Publié le 17 Nov 2017 - 18:31
DIPLOMATIE CULTURELLE

Les vérités d’un ancien ambassadeur

 

Beaucoup de choses sont reprochées aux gouvernants actuels, au plan de la gestion diplomatique en général. Seulement, on parle très peu de diplomatie culturelle. Hier, l’ancien ministre des Affaires étrangères et ancien ambassadeur, Seydina Oumar Sy, a diagnostiqué ce secteur, au cours d’une conférence au musée Léopold Sédar Senghor de Dakar.

 

En 2017 encore, on ne peut parler de culture ou politique culturelle, sans parler du Président poète Léopold Sédar Senghor. Ses actions en faveur de ce secteur étaient encore au cœur des débats, hier lors d’une conférence qu’accueillait le musée portant d’ailleurs son nom. C’était à l’occasion du top départ du festival ‘’Teranga Jam’’. On a évoqué toute l’importance que le premier président de la République du Sénégal accordait à la culture. Ce qui n’est plus le cas depuis son départ. Car aujourd’hui, a constaté l’ancien ministre des Affaires étrangères et ex-ambassadeur Seydina Oumar Sy, ce qui permettait au Sénégal de vivre et de se faire connaître, grâce à ses us et coutumes, est laissé en rade. Il a cité l’école nationale des arts qui est devenue moribonde, selon lui, et regrette qu’il n’existe plus maintenant l’école nationale d’architecture.

‘’Les manufactures décoratives de Thiès suffisaient à elles seules à faire connaître le Sénégal, mais la structure est devenue moribonde, tout comme la compagnie du théâtre national Daniel Sorano’’, se plaint-il. Ce n’est pas tout : ‘’Si nous avions continué sur la lancée de Senghor, nous aurions pu avoir une industrie cinématographique. Je reste convaincu, comme le disait Senghor, que la culture est au début et à la fin de tout développement’’, a-t-il défendu. Malheureusement, les successeurs du Président poète n’ont pas eu la même conception des choses. Ils pensaient plus économie que culture et mettent plus l’accent sur la diplomatie économique. Alors que celle culturelle ‘’est un instrument efficace qui peut gommer les intérêts nationaux’’.

‘’Grâce à Nimzatt, les rapports entre le Sénégal et la Mauritanie se sont améliorés’’

Dans ce sens, il a rappelé que c’est grâce à Nimzatt qui a des caractéristiques cultuelles et culturelles que les rapports entre le Sénégal et la Mauritanie se sont améliorés. Egalement, les quelques nuages qui planaient sur les relations entre le Sénégal et le Mali ont été dissipés grâce au festival mondial des arts nègres (Fesman). M. Sy affirme que ‘’la diplomatie culturelle et celle économique ne sont pas incompatibles. Mais si on ne met pas la culture au début et à la fin des actions de développement, je suis sûr qu’on recevra beaucoup d’investisseurs chinois, turcs, etc. qui viendront et les bâtiments qu’ils construiront porteront leurs marques’’. Par conséquent, indique-t-il, la diplomatie culturelle ne doit pas être négligée.

Seulement, tout porte à croire que l’actuel Président est sur la même lancée que ses prédécesseurs. ‘’J’ai entendu le ministre de la Culture dire qu’on va partager 500 millions aux acteurs culturels. Mais ce n’est rien du tout cela, si on considère qu’ils sont dix mille, par exemple. Il vaut mieux apprendre aux gens à pêcher que de leur donner du poisson’’, suggère-t-il. Donc, il serait mieux de faire en sorte que la culture soit rentable et que les artistes puissent vivre de leur art que de leur donner des appuis annuels. ‘’La culture ne se gère pas comme les autres secteurs. Il faut être sur le terrain’’, selon le président de l’association des métiers de la musique (AMS), Daniel Gomez. Ce qui pourrait se faire avec des artistes et non avec des ‘’fonctionnaires’’, à l’en croire. Ce qui n’est pas le cas, aujourd’hui, et c’est ce qui expliquerait les manquements notés dans la bonne gestion de ce secteur.

Si ce n’était que cela ! D’après l’ancien ministre des Affaires étrangères, ‘’il n’y a pas de politique culturelle avec ces changements, tous les 2 ans’’. Une absence qui se sent jusque dans le Plan Sénégal émergent. ‘’Le PSE est bien, mais c’est un fourre-tout. Il faut qu’on donne à la culture sa place dans le PSE’’, propose Seydina Oumar Sy.    

BIGUE BOB

 

Section: