Publié le 26 Apr 2019 - 23:37
DIFFICILES CONDITIONS DE TRAVAIL, ARRÊT PRÉVU DES CONTRATS DE PRESTATION…

Vers une paralysie de l’aéroport Blaise Diagne

 

L’Intersyndicale des travailleurs de la société Limakuyh-Aibd-Summa (Las), gestionnaire de l’aéroport international Blaise Diagne de Diass (Aibd), a fustigé, hier, la volonté de l’autorité aéroportuaire de mettre un terme aux contrats de certains travailleurs. Celle-ci a également mis le doigt sur les difficiles conditions de travail et menace de paralyser le fonctionnement de l’aéroport, s’il n’y a pas de solutions à leurs principales doléances.

 

D’ici le 30 juin, les contrats de certains travailleurs de la société Limakuyh-Aibd-Summa vont arriver à leur terme. Conséquences, des agents-prestataires risquent de quitter l’aéroport. Car, si l’on se fie aux déclarations des personnes morales de l’Intersyndicale des travailleurs, les auditions ont débuté au sein de l’administration. Celle-ci, pour sa part, se justifie et évoque d’ores et déjà des motifs économiques. Cependant, les travailleurs nient en bloc et soutiennent que Blaise Diagne baigne dans une santé financière capable de prendre en compte toutes les catégories socio-professionnelles.

Outre la fin des contrats de prestation, les travailleurs exposent leurs difficiles conditions de travail, les heures supplémentaires de travail de l’ordre de 12 heures. C’est pourquoi se disent-ils prêts à en découdre avec les responsables de la boîte, afin d’obtenir gain de cause. Mais, en attendant, ils entendent perturber, si rien n’est fait, le fonctionnement de l’aéroport international Blaise Diagne de Diass, à travers un mouvement d’humeur.

‘’Si des solutions à ces doléances ne sont pas trouvées, l’Intersyndicale va déposer un préavis de grève et compte paralyser tout le fonctionnement de l’aéroport’’, prévient Boubacar Sow, un des porte-paroles du jour de l’Intersyndicale des travailleurs de l’Aibd, lors de leur assemblée générale.

Revenant sur les soucis financiers qu’évoque l’administration de Las, le responsable de la sûreté indique que cet argument n’est que chimérique. ‘’Toutes les autorités, à l’image de l’ancien ministre des Transports aériens, Maïmouna Ndoye Seck, du directeur général de Las, Xavier Mary, et du directeur général de l’Aibd Sa, Abdoulaye Mbodj, ont exposé devant tous les Sénégalais la bonne santé financière de l’entreprise, avec un trafic qui a dépassé toutes les prévisions, après un an de gestion’’, rappelle Boubacar Sow. Avant d’ajouter que ce même trafic dont il est question ‘’est en constante progression avec +9,42 % (1er janvier à fin novembre 2018), soit un total de 2 154 190 passagers en 11 mois’’. Et pourtant, dit-il, le gestionnaire (Las) et l’État tablaient tout simplement sur un pourcentage de 4 %.

Poursuivant sa plaidoirie, le syndicaliste demande à l’État du Sénégal d’enclencher une dynamique de préservation de tous les emplois. D’après Boubacar Sow, il existe bel et bien ‘’d’autres canaux pour préserver et pérenniser en même temps les emplois de tous les travailleurs’’. Des travailleurs qui, selon lui, participent activement au développement de l’aéroport Blaise Diagne et à son rayonnement au plan international. ‘’Nous réclamons tout simplement le respect de nos droits tels qu’ils sont encadrés par la loi et le lien contractuel qui nous unit. Si les autorités de l’aéroport parviennent à faire leurs états financiers, c’est grâce aux vaillants travailleurs qui se battent corps et âme, jour et nuit pour le rayonnement de l’infrastructure aéroportuaire. Je demande à l’État de prendre toutes ses responsabilités par rapport à la situation’’, s’insurge-t-il.

Aussi, le syndicaliste invite-t-il le gouvernement à agir au plus vite, afin, dit-il, de trouver une solution rapide et définitive à leurs principales doléances. ‘’Dans le milieu aéronautique, lorsque les gens sont démotivés, lorsque les gens se sentent agressés psychologiquement, on le sent dans le travail’’, prévient-il devant ses collègues. Non sans rappeler que les Turcs doivent vider les lieux et les laisser travailler sereinement.  

PRECISIONS

La direction générale prête à dialoguer

Hier, dans la soirée, la Direction Générale de LAS a apporté quelques précisions, à la suite de l’AG de ses travailleurs qui s’est tenue un peu plus tôt. Dans un communiqué parvenu à EnQuête, elle souligne que, depuis l’ouverture de l’aéroport, LAS n’a procédé à aucun licenciement. ‘’Aujourd’hui ce qui est proposé est un accompagnement au départ volontaire avec des conditions très acceptables. D’ailleurs une trentaine d’employés a déjà saisi cette opportunité’’, dit-on. La direction précise que l’entreprise a démarré ses activités en reprenant presque la quasi-totalité des employés de l’aéroport Léopold Sédar Senghor.

De ce fait, explique la direction générale, ‘’LAS, qui a hérité d’un effectif avec des profils parfois inadaptés, travaille dans le cadre d’une politique RH bien réfléchie pour la reconversion de certains agents et un redéploiement qualitatif, et en finançant les formations quand c’est nécessaire’’. Le reste de l’effectif, ajoute-t-elle, est complété par d’anciens agents de SUMMA-LIMAK (sénégalais) qui ont eu à participer à la construction de cet aéroport donc maitrisant très bien le fonctionnement des équipements de nouvelles générations qui équipent cet aéroport.

De ce fait, le top management s’inscrit en faux, quand les syndicalistes parlent de mauvaises conditions de travail et des horaires difficiles. ‘’Il faut comprendre que le changement d’environnement, à savoir du secteur public au privé est à l’origine de frustrations d’une partie du personnel. Ce dernier était habitué à un environnement plus flexible en matière de temps de présence et d’obligation de rendement, choses qui sont incompatibles avec les objectifs d’une entreprise privée qui a des obligations de résultat tant sur la qualité de service, que sur la rentabilité. LAS est très attaché aux règles d’assiduité avec un système de pointage qui fonctionne de façon très stricte’’, souligne-t-on.

Néanmoins, la Direction générale de LAS se dit disposée à discuter avec les partenaires sociaux. ‘’Notre objectif est de maximiser toutes les compétences à notre disposition pour continuer de faire rayonner la plateforme aéroportuaire du Sénégal dans le secteur des transports aériens d’Afrique’’, conclut la note.

GAUSTIN DIATTA (THIES)

Section: