Publié le 21 Jun 2017 - 14:20
ECONOMIE - LENTEUR DES REFORMES, MANQUE DE TRANSPARENCE DES INVESTISSEMENTS PUBLICS…

Les Etats-Unis passent au crible les lacunes sénégalaises

 

Si le Sénégal peine à atteindre ses objectifs de développement, les Etats-Unis l’imputent à certaines tares dont la lenteur dans les réformes, le manque de transparence des investissements publics, entre autres. N’empêche que les relations entre les deux pays sont au beau fixe. L’aide budgétaire américaine destinée au Sénégal a atteint 1 232 milliards de francs CFA, entre 1961 et 2016.

 

Hier, lors de la revue annuelle conjointe du programme de coopération entre le Sénégal et les Etats-Unis, la Chargée d’Affaires de l’ambassade des Etats-Unis, Martina Boustani, a mis le doigt sur les lacunes, du point de vue américain, de l’économie sénégalaise. Selon elle, la lenteur dans la mise en œuvre des grandes réformes limite la capacité du gouvernement à atteindre ses objectifs. ‘’Les délais au niveau de réformes essentielles pour un environnement des affaires favorable, telles que le foncier et la libéralisation des marchés financiers, ainsi que le manque de transparence des investissements publics, limitent la confiance des investisseurs’’, a-t-elle déploré. Même si elle est d’avis que les progrès réalisés ont été ‘’impressionnants’’.

Il en est ainsi dans le domaine de la Santé où, poursuit Mme Boustani, le gouvernement a fait des ‘’progrès remarquables’’ par rapport à l’accès à la planification familiale moderne et à la réduction du paludisme, du risque de transmission des maladies infectieuses et de la mortalité maternelle et infantile. Mais là également, il reste de choses à faire. ‘’En dépit d’avancées importantes, il est urgent que le gouvernement s’engage davantage financièrement sur les produits de planification familiale, afin de d’atteindre l’objectif du taux de prévalence contraceptive de 45%, d’ici 2020. Il faudrait également, poursuivre les efforts de recrutement, de formation et de déploiement de professionnels de santé qualifiés dans les zones rurales, favoriser l’affectation de personnel dans les zones mal desservies et mettre en place une stratégie de recrutement local’’, indique la diplomate américaine.

L’objet de cette revue conjointe, selon le ministre de l’Economie, des Finances et du Plan Amadou Ba, était de s’assurer de la bonne mise en œuvre du programme de coopération entre le Sénégal et les Etats-Unis, mais aussi identifier les principales contraintes et trouver des solutions adéquates. Ainsi, le ministre a indiqué que l’appui américain, à travers l’USAID qui a débuté en 1961, ‘’s’est intensifié au fil des années pour atteindre un montant cumulé d’environ 1 232 milliards de francs CFA en 2016’’. ‘’Il convient également de souligner que le montant des engagements sur la seule période 2010-2016 s’élève à environ 400,610 milliards de francs CFA’’, a-t-il ajouté hier, lors de son allocution.

Dans le secteur de la santé où l’USAID consacre 47% de son budget, le ministre de l’Economie a affirmé que des progrès considérables ont été notés. ‘’J’en veux pour preuves la distribution de plus de 1 902 millions de moustiquaires imprégnées à longue durée d’action (milda) aux ménages ; la baisse du taux de mortalité maternelle qui est passé de 392 à 315 pour 100 000  naissances vivantes (…) ; le recrutement de 32 sages-femmes et 15 infirmiers et l’acquisition de 5 ambulances…’’, a dit Amadou Ba. Toutefois, le ministre a aussi admis que ces résultats ‘’ne doivent pas occulter’’ les défis auxquels le secteur de la santé est confronté. Selon lui, il s’agit, entre autres, de la mobilisation des ressources internes, la disponibilité des produits, la pérennisation dans le cadre des nouvelles orientations de la planification des interventions à haut impact et le suivi de la performance du Programme.

42 milliards de francs CFA pour améliorer la lecture

Pour ce qui est de l’éducation, il faut noter que la contribution américaine au Programme national de Lecture sera, selon la Chargée d’Affaires de l’ambassade, d’environ 42 milliards de francs CFA sur les cinq prochaines années. ‘’Cette approche novatrice vise à améliorer les compétences en lecture qui sont essentielles, aussi bien pour le succès individuel que pour une croissance économique durable et inclusive. En ce qui concerne le Programme d’aménagement de la qualité, de l’équité et de la transparence (Paquet), nous encourageons le gouvernement à financer le système de gestion des informations du ministère de l’Education’’, a recommandé Martina Boustani. Car, dit-elle, ce système va permettre de ‘’moderniser’’ le système éducatif, ‘’d’améliorer’’ le contrôle des résultats des enseignants et des élèves. Mais également, de ‘’contribuer à garantir l’utilisation efficace’’ de l’ensemble des ressources humaines et matérielles.

A cela, le ministre Amadou Ba a répondu que certaines difficultés persistent et risquent d’entraver la bonne exécution des projets. ‘’J’en citerai quelques-unes telles que l’absence d’une politique de maintenance des infrastructures scolaires, la difficulté de mobiliser le secteur privé pour le financement et la pérennisation des programmes de l’éducation, la faible mobilisation communautaire dans le processus de l’atteinte des résultats scolaires’’, a-t-il souligné. Dans ce secteur éducatif, le concours financier de l’USAID a permis au gouvernement du Sénégal d’atteindre des résultats ‘’très satisfaisants’’. Il s’agit notamment de l’amélioration de la performance en lecture dans les premières années d’apprentissage avec un taux de réussite de 72,60% dans les zones d’intervention, l’amélioration des performances du système éducatif.

Les USA réclament des moyens pour les collectivités

Parlant de la population et de l’administration des collectivités territoriales, la Chargée d’Affaires de l’ambassade des Etats-Unis a invité le gouvernement sénégalais à plus ‘’d’impulsion’’ pour répondre aux demandes des citoyens en matière d’inclusion, d’opportunités et de services de base. Pour cela, Martina Boustani demande l’adoption d’un ‘’code fiscal qui crée des possibilités de recettes pour les collectivités territoriales’’. ‘’Il conviendrait peut-être, ajoute-t-elle, de renforcer les efforts sur le volume et la rapidité du transfert des ressources. En effet, il faut accroître les efforts pour renforcer les capacités des administrations locales’’. Dans le même temps, l’USAID préconise une ‘’formule transparente’’ basée sur les résultats, pour le partage des recettes.  

MARIAMA DIEME

 

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