Publié le 13 Jun 2014 - 17:48
DEUXIÈME ÉDITION FESTIVAL DU RIRE 3ÈME MI-TEMPS

Le Sénégal encore battu au gala du rire

 

''Dans les autres pays, les gens courent après le temps. Mais au Sénégal, c’est le temps qui court derrière les Sénégalais''. C’est sur ces phrases du comédien burkinabé Souké qu’a démarré la deuxième édition de la troisième mi-temps. Un festival du rire initié par l’humoriste Kader Diarra alias Kader Pichininico. Pour cette édition, des humoristes du Mali, de la Côte d’Ivoire, du Gabon étaient aux côtés des Sénégalais pour plus de deux heures de rire, mercredi soir au Grand-théâtre. 

 

L’attente fut longue, mais le jeu en valait la chandelle. Du rire, il y en avait à gogo mercredi soir au Grand-théâtre. C'était à l'occasion de la deuxième édition du festival de stand up organisé par l’humoriste sénégalais Kader Diarra. La 3e mi-temps, c’est le nom de l'événement, est la partition des humoristes dans la consolidation de l’unité africaine comme l’a bien rappelé Souké. Avec son compère Siriki, ils ont permis au public de réchauffer leurs glandes zygomatiques avant de passer aux choses sérieuses. Et comme l'année dernière, le match n'a pas été facile. Aussi, les invités de la sous-région restent les maîtres de l'humour. 

Les Sénégalais ont encore fait pâle figure 

Le Malien, Ivoirien et en même temps Sénégalais Bruce a été le premier sur scène après le duo arbitre burkinabé. La sonorisation faisant des siennes, il est passé sans réellement marquer les esprits. Ce qui n'est pas le cas de Kader et de ses hôtes ouagalais. Le public s’est franchement marré avec le trio. Kader a parlé de ses premiers pas dans le monde.

Lui, il est né digne et respectable. Il n’a pas voulu pleurer à sa naissance mais il a été violemment frappé par une sage-femme. Et c’est parti, pour raconter son baptême où finalement il n’était pas la vedette. Kader qui a connu le lait maternel et le lait paternel. Le distinguo est de taille. Nursi est le lait paternel que Papa achetait.

Profitant de l'intermède avant le second spectacle, Souké a  démontré une fois encore toute  son affection pour le pays de la Teranga. Il a repris la partie Bambara de la chanson de Pape Diouf intitulé ''sadio'' avant d’esquisser quelques pas de danse. 

La gestuelle, les mimiques affichées, tout y était au grand plaisir des spectateurs.

TVA (taxes sur le ventre affamé)

Des spectateurs qui en ont eu pour leur argent. Les hostilités ont été ouvertes avec Guimba le Malien. Traumatisé par le conflit au nord de son pays, il a appelé les Sénégalais à cultiver la paix. L'actualité aidant, Guimba s'est intéressé à celle de la lutte. 

Et Balla Gaye 2, récemment  battu par Bombardier, n’a pas échappé à ses vannes. Il aurait dû lui demander avant de s’engager dans un combat avec Bombardier, à l'en croire. ''Est-ce qu’il sait ce que Bombarder veut dire? Le Président malien qui avait déclaré la guerre au MNLA en sait quelque chose. Lui qui est revenu quelques jours plus tard, pour dire qu’il n’est pas encore prêt'', a-t-il raillé.  Guimba a évoqué l’adultère, les conflits sur l’imamat entre autres.

Après le Mali, le Sénégal a retrouvé la scène avec Ousseynou Bissichi qui a passé en revue les tares de nos sociétés africaines, rappelé ''quelques tics et tocs, et énuméré des évidences et des choses et faits qu’on ne verra jamais sur terre jusqu’à l’extinction du Sénégal''. En exemple, une femme sans pochette ou sac à main, un sénateur malien qui ne porte pas de grigris. 

Le clou du spectacle, ce fut Oumar Defunzu Ounguengué, homonyme d’Omar Bongo Ondimba. Et rien que par la taille, ça se voit. L’humoriste soutient qu’au Gabon, vous dépassez 1m70, vous n’êtes plus éligible. Et c’était parti pour des dizaines de minutes de rire non stop sur les traits physiques des Africains, les politiciens surtout les opposants adeptes de la TVA (taxes sur le ventre affamé), entre autres. 

Macky,'' personnalité prête à toute éventualité''

Ambassadeur Agalawal de la Côte d’ivoire a été le dernier humoriste a bidonner la salle. L’auteur de ‘’en tous les cas, il y a deux cas’’, a commencé avec quelques blagues sur le Sénégal avant de se lancer dans un jeu de mots sur PPTE (pays pauvres très endettés, petit public très encourageant…). Même Macky Sall n’y a pas échappé. Il est qualifié de ''personnalité prête à toute éventualité''. ''En tous les cas, il y a deux cas, a mis fin'' à ce spectacle. 

En outre, après le rire, du sérieux. De retour sur scène pour le salut final, les artistes ont lancé un appel aux sponsors pour que le festival 3e mi-temps soit soutenu. Il en a besoin. Toute l’équipe sera à Ziguinchor ce vendredi pour un spectacle à l’hôtel Néma Kadior. Des remises de dons sont au programme. La structure de Kader Diarra compte venir en aide aux enfants victimes des mines dans le sud du Sénégal.

DÉFAUT DE CLIMATISATION ET COUPURE D'ÉLECTRICITÉ

Keyssi Bousso s'explique

Le spectacle a été victime des impondérables liés à des problèmes techniques. Le Grand-théâtre a connu toute la journée du mercredi une coupure d'électricité. La salle de spectacle n’a pas de groupe de secours. Ainsi, les artistes n’ont pas pu répéter et faire le filage de leur spectacle. Interrogé, l'administrateur général du Grand-théâtre Keyssi Bousso a tenté d'expliquer ce qui s'est passé en ces termes :

''Le Grand-théâtre dispose d'un groupe électrogène mais il ne prend en compte qu'un côté. Ce qui s'est passé hier soir (NDLR l'entretien est réalisé jeudi) n'était pas de notre faute. Il y a eu un court-circuit quelque part et on a été obligé d'arrêter l'alimentation en électricité pendant 4 ou 5h'', a-t-il argué.

Il minimise en soutenant que ''cela peut arriver dans toutes les institutions que cela soit ici ou ailleurs''. A l'en croire,  on ne devrait même pas faire un bâtiment pareil sans penser y installer des panneaux solaires. On devait prévoir cela''. Comme lors des soirées de Fatou Guewel et d'Assane Ndiaye le week-end passé, mercredi soir également, la climatisation était défaillante.

Explications de Keyssi Bousso :  ''Depuis que je suis venu ici, j'ai trouvé l'une des machines en panne. Et vendredi soir, une heure avant le début du spectacle de Fatou Guewel, l'autre machine a lâché. Une équipe de techniciens européens, chinois et sénégalais sont en train de travailler pour réparer la panne le plus vite possible.''

B. BOB

 

Section: