Publié le 21 Aug 2018 - 02:17
DR BEROUBA GUISSE, SECRETAIRE POLITIQUE NATIONAL DU GP

‘’L’histoire nous a donné raison sur Moustapha Niasse’’

 

Secrétaire politique national du Grand parti, Dr Bérouba Guissé profite de cet entretien avec ‘’EnQuête’’ pour solder d’abord ses comptes avec son ex-mentor : Moustapha Niasse. Avant de revenir sur l’implantation et le positionnement de leur formation politique, le Grand parti, sur l’échiquier politique national et sur son offre programmatique.

 

Le Gp a fêté, ce 17 août, ses trois ans d’existence. Quel bilan tirez-vous de son positionnement dans le landerneau politique sénégalais ?

C’est avec une grande humilité et une grande fierté que nous avons célébré nos trois ans d’existence. Cela n’a pas du tout été une tâche facile. Mais nous avons pu, avec l’engagement de tous les militants, positionner le parti dans le paysage politique sénégalais. En trois ans, le Gp est devenu un parti qui compte et avec qui il faut compter. Grâce à la vision de notre leader et à son leadership, il joue les premiers rôles.

Nous avons dirigé presque toutes les grandes coalitions de l’opposition (Mankoo Taxawu Senegaal, Mankoo Wattu Senegaal, etc.) depuis 2015 jusqu’en 2017. Pourtant, ces coalitions étaient composées de grands partis beaucoup plus anciens que le Gp. Si tout cela a été possible, c’est parce que, dès notre naissance, nous nous sommes inscrits dans une stratégie de propositions et non d’invectives et d’insultes. Nous ne descendons jamais dans les caniveaux de la politique. Les Sénégalais veulent entendre un autre son de cloche et c’est ce que le Grand parti leur propose. C’est pourquoi, en 3 ans, nous avons vendu plus de 200 000 cartes d’adhérent à travers les 14 régions du pays. Nous sommes implantés au niveau national et international. Nous sommes, aujourd’hui, le parti qui a présenté publiquement un programme (Pass) de gouvernance qui est cité par tous les analystes politiques, en comparaison au Pse. Donc, le bilan est plus que positif.

Où en êtes-vous, aujourd’hui, avec son implantation au plan national et international ?

Le Grand parti est une formation déjà structurée à la base. Dans chaque département du pays, nous avons un coordonnateur, un responsable des femmes, des jeunes, des jeunesses féminines et des séniors ou sages. Nous avons une convention nationale des cadres, des jeunes, des étudiants, des enseignants et des femmes. Notre Secrétariat exécutif national se réunit chaque semaine. Au niveau international, nous avons des coordonnateurs dans les grands pays où il y a une forte diaspora (France, Italie, Espagne, Usa, Côte d’Ivoire et même en Afrique du Sud, etc.).

Donc, c’est un parti qui ne sort pas du néant. Nous avons largement profité de l’expérience de l’Afp, notre ancienne formation qui était déjà bien implantée grâce au travail que nous-mêmes avions abattu durant 16 ans et à travers trois élections présidentielles (2000, 2007 et 2012). Presque tous les responsables départementaux de l’Afp ainsi qu’une bonne partie des cadres et surtout tous les responsables jeunes et filles ont rejoint le Gp à sa naissance. Tout le monde savait que nous avions raison sur Moustapha Niasse par rapport à l’orientation qu’il fallait donner au parti. Aujourd’hui, l’histoire nous a donné raison et ce sera encore plus visible en 2019. Nous en profitons pour rendre hommage à la maman du parti, Mme Maty Sy Diallo, qui a osé faire le bon choix depuis le début, alors que, à son âge, elle pouvait choisir les privilèges.

Où en êtes-vous dans sa massification ?

Aujourd’hui, il n’y a pas un village au Sénégal où vous ne trouverez pas un responsable du parti. Le Grand parti surprendra beaucoup de monde en 2019. Nous avons beaucoup travaillé pour sa massification. Le parti vit intensivement à la base. Entre 2015, 2016 et 2017, le président Malick Gakou a fait toutes les régions et presque tous les départements du pays. Aujourd’hui, en 2018, nous avons entamé la deuxième phase de nos tournées qui cible les communes et certains villages. Notre parti se massifie rapidement, car nous avons un leader facile à vendre. Ceci nous aide beaucoup dans la massification du parti.

Justement, en parlant de votre leader, comment voyez-vous son positionnement sur l’échiquier politique et au sein de l’opposition ?

Vous ne pouvez pas citer actuellement trois hommes politiques importants dans le landerneau politique sénégalais, qui incarnent réellement l’espoir en 2019, sans citer le Dr Malick Gakou. Cela montre déjà sa position sur l’échiquier politique et au sein de l’opposition. Il a la confiance de ses pairs et il fait partie des rares leaders capables, aujourd’hui, de réunir l’opposition autour de questions essentielles sans qu’il n’y ait de réticences liées à des problèmes de positionnement. Il a les mains propres et c’est pourquoi il est respecté par les jeunes leaders politiques les plus en vue actuellement. Tout cela se verra réellement lorsque la coalition qui portera sa candidature sera révélée au grand jour.

Pensez-vous qu’il puisse faire le poids face à Macky Sall ?

Tout ce que je sais, c’est que Macky Sall sera battu en 2019. Parce qu’à l’unanimité, les Sénégalais ne veulent plus poursuivre la mauvaise expérience qu’ils ont eue avec lui. Maintenant, il y a un problème de choix pour le remplacer. Autant on est unanime à ne plus vouloir de Macky Sall, autant aucun opposant actuel ne fait l’unanimité autour de sa personne. C’est pourquoi ces élections seront très particulières. Dans des situations pareilles, il faut toujours s’attendre à des surprises. Si les élections se déroulent normalement et si on met en échec toutes les tentatives de vol que le régime en place essaye de mettre en œuvre, notre candidat sera au second tour avec une forte coalition d’hommes et de femmes patriotes et déterminés à mettre un terme aux errements de Macky Sall.

Votre parti n’a que trois ans d’existence. Etes-vous prêts pour engager la bataille de 2019 ?

Nous sommes prêts parce que notre candidat a le meilleur profil de sa génération. Nous sommes prêts parce que nous avons la meilleure offre politique, le Pass. Nous avons un parti politique très largement implanté au fin fond du Sénégal, en 3 ans d’existence. Nous avons des cadres déterminés à payer la caution. D’ailleurs, nous avons mis en place une organisation stratégique de gestion du parrainage à travers un réseau national et international dont les simulations ont déjà démarré depuis juillet. En vérité, les Sénégalais ne s’auront réellement qui est prêt ou qui ne l’est pas que lorsque le parrainage sera terminé et quand les véritables candidats seront déclarés par le Conseil constitutionnel.

La caution pour la présidentielle de 2019 sera probablement fixée à 30 millions. Les frais pour la campagne seront aussi exorbitants. Comment comptez-vous financer tout cela ?

Déjà, en mars, les cadres du parti avaient rassemblé 42 millions pour la caution du candidat Malick Gakou. Si elle est fixée à 30 millions, c’est encore mieux. Maintenant, le financement d’une campagne présidentielle, c’est autre chose. Comprenez que ce n’est pas ici que nous allons dévoiler nos stratégies de financement. Ce qui nous importe, aujourd’hui, c’est de déjouer tous les pièges du parrainage pour ne pas être en reste. Lorsque notre candidat passera le parrainage, nous mènerons une campagne que les Sénégalais n’auront jamais vue.

La loi sur le parrainage a été très décriée par l’opposition. Comment comptez-vous surmonter cet obstacle ?

Notre objectif, c’est d’avoir entre 250 000 et 300 000 parrains. Le parrainage est un piège mortel. Nous avions compris ça. Nous nous sommes battus sur tous les plans. Notre leader a été le premier à être arrêté. Nos députés ont été les premiers à monter au créneau pour dénoncer cette forfaiture. Malheureusement, les Sénégalais ne l’ont compris que tardivement. Ils ont fini par comprendre que tout est fait pour rendre la mission impossible aux candidats de l’opposition et, en même temps, faciliter à Macky Sall son parrainage en utilisant les moyens de l’Etat.

Le parrainage est devenu une loi et même si ça ne nous plait pas, nous devrons nous y conformer. C’est pourquoi nous avons commencé à recenser nos potentiels parrains, depuis début juillet. L’identification de nos grands parrains est en cours depuis début août au niveau national et international. Normalement, en fin septembre ou mi-octobre, on aura déjà bouclé notre dossier de parrainage. Une commission nationale chargée du parrainage a été déjà mise en place sous la direction de Mata Sy Diallo, épaulée par moi-même et d’autres cadres et spécialistes en la matière. Tout est fin prêt pour surmonter tous les obstacles. Macky saura bientôt que le parrainage est un couteau à double tranchant.

Vous faites partie des cadres qui ont été exclus de l’Afp. Nourrissez-vous aujourd’hui des regrets ?

La page Afp est derrière nous. Nous n’avons aucun regret. La coquille vide qu’est devenue l’Afp montre que nous avions raison. Niasse voulait juste nous vendre pour assurer son fauteuil à l’Assemblée. Ceux qui sont restés l’ont compris tardivement et nous ont rejoints actuellement. C’est pourquoi la force du Gp est la force réelle de l’Afp à laquelle de nouvelles forces se sont greffées. Le leadership du président Malick Gakou a fini par faire le reste. Le Gp est devenu plus fort que l’Afp en 2000. 

Votre ancienne formation politique, l’Afp, tout comme les autres partis comme le Ps, la Ld ou encore le Pit, a décidé de porter la candidature du président Macky Sall en 2019. Quelle appréciation faites-vous de cela ?

Nous n’avons aucune appréciation sur les décisions de partis souverains. Je constate juste que Macky est quand même parvenu à casser tous ces partis avant de les absorber. Ils sont tous à sa merci. J’ai l’impression qu’ils le savent, mais n’ont plus de choix. Politiquement, ils sont tous morts. Et c’est ce que nous avions refusé. C’est ce que Khalifa Sall et compagnie ont refusé et c’est ce que la Ld/Debout refuse. Toutes ces forces de refus finiront par mutualiser leurs potentiels pour en finir avec Macky Sall. Nous n’avons pas le choix.

Quelle appréciation faites-vous de la situation nationale du pays ?

Le Pse inverse le sens des priorités. C’est pourquoi ça n’a provoqué que des grèves cycliques, un surendettement du pays, un mal vivre qui se généralise, des étudiants qui sont tués, des écoles privées et des hôpitaux endettés. Il a provoqué une malgouvernance profonde érigée en méthode de travail avec les récoltes des paysans qui cherchent preneurs, des enseignants qui sont matés pour avoir exigé de Macky Sall de tenir ses promesses réalistes et réalisables, les pécheurs qui sont fusillés en Mauritanie, le vol du bétail qui est devenu endémique dans certaines localités comme mon Djoloff natal, les manifestations journalières de villageois réclamant des routes, de l’électricité ou de l’eau. Pendant ce temps, le Pse privilégie les grands projets aussi inutiles que chers. Les milliards gaspillés dans le Ter, le Cicad, le Building, Ila Touba et j’en passe, ainsi que les différents scandales pétroliers et gaziers ont fini par rendre les Sénégalais irritables et prêts à en découdre avec le régime en place. Tout cet argent aurait pu régler le problème des enseignants, acheter les récoltes des paysans, payer la dette intérieure du pays, construire des routes, électrifier plus de villages, donner plus d’eau courante aux populations, payer les dettes dues aux hôpitaux par la Cmu.

A la place du Pse, vous proposez le Pass. Quels sont les axes prioritaires de ce programme ?

Le candidat Malick Gakou entend nouer avec le peuple sénégalais un pacte social que je traduis par ‘’le Sénégalais d’abord’’. Ce pacte sera bâti autour de réformes en profondeur et de transformations audacieuses, fondées sur la persévérance dans l’effort, l’amélioration en continue et la préférence nationale. Le Projet alternatif Suxali Sénégal (Pass) fait du ‘’Sénégalais d’abord’’ une priorité absolue. Le candidat Malick Gakou propose, une fois élu, d’augmenter la bourse des étudiants à 50 000 F Cfa. Tout de suite, nos adversaires nous ont taxés de démagogues. Entre-temps, les étudiants sont sortis dans la rue, Fallou Sène a été tué, Macky augmente les bourses à 40 000 F sans aucune préparation. Cela signifie qu’il le pouvait, mais que, pour lui, ce n’était pas une priorité. C’est ce qui différentie Gakou de Macky. Si nous disons le ‘’Sénégalais d’abord’’, c’est que nous voulons remettre les préoccupations des Sénégalais au cœur des priorités politiques. Nous avons proposé, dans le Pass, d’accompagner le Sénégalais du berceau à la retraite.

La prime de naissance de 25 000 F Cfa est réaliste et permettra aussi de régler le problème des actes de naissance. La Cmu sera évaluée, réformée et étendue jusqu’aux enfants de 12 ans. Le revenu minimum citoyen de 120 000 F Cfa par an permettra aux jeunes entre 18 et 30 ans de démarrer une initiative. Certains vont peut-être échouer, mais d’autres réussiront quelque chose. Des structures d’encadrement les accompagneront. La bourse familiale ne sera pas supprimée, mais sera augmentée substantiellement, après évaluation, et sera mieux ciblée. La banque des femmes que nous proposons avec, dans chaque département, une structure de gestion allégée et efficace pour accompagner toutes les initiatives, surtout celles en rapport avec la valorisation de nos ressources naturelles. L’augmentation du revenu minimum pour les travailleurs comme pour les retraités doit être une priorité. Tout est une question de priorité politique.

PAR ASSANE MBAYE

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