Publié le 1 Jan 2019 - 06:33
DR MOR DIA, DIRECTEUR DES ETABLISSEMENTS DE SANTE

‘’Les points de blocage se trouvent au niveau de la Primature’’ 

 

Avec la radicalisation du mouvement And Gueusseum qui est à son 17e plan d’action, le directeur des Etablissements de santé expose la situation qui prévaut dans les hôpitaux et les points de blocage dans la négociation entre le gouvernement et le syndicat.

 

Quelle est la situation dans les structures sanitaires ?

Au niveau des hôpitaux du Sénégal, il y a une activité presque normale dans tous les services. Ce sont les médecins qui font l’acte médical, en ce qui concerne les consultations et les actes chirurgicaux. Cependant, nous avons un ralentissement de quelques services d’aide au diagnostic où nous avons des techniciens supérieurs comme les services de laboratoire, de radiologie et quelques services du bloc opératoire, parce qu’il y a quelques personnels anesthésistes qui sont en mouvement de grève. Mais, globalement, le mouvement est maitrisé au niveau des hôpitaux et nous avons une activité normale au plan hospitalier.

Quels sont les points de blocage dans la négociation ?

Entre le gouvernement du Sénégal et les syndicats, tous les points ont été satisfaits, sauf l’indemnité de représentation paramédicale que réclame le syndicat et la retraite à 65 ans pour le personnel paramédical. Ce dossier était géré au niveau de la Primature et le Premier ministre avait inclus ces points dans la résolution globale du régime indemnitaire de la Fonction publique. C’est un processus qui est entamé et nous espérons qu’il va bientôt être achevé pour que les principales revendications soient prises en charge.

And Gueusseum entame son 17e plan d’action. Pourquoi toute cette lenteur dans la prise en charge du dossier ?

Je ne peux juger de lenteur, parce que c’est au niveau supérieur. En ce qui concerne le ministère de la Santé et de l’Action sociale, nous avons réglé tous les problèmes que nous avons directement en rapport avec ce syndicat.  Les points de blocage se trouvent au niveau de la Primature.

En effet, le problème du régime indemnitaire est au plus haut niveau, c’est-à-dire à la primature. Je pense qu’il vaut mieux voir à ce niveau quel est le suivi réel de ce dossier.

Que compte faire le ministère face à la radicalisation du syndicat pour minimiser les impacts négatifs du mouvement ?

Par rapport à la radicalisation, nous continuons la négociation. Les portes du ministère n’ont jamais été fermées pour les syndicats. Je pense que nous sommes tous issus de la même famille, la famille de la santé, et nous avons intérêt à nous retrouver pour poursuivre les négociations et essayer de trouver une solution heureuse à cette grève qui, quoi que l’on dise, à un impact négatif dans le domaine de la santé, actuellement. Le ministre de la Santé est en train de faire beaucoup d’efforts pour que le dossier puisse avancer et que nous puissions nous retrouver autour d’une table pour dépasser cette phase. Nous allons continuer le processus de la négociation.

L’Etat est en train de mener une campagne de distribution de médicaments de masse. Des rumeurs soutiennent que ces médicaments ont des conséquences négatives sur la santé des enfants (diarrhées, handicaps). Qu’en est-il exactement ?

Actuellement, le Sénégal est engagé dans ses phases d’élimination des maladies tropicales négligées. Cette année, nous sommes à notre 4e campagne et il nous faudrait cinq campagnes pour essayer d’éliminer ces maladies.

En effet, les maladies tropicales négligées sont des maladies infectieuses d’origine parasitaire, transmissibles et qui sévissent dans le milieu tropical. L’Oms a identifié les maladies, mais au Sénégal, il y a dix maladies tropicales négligées qui sont prioritaires, subdivisées en deux groupes. Le premier groupe est composé des maladies tropicales négligées à chimiothérapie préventive et le second les maladies tropicales négligées prises en charge cas par cas. Pour lutter contre ces maladies, l’Oms recommande l’organisation de campagnes de distribution de médicaments de masse. Et depuis maintenant 4 à 5 ans, le Sénégal est en train de participer à ces campagnes qui consistent à lutter contre ces maladies.  Cette année, sur les 14 régions, 11 ont été concernées. La campagne va se dérouler dans toutes les régions du Sénégal, sauf Dakar, Sédhiou et Matam. La campagne consiste à administrer chez les enfants de 5 à 14 ans des médicaments. Elle est organisée par les districts sanitaires, en collaboration avec les enseignants et les ‘’Serigne Daara’’, tout simplement parce que la majeure partie de la cible est composée d’enfants en âge de scolarisation.

Nous avons un support extrêmement important de partenaires financiers. Nous avons fait des engagements et nous devons assumer ces campagnes.  Les années passées, il y a trois ans, ce sont les mêmes personnes qui véhiculent aujourd’hui ces rumeurs qui étaient au-devant pour la dispensation de ces médicaments. Un médicament ne peut être bon l’année passée et mauvais cette année. C’est dommage, parce que ce sont de fausses rumeurs qui impactent négativement sur la santé de nos populations. Aucun syndicat ne peut faire valoir de mettre en péril les grands problèmes de santé. Nous devons protéger la population et nous n’avons pas le droit de véhiculer de fausses rumeurs. Je pense que c’est extrêmement important que les Sénégalais soient davantage conscients de ces mesures que l’Etat est en train de prendre pour combattre toutes ces pathologies qui ont des impacts extrêmement négatifs pour les populations.

La dispensation de ces médicaments est-elle faite par un personnel qualifié ?

La distribution de ces médicaments ne nécessite pas un personnel de la santé. Nous avons l’habitude de travailler au niveau communautaire pour faire parfois des campagnes de supplémentation de vitamine A, de médicaments. Ce sont des médicaments qui sont produits et supervisés par un personnel technique. Les dispensations ne nécessitent pas donc que la personne soit un infirmier ou médecin pour le faire. Ce sont des actes de santé publique qui ont été largement prouvés dans beaucoup de pays y compris le Sénégal. Et ça fait plus de 20 ans que nous travaillons avec les relais communautaires que nous avons formés, de même que les enseignants nous appuient pour la campagne.

Abba BA

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