Publié le 2 Aug 2018 - 16:46
DOCTEUR MAHMADANE LO SUR LA REGLEMENTATION DES DEPÔTS ILLICITES A TOUBA

‘’L’Etat a une peur injustifiée’’

 

Dans la commune de Touba, la vente de médicaments contrefaits est banalisée. Les dépôts illégaux sont placés partout, au vu et au su de tous, jusque devant les façades des districts. Une situation qui affaiblit les vrais pharmaciens.

 

On a l’impression d’être dans un marché de médicaments. Des dépôts illicites, en veux-tu ? En voilà ! A Touba, les patients s’approvisionnent sans inquiétude. Ils sont très à l’aise. Tout au long de la façade principale du district de Darou Khoudoss, il y a des dépôts illégaux de pharmacie. Alors que la réglementation ne le permet pas. Selon docteur Mahmadane Lô, l’Etat a du mal à faire respecter cette règlementation à Touba.

Parce qu’à son avis, il y a une peur injustifiée. ‘’Parfois, ils ont peur de venir à Touba pour faire des actions, alors que c’est injustifié. Touba fait partie du territoire national et cette vente, c’est un fléau’’, peste-t-il.  Pour lui, il faut aussi des plaidoyers auprès des chefs religieux, parce que tant qu’ils ne seront pas impliqués dans la lutte, il sera difficile de régler ce problème. Avant de lancer également un appel à tous les agents de santé de durcir le combat. Car, souligne le pharmacien chef de la pharmacie régionale d’approvisionnement (Pra) de Diourbel, cela y va de leur crédibilité. Parce que s’ils soignent les patients avec ces faux médicaments, c’est grave.

Pour Abo Kandji, dépositaire de la pharmacie du district sanitaire de Darou Khoudoss, ces dépôts sont des boutiques, car ils ont des transferts d’argent et tout. ‘’Les points de prestation de services des médicaments de la Pna sont moins chers. Mais les populations s’entêtent à aller dans ces dépôts de médicaments. Parce là-bas, si vous n’avez pas d’argent, ils peuvent vous le donner et après vous remboursez. Il est difficile d’en parler parce qu’ici, il y a des sites où les marabouts ont interdit d’ouvrir des pharmacies. L’Etat a tout fait pour éradiquer ce problème, mais il n’y parvient pas.’’ Selon lui, la réalité est tout autre à Touba, car ce sont les marabouts qui gèrent tout. ‘’Dans cette ville, l’Etat ne peut pas lutter contre ce fléau. La population n’a pas la coutume d’aller dans les pharmacies. Ce qu’elle veut, c’est d’aller s’approvisionner dans les dépôts. Elle n’est pas assez sensibilisée et n’est pas consciente d’aller chercher les médicaments là où ils doivent être’’, explique-t-il.

Pour le président du comité de santé, Mbaye Diouf, du district de Darou Marnane, les autorités sanitaires doivent sensibiliser les populations sur les méfaits de ces médicaments. D’autant plus que leur vente a commencé depuis 1963. Donc, au sein de la population, on croit que si ces produits pharmaceutiques sont toujours vendus, c’est parce que cela ne doit pas être mauvais. En plus, les médicaments sont vendus sur ordonnances prescrites par des médecins.

De son côté, le médecin-chef du poste de santé de Darou Marnane, docteur Mbacké Sylla, souligne que dans les dépôts, beaucoup de choses sont ignorées, surtout la provenance, la qualité et la conservation de ces médicaments. ‘’Dans le district, nous privilégions l'utilisation des médicaments génériques qui sont beaucoup moins chers. Ils sont de qualité. Les médicaments spécialisés sont du ressort du public. Mais le manque de moyens pose souvent problème et dans les dépôts, ils ont la possibilité d'avoir des médicaments à crédit. Le contexte de Touba est assez particulier, avec toute la sensibilisation faite. Les dépôts ouverts devant les postes et centres de santé, ce n'est pas légal, même si nous n'avons pas la prérogative de leur demander de fermer boutique’’, a précisé docteur Sylla.

VIVIANE DIATTA

 

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