Publié le 25 Oct 2018 - 20:24
DOCTEUR ALIOU NIANG, PNEUMOLOGUE A L’HOPITAL DE FAN :

‘’Ces manifestations peuvent altérer la qualité de la fonction respiratoire’’

 

Il est très difficile, ces deux derniers jours, de bien respirer.  La qualité de l’air est très mauvaise. Selon les pneumologues, cette situation a un impact sanitaire certain. Ils demandent à la population d’éviter de sortir, surtout les personnes qui ont des problèmes respiratoires, à défaut du port de masques filtrants.

 

Ça se sent ! Ça se respire. La poussière titille les narines, dans une capitale au ciel gris. L’indice est au rouge. La qualité de l’air est mauvaise. Au point que le chef du Service de pneumologie de l’hôpital de Fann, Professeur Nafissatou Oumar Touré, tire la sonnette d’alarme. Dans un communiqué, elle attire l’attention des populations sur les concentrations de particules qui atteignent 900 microgrammes par m3. Par conséquent, elle demande à tous de respecter les recommandations sanitaires. Sur lesquelles, le pneumologue dudit service, docteur Aliou Niang, joint par ‘’EnQuête’’, revient largement.

D’abord, il souligne que cette mauvaise qualité de l’air est quelque chose d’environnemental, de climatique. Ce sont des courants d’air venant du Sahara, poursuit-il, qui ont amené ce nuage de poussière. C’est sur toute l’étendue du territoire, mais plus particulièrement à Dakar que ça se fait le plus sentir, avec la conjugaison de l’atmosphère qui était déjà là. Sur le plan sanitaire, explique le pneumologue, il y a un impact certain, plus particulièrement au niveau respiratoire. ‘’Quand je dis respiratoire, c’est depuis les narines jusqu’au niveau des alvéoles pulmonaires. C’est pourquoi vous allez voir, à court terme, avec l’accumulation, le dépôt des particules lourdes dans les voies aériennes, des manifestations d’irritation et d’inflammation des voies aériennes qui se manifestent par des bronchites, des trachéides, des rhinites. Les gens vont avoir tout cela’’, explique Dr Niang.

Chez les personnes prédisposées, ajoute le médecin, il va y avoir une exacerbation d’asthme. Les asthmatiques vont voir leur asthme réveillé. ‘’Les personnes qui présentent une insuffisance respiratoire telles que les bronchitiques chroniques, ceux qui ont fumé pendant longtemps et qui ont eu des problèmes pulmonaires vont avoir des exacerbations. On peut avoir des manifestations allergiques respiratoires. Ce sont des manifestations qui peuvent altérer la qualité de la fonction respiratoire. Cela se manifeste chez nous par une fréquence des consultations au niveau des services de pneumologie’’, soutient-il.

‘’La pratique du sport en cette période est déconseillée’’

Pour le médecin, la meilleure protection, c’est le port des masques filtrants. ‘’Il y a des masques FFp2 qui permettent de limiter l’absorption de ces particules’’, conseille Dr Niang.  Mais à défaut ce qu’il faut faire, c’est éviter de sortir, en tout cas pour ceux qui présentent des difficultés respiratoires.  La pratique du sport, en cette période, dit-il, est vraiment contre-indiquée. ‘’Parce que si vous faites du sport, vous allez augmenter le volume respiratoire. Il y aura accumulation de beaucoup de poussière et il faudra procéder à une bonne hydratation. Il faut également boire beaucoup d’eau. Le médecin recommande aussi de tousser pour dégager les voies respiratoires. C’est-à-dire quand quelqu’un respire cette poussière et qu’il tousse, il ne faut pas qu’il prenne des médicaments pour arrêter la toux. Il faut une bonne hydratation, c’est ce qui va permettre de sortir les particules qui sont au niveau de la bronchite’’, recommande le pneumologue.

Pour ceux qui présentent des maladies respiratoires et qui sont sous traitement, il recommande de mieux respecter les médicaments qui leur sont prescrits et d’aller se faire consulter, quand il y a une exacerbation.

Enfants et personnes âgées vulnérables

Les enfants et les personnes âgées sont les plus exposés à cette mauvaise qualité de l’air. Cela s’explique, d’après le médecin, du fait que ce sont les âges extrêmes. C’est-à-dire que pour les enfants, l’appareil respiratoire est immature. Pour les personnes âgées, c’est parce qu’il y a parfois un passé respiratoire, avec le vieillissement de l’arbre respiratoire, le système d’épuration est dérèglé. ‘’Ce qui fait qu’ils sont les plus exposés, les plus fragiles, mais cela touche tout le monde’’, précise-t-il.  

A l’en croire, les conséquences de cette situation dépendent des degrés d’exposition, de la nature des particules, mais aussi du terrain de celui qui est exposé. ‘'Quelqu’un qui a une insuffisance respiratoire en phase terminale, qui est exposé à ces particules, c’est sûr que son pronostic vital peut être engagé. Mais la plupart du temps, c’est bénin. C’est juste une exacerbation, si on consulte et que la prise en charge est correcte, on peut s’en sortir’’, rassure Dr Niang.

VIVIANE DIATTA

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