Un peu plus d’un an, après son lancement, le rapport de diagnostic sur le dividende démographie a été rendu public hier. Selon l’étude menée par les statisticiens démographes du ministère de l’Economie, des Finances et du Plan (MEFP), le Sénégal peut booster sa croissance économique, s’il parvient, notamment à réduire son taux de fécondité.

Pour accélérer sa croissance économique, le Sénégal doit œuvrer pour une baisse rapide de son taux de fécondité du niveau actuel de 5 à 3 enfants en moyenne par femme. C’est ce qu’a révélé, hier à Dakar, le rapport sur le dividende démographique du pays, lors d’un atelier de validation dudit document organisé par le ministère de l’Economie, des Finances et du Plan. Cette étude vise, entre autres, à capturer le dividende démographique et explorer les options en matière de politiques et de programmes prioritaires que le Sénégal doit mettre en œuvre. Le dividende démographique (DD) est l’accélération de la croissance économique résultant du changement de la structure par âge de la population, suite à une baisse de la mortalité et de la fécondité.

Selon les données actuelles de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD), le Sénégal a une population jeune, avec près de 76% de ses habitants âgés de moins de 35 ans. D’où donc, la nécessité d’apporter des changements dans la structure de la population, pour accroître la productivité économique globale du pays. ‘’Lorsque la fécondité et la mortalité diminuent de façon significative, la structure par âge change en faveur de la population en âge de travailler. Ce changement peut accélérer la croissance économique, grâce à une productivité accrue de la population en âge de travailler, si l’économie génère suffisamment d’emplois décents’’, explique-t-on dans le rapport présenté par le Directeur général de la planification et des politiques économiques, Pierre Ndiaye.

Ainsi, le rapport montre que le dynamisme démographique du Sénégal et les possibilités économiques émergentes peuvent être transformées en un dividende démographique important, d’ici 2053, si le pays adopte l’approche intégrée pour les investissements. De quoi à rendre optimiste le ministre de l’Economie, des Finances et du plan (MEFP). ‘’Le Sénégal présente des conditions satisfaisantes pour la capture du dividende démographique’’, a fait savoir Amadou Ba. Car selon lui, le pays se situe dans la troisième phase de sa transition démographique. Une période, poursuit-il, caractérisée par une baisse de la fécondité et une poursuite de la baisse de la mortalité. Ceci a pour conséquence, dit le ministre, un ralentissement de la croissance démographique du Sénégal et une augmentation plus rapide de la population en âge de travailler par rapport à la population en charge.

En dépit d’importantes réalisations faites en faveur des jeunes, le MEFP est d’avis qu’il reste encore de défis à réaliser. ‘’Cette population à dominante jeune pose par conséquent et avec acuité des défis en termes d’éducation, de formation professionnelle, d’emploi et d’accès aux autres services de base. La rapide augmentation de la population fait que d’importantes ressources doivent être investies, chaque année, pour maintenir les acquis antérieurs’’, a-t-il reconnu.

‘’Les axes du PSE en phase avec la capture du DD’’

Pour sa part, Pierre Ndiaye pense que les objectifs du Plan Sénégal émergent (Pse) peuvent être atteints à travers les DD. ‘’La vision du Pse de voir le Sénégal devenir une économie émergente, d’ici 2035, peut être accélérée, si le pays adopte des politiques qui permettront d’exploiter le DD de façon maximale’’, a-t-il fait remarquer. Le Directeur général de la planification et des politiques économiques ajoute : ‘’Les axes du Pse sont en phase avec les cinq principaux piliers sectoriels essentiels pour l’exploitation du DD’’. Cependant, pour permettre d’engranger ce dividende, souligne le rapport en guise de recommandations, le changement dans la struture de la population doit être accompagné par des investissements durables dans l’éducation, le développement des compétences, la santé, la création d’emplois et la bonne gouvernance. ‘’Le dividende démographique n’est ni automatique ni garanti, même pour les pays dont la baisse de la fécondité est notoire’’, rappellent les statisticiens démographes du MEFP.    

MAMADOU DIALLO