Publié le 30 May 2016 - 17:53
DIALOGUE 28 MAI

Idrissa Seck zappe et...contribue

 

Rewmi a rejeté l’initiative présidentielle de dialoguer avec les forces vives de la nation, samedi dernier. Idrissa Seck, qui a motivé sa décision, n’exclut pas de répondre à une autre invitation dans un cadre bien précisé. Le président du Conseil départemental de Thiès a néanmoins suggéré deux points au Président Sall, qui pourraient être sujets à ‘‘un vrai dialogue, sérieux’’.

 

Empressement, impréparation, imprécision. Tels ont été les motifs avancés par Idrissa Seck pour expliquer le refus de son parti à rejoindre la table du dialogue national du samedi 28 mai. ‘‘Rewmi avait dit qu’il n’irait pas répondre à un dialogue dont il ignore l’ordre du jour et les termes de référence. Nous ne voulons pas d’un dialogue de circonstance, de manipulation politicienne, fait dans la précipitation et l’empressement’’, s’est fendu le leader de Rewmi, devant les 45 fédérations départementales de son parti.

 Samedi dernier, au siège de son parti à Diamalaye, une réunion du bureau politique, transformée en congrès par la suite, a servi de prétexte au maire de Thiès à une sorte de ‘‘contre-manifestation’’. Idrissa Seck a toutefois déclaré que toutes les portes ne sont pas fermées. ‘‘Le dialogue est une vertu cardinale du Sénégal. Personne ne peut refuser de dialoguer. Nous sommes tout à fait disposés et ouverts à participer à un vrai dialogue, sérieux, portant sur les intérêts supérieurs de la Nation, défini dans un cadre inclusif et pluridisciplinaire, susceptible d’apporter des contributions à la définition d’une politique nationale’’.

Autre grief soulevé par Idrissa Seck pour justifier la fin de non-recevoir opposée au dialogue du 28 mai : une faute dans le carton d’invitation 02781 reçu le 24 mai dernier. ‘‘Je ne sais pas à qui il est adressé parce qu’il n’y a pas de destinataires. Il aurait pu être adressé à n’importe quel compatriote qui se serait trouvé par hasard dans nos locaux. Nous l’avons reçu tardivement. Ceux qui l’ont remis à notre administration ont dit qu’ils ne connaissaient pas l’adresse du siège de Rewmi.

C’est d’une extrême gravité. Cela veut dire que le président de la République, patron du ministre de l’Intérieur, ne connaît pas l’adresse des organisations privées légalement constituées au Sénégal sous sa juridiction. Ce niveau d’imprécision et d’impréparation est révélateur de ce que j’ai toujours dénoncé, c’est-à-dire l’incompétence de l’équipe actuelle’’, a lancé l’ancien maire de Thiès. S’il a salué l’initiative du président, Idrissa Seck estime qu’elle est ‘‘tardive’’, puisque l’Acte III de la décentralisation, le référendum du 20 mars, l’envoi de soldats en Arabie Saoudite étaient autant d’occasions de dialoguer.  ‘‘Je félicite Macky Sall. Comprendre, après quatre ans d’exercice du pouvoir, ses limites est un mérite’’, a-t-il lancé.

Conseil suprême République, Observatoire anti ‘‘wax waxeet’’

 Ce samedi, trois heures avant la réception des forces vives de la nation à la Salle des banquets du Palais par le Président Macky Sall (16 heures), le chef du parti Rewmi s’y est mis. Comme ‘pré-contributions’ à l’invitation qu’il a déclinée, l’opposant a suggéré au chef de l’Etat l’institution de deux cadres institutionnels : un Conseil supérieur de la République (CSR) et un Observatoire national des engagements politiques et des bonnes pratiques de gouvernance.

Pour le premier, ‘‘il (CSR) viendrait après le président de la République, celui de l’Assemblée nationale, le Premier ministre, le Cese dans l’agencement institutionnel’’, explique-t-il. Il devrait être composé des anciens chefs d’Etat, Premiers ministres, présidents Assemblée nationale, Chefs d’Etat-major général des armées, de cadres de la police, de la gendarmerie, des présidents des groupes parlementaires du pouvoir et de l’opposition, d’anciens présidents d’institutions internationales, des khalifes généraux des confréries, des syndicats. ‘‘S’il arrive que je remplace Macky Sall, il y aurait pour moi un temps d’adaptation pour lequel j’aurai besoin de ses conseils. Il pourrait m’éviter des erreurs et me recommander la bonne marche à suivre’’, a-t-il déclaré pour justifier l’édification de ce Conseil.

Le président du Conseil départemental de Thiès a même mentionné les missions dont serait doté ce CSR qui serait la définition de la liste des intérêts supérieurs de la nation, et leur classement en trois catégories : intérêts extrêmement vitaux, qui impliqueraient des actions militaires ; intérêts extrêmement importants où l’on utiliserait tout le dispositif des sanctions diplomatiques autorisées par les conventions internationales ; et des intérêts importants qui ne nécessitent pas l’utilisation des deux moyens de représailles précités.

Quant à l’Observatoire national des engagements politiques et des bonnes pratiques de gouvernance, il sera apparenté à un corps de contrôle de l’éthique politique. ‘‘On va prendre des personnalités respectables et respectées. On répertorie les promesses de campagnes de chaque candidat. S’il se dédit dans l’exercice de ses fonctions présidentielles, l’Observatoire va dénoncer. De cette manière, on mettra fin au ‘’wax waxeet’’. Je transmettrai par des canaux appropriés les noms auxquels je pense au Président Sall si l’idée l’agrée’’, a-t-il déclaré.

Omar Sarr exclu, Déthié Fall encensé

Alors qu’Idrissa Seck s’adressait à ses militants venus nombreux, une motion a été exigée par la fédération Rewmi de Mbacké durant laquelle le bureau politique a été transformé, séance tenante, en Assemblée générale extraordinaire. Aussi les 44 fédérations départementales sur les 45 présentes ont validé l’exclusion d’Oumar Sarr du parti Rewmi pour accointances avec le régime au pouvoir. Une annonce faite par le secrétaire chargé de l’animation politique, Yankhoba Diattara. ‘‘Cela me fait mal car c’est un grand compagnon que je perds.

J’aurais toléré qu’il continue d’exprimer son opinion même si c’est contraire aux intérêts de notre parti. Mais bon la page est tournée, on avance’’, s’est résigné Idrissa Seck. S’il a regretté Oumar Sarr, il s’est vite consolé avec le vice-président de son parti, Déthié Fall, envers qui il a été très élogieux. ‘‘Jeune’’, ‘‘intelligent polytechnicien’’, ‘‘capacité cérébrale’’, le leader de Rewmi a rarement été aussi généreux en témoignages pour un membre de son parti. Les dernières désertions de cadres ‘rewmistes’ sont-elles passées par là ? En tout cas, Idrissa Seck s’est félicité que les équipes de Déthié Fall aient réussi en 72 heures à convoquer l’ensemble des délégués sans aucun centime déboursé pour les communes. ‘‘Si Macky Sall veut un modèle, qu’il vienne s’inspirer de Déthié Fall et de son équipe’’, a-t-il conclu.

OUSMANE LAYE DIOP

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