Publié le 6 Mar 2019 - 23:29
DISCOURS RASSEMBLEUR APRES SA REELECTION

Macky Sall amorce le dégel 

 

Après les tribulations d’un scrutin présidentiel vivement contesté par l’opposition, le président réélu a tenté de décrisper la situation, en appelant ‘‘toutes les forces vives de la nation’’ au dialogue.
 
 
18 h 11 à la salle des banquets de la présidence. Une standing-ovation aux applaudissements empruntés, mais réguliers, accueille le quatrième président de la République du Sénégal dont la réélection venait d’être confirmée, à 58,26 %, par le Conseil constitutionnel une heure plus tôt. Le local s’est trouvé exigu pour contenir toute la presse nationale et internationale, ainsi que tous les dignitaires de la coalition Bby. Macky Sall, qui a accusé plus d’une heure de retard, enchaine aussitôt avec une allocution que tout le monde attendait. 
 
Discours d’usage habituel ou forte conviction, la rhétorique habituellement ferme du président réélu a fait place à un ton plus conciliant et plus rassembleur.  ‘‘Le scrutin a consacré le triomphe du peuple sénégalais. A mes yeux, il n’y a eu ni vainqueur ni vaincu. A présent que la campagne électorale est définitivement terminée, je considère qu’il n’y a plus d’électeurs ou de camps marqués par des couleurs. Je vois un seul camp, celui du Sénégal (...) Je serai, par conséquent, le président de toutes les Sénégalaises et de tous les Sénégalais, parce que c’est la charge qui m’incombe, en vertu de la Constitution. Je sais que ce qui nous rassemble, notre volonté commune, notre commun vouloir de vie commune est assurément plus fort que ce qui nous sépare. La nation sénégalaise est forte, parce que des liens indéfectibles de parenté, d’amitié et de bon voisinage nous unissent. Voilà l’esprit dans lequel je continuerai d’être à votre écoute et à votre service’’, déclare le chef de l’Etat sénégalais. 
 
Macky tend la main à Abdou Diouf et Abdoulaye Wade
 
La situation post-électorale s’est crispée, quand les quatre leaders de l’opposition ont décidé de rejeter les résultats provisoires proclamés jeudi dernier et de ne pas faire recours devant le Conseil constitutionnel non plus, sans explicitement reconnaitre la victoire du candidat sortant. Toujours est-il que Macky Sall est dans les dispositions de dialoguer. Si l’opposition est naturellement incluse à de futures concertations, le président a choisi plutôt de mettre en exergue ses deux devanciers à ce poste. ‘‘Mon rôle est de nous rassembler autour des idéaux que nous partageons. C’est pourquoi je tends la main à toutes et à tous pour engager un dialogue ouvert et constructif dans l’intérêt supérieur de la nation. Je ferai des propositions dans ce sens, après ma prestation de serment, le 2 avril 2019. Je convie à ce dialogue républicain toutes les forces vives de la nation, sans exclusive. Dialogue auquel mes prédécesseurs, le président Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, pourraient apporter leurs contributions’’, déclare-t-il. 
 
Un appel dont la concrétisation n’est pas gagnée d’avance, vu la politique de la chaise vide adoptée systématiquement par l’opposition, bien avant les élections (parrainages) qu’elle continue de promouvoir avec le rejet des résultats. Habib Sy de la coalition Madické2019, bien que d’accord sur le principe du dialogue, a estimé, hier sur la Rfm, que la confiance minée entre acteurs politiques va être un grand blocage à un éventuel processus de dialogue.
 
Macky reconnait les ratés et défend la presse
 
Le président réélu semble également avoir décrypté le signal pour les 42 % de l’électorat l’ayant sanctionné négativement et promet une remise en cause de sa propre politique pour voir ce qui n’a pas marché. La bouderie de l’opposition, qui a quelque peu terni son sacre, ne semble pas l’avoir atteint.  ‘‘Le Sénégal est une démocratie majeure qu’on ne peut amocher. Il y a certes quelques points à revoir. On peut critiquer les modalités du parrainage, etc., mais il va falloir le faire dans le cadre d’un débat ouvert’’, s’est engagé Macky Sall qui est d’avis que les discussions doivent aussi tourner autour des thèmes comme le statut du chef de l’opposition ou la gestion des ressources naturelles. 
 
La relation des résultats des procès-verbaux et l’esquisse de tendances sur certains plateaux télé avaient mécontenté l’opposition, au point que ses deux leaders les plus influents du moment ont organisé une conférence de presse, le jour du scrutin, pour les dénoncer. Une situation d’autant plus tendue que la Commission nationale de recensement des votes (Cnrv) a mis plus de trois jours à rendre publics les résultats provisoires, renforçant un climat de tensions et de suspicions.  ‘‘Une démocratie, on l’améliore (...) Surtout pour la délivrance des résultats. Je félicite la presse qui est un élément de transparence et qui est plus rapide dans la délivrance des résultats. Les 2 à 3 jours avant la proclamation de résultats, on va revoir’’.
 
OUSMANE LAYE DIOP
 
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