Publié le 18 Jul 2017 - 19:59
DRAME AU STADE DEMBA DIOP

Les supporters indexent et accusent

 

Deux jours après les violences qui ont emporté huit des leurs, les esprits sont encore marqués chez les Mbourois. La finale de Coupe de la Ligue contre l’Us Ouakam (Uso), qui devait être une belle fête, s’est finalement transformée en ‘’samedi noir’’. Une ‘’infamie’’ gravée à jamais dans les esprits. ‘’Qu’on se dise la vérité, ce n’était plus un match mais une séance de meurtres et d’agressions. La preuve, le groupe électrogène qu’on a loué a été volé. Pis, le matériel de sonorisation, d’une valeur de trois millions, a été caillassé et vandalisé. Les 50 tambours n’ont pas été aussi épargnés’’, raconte le président des supporters du Stade de Mbour. Alassane Ndiaye ajoute : ‘’Si les autorités parlent d’affrontement, c’est qu’ils n’ont rien compris. Il n’y avait pas d’affrontement, mais une attaque et un acte de barbarie’’.

Tout Mbour est en état de choc. ‘’Je le vis très mal, c’est un moment très douloureux. S’ils ne veulent pas être définitivement rejetés par les passionnés de foot, l’histoire du football, les Ouakamois vont devoir changer. Accepter les règles du football, tenir compte de l’autre et connaître ce que le terme fair-play veut réellement dire’’, analyse Aminata, professeur de français.

Hier matin, les supporters ont fait le pied de grue à leurs Grand-Place. Ils ont avancé plusieurs théories. Et une multitude de questions restent toujours en suspens, notamment la manière dont les armes et les pierres sont entrées au stade. ‘’C’est une surprise et une désolation pour nous. Nous n’étions pas partis pour ça. C’était plutôt pour jouer, gagner, fêter et jubiler. On voyait des gourdins, des couteaux, des pagaies, entre autres. Avant même les incidents, tout le monde a vu le joueur de Ouakam pagayant au milieu du terrain. Ça n’a choqué personne. Et nous avons été tous consternés par la suite des évènements’’, soutient Alassane Ndiaye. La ligue, ainsi que les responsables de l’Uso portent une lourde responsabilité dans la tournure des événements, selon le supporter. Ils ont montré une faible capacité organisationnelle. ‘’Nos supporters ont été minutieusement fouillés. On nous a pris nos allumettes,  briquets et même cigarettes. Alors, comment des armes peuvent-elles entrer dans le stade ?’’, s’interroge-t-il.  En tout cas, le sujet fait polémique à Mbour et la population réclame justice. ‘’Il faut identifier et punir les coupables. Cela ne peut pas être impunie.’’, réclame Aminata.

‘’Sanction légère’’ contre Ouakam

La Fédération sénégalaise de football (FSF) a prononcée ‘’une suspension à durée indéterminée’’ contre l’Us Ouakam. Ce que certains Mbourois ne comprennent pas. Là aussi, la nouvelle ne passe pas sans commentaire. Pour ce chauffeur de taxi clando, la mesure est trop facile. ‘’La durée indéterminée… Donc d’ici à un mois, un an ou quelques années, la sanction peut être levée. Et la suite, tout le monde le sait, ils vont recommencer’’, explique-il.

Moustapha Fall abonde dans le même sens et estime que ‘’la sanction est un peu légère par rapport aux dégâts qui se sont produits’’.’’ Ce n’est pas la première fois que cela se passe. Donc, si la sanction est levée un jour, les supporters peuvent récidiver. Il fallait les sanctionner à vie, les radier du monde sportif. Cette équipe ne pourra plus mettre les pieds à Mbour. Car si cela arrive un jour, ça peut entraîner une vengeance de la part des supporters meurtris’’, dit-il. 

KHADY NDOYE (MBOUR)

 

Section: