Publié le 27 Sep 2018 - 23:07
DRAME DU BATEAU ‘’LE JOOLA’’

Les bonnes leçons pas du tout tirées, selon Ousmane Sonko

 

Si le 16e anniversaire du naufrage du bateau ‘’Le Joola’’, célébré hier, a été une occasion pour Ousmane Sonko de rendre un vibrant hommage à deux de ses promotionnaires de l’Ecole nationale d’administration, il a surtout été, pour lui, un moment d’interpeller chacun des citoyens sur les véritables leçons qui devraient être tirées de ce drame.

 

C’est un témoignage poignant qu’Ousmane Sonko a tenu à rendre hier à deux de ses promotionnaires nigériens de l’Ecole nationale d’administration (Ena) qui ont péri dans le naufrage du bateau ‘’Le Joola’’. Idriss et Ilyas, selon le leader des Patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), étaient au Sénégal pour les besoins d’une formation de magistrat au Centre de formation judiciaire. ‘’Nous avions tout de suite sympathisé, des personnes courtoises, polies, pieuses avec lesquelles nous aimions nous retrouver dans la petite mosquée improvisée de l’Ena pour les cinq prières quotidiennes’’, remémore-t-il dans une déclaration transmise hier à ‘’EnQuête’’. Dans la missive, il relève qu’Idriss et Ilyas, qui choisirent la région de Ziguinchor pour leur stage régional en 2002, étaient euphoriques à l’idée de découvrir une région dont on leur avait vanté la beauté naturelle. Hélas, ils la découvrirent, l’aimèrent, mais ne revinrent jamais, ni à Dakar ni à Niamey, car le 26 septembre 2002, le naufrage du ‘’Joola’’ fera des profondeurs de l’océan Atlantique leur dernière demeure.

Cette histoire, selon le leader du Pastef, par ailleurs candidat déclaré à la prochaine élection présidentielle de février 2019, n’est qu’un échantillon de la dimension encore mal cernée de cette tragédie. Car des milliers de personnes de tous âges, races, ethnies, nationalités, genres, religions prises au piège de la ferraille et de l’eau, impuissantes, ont été emportées, à jamais. ‘’Le monde a perdu, l’Afrique a perdu, le Sénégal a perdu. Mais la Casamance a payé le plus lourd tribut, en enregistrant parmi ses fils et filles l’écrasante majorité des victimes. Celles-là que les parents continuent encore de pleurer en tout temps et singulièrement en ce jour anniversaire du traumatisme collectif’’, rumine-t-il. Non sans ajouter que la blessure est toujours vive, car nous avons tous perdu, ce jour-là, des parents, proches amis, connaissances.

Tout en renouvelant ses prières pour le salut de l’âme des disparus, Ousmane Sonko de se demander ce que nous avons fait financièrement et surtout psychologiquement pour soulager les proches des victimes, en particulier les dizaines d’orphelins causés par cette catastrophe et ce que nous avons fait pour situer les responsabilités et tirer des leçons conservatoires pour l’avenir. ‘’On se souvient de l’apparition du président Wade au lendemain du naufrage, visiblement affecté et appelant les Sénégalais à ‘l’introspection’. Seize ans plus tard, rien n’a vraiment changé. Toujours autant d’indiscipline et d’imprudence sur nos routes, nos plages, nos océans et fleuves, nos rassemblements sociaux, sportifs et religieux, nos forêts…’’, dénonce-t-il.

Il relève à cet égard que les drames de Bettenty, du ‘’Daaka’’ de Médina Gounass et du stade Demba Diop, de Boffa, les incendies fréquents dans nos marchés et quartiers, les incalculables accidents de la circulation avec leur macabre bilan humain, les naufrages fréquents en Méditerranée et les morts de soif et de faim dans le désert du Sahara sont malheureusement là pour nous rappeler une dure vérité qu’il nous faudra tôt ou tard affronter : nous n’avons pas tiré les bonnes leçons du ‘’Joola’’. ‘’Si nous aspirons à la grandeur, il nous faut accorder plus de prix à la vie humaine, à nos vies. Ça passe par un État modèle, fort, juste, qui applique et fait appliquer la réglementation et en sanctionne fermement les violations...’’, estime-t-il.

ASSANE MBAYE

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