doit pas entrer dans le centre, même s’il est éteint, ou n’est pas en état de marche. Ils n’ont pas à se justifier outre mesure’’, précise-t-il. Mais ça dépend, parce que le candidat peut ne pas être traduit. 

A son avis, le fait de détenir son téléphone peut être considéré comme une fraude, dans ce cas d’espèce. Puisque, souligne-t-il, ils ont été prévenus. ‘‘Ce n’est pas une disposition nouvelle. Elle a toujours existé, mais son application n’a jamais été rigoureuse. Or, tout le monde sait que l’année dernière, tous les problèmes que le baccalauréat a connus sont partis des téléphones portables. On ne peut pas vouloir une chose et son contraire. Si on veut sécuriser le bac, on se donne les moyens’’, fustige le professeur Bassène. Pour ce faire, l’une des mesures est, selon lui, d’interdire totalement l’utilisation du téléphone dans le centre.

‘’C’est ce qu’on a demandé aux présidents de jury d’appliquer. Si les candidats veulent faire leur examen, ils n’ont qu’à respecter les dispositions qui ont été mises en place par l’office du bac. Si j’avais un fils candidat au Bac, j’allais prendre son téléphone et le garder jusqu’à la fin des épreuves pour le lui rendre. Il ne va pas en mourir pour autant.’’

Sossé Ndiaye : ‘‘Le conseil de discipline (…) seule habilitée à prononcer relaxe ou sanction’’

En tout, pour les épreuves anticipées de philosophie ainsi que pour le bac technique, 132 candidats de différentes régions ont déjà été victimes de l’application de cette mesure, dont 124 au seul centre lycée Ahmadou Ndack Seck de Thiès. Selon le communiqué du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (Mesri) ‘‘moins de 10 cas ont été signalés après deux jours’’ dans les compositions du bac général, qui ont débuté ce lundi. Des rumeurs persistantes ont circulé hier sur la durée de la peine, mais la suspension de 5 ans n’est pas encore actée. Sossé Ndiaye a sorti un communiqué pour mettre les choses au clair : ‘‘L’Office du Baccalauréat dément ces rumeurs et précise que les candidats concernés ont fait l’objet de rapports circonstanciés et leurs dossiers introduits dans le circuit du conseil de discipline de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, seule habilitée par la loi à prononcer la relaxe ou sanction à appliquer’’, déclare le directeur de l’Office du bac.

Ce qui est sûr, par contre, est que la session 2018 du bac semble totalement compromise pour ces élèves. ‘‘En application du règlement en vigueur, ces candidats sont exclus de la présente session d’examen. Cette mesure conservatoire restera en vigueur durant la période d’attente du verdict du conseil de discipline’’, ajoute M. Ndiaye qui rappelle qu’une campagne de communication a été menée pour alerter sur l’application de ces mesures.

VIVIANE DIATTA 

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