Publié le 12 Apr 2018 - 18:14
ECONOMIE MOBILE DANS LA GOUVERNANCE LOCALE

Près de 70% des impôts locaux détournés

 

Au Sénégal, près de 70% des impôts locaux sont volés à différentes étapes du processus de perception. C’est ce que révèle le dernier rapport, intitulé ‘’L’économie mobile : L’Afrique de l’Ouest 2018’’ du groupe GSMA qui réunit près de 800 opérateurs appartenant à plus de 300 sociétés de l’écosystème mobile élargi à travers le monde.

 

Dans les différentes étapes du processus de perception des impôts locaux au Sénégal, 70% des recettes sont dilapidées, selon le nouveau rapport du GSMA intitulé ‘’L’économie mobile : L’Afrique de l’Ouest 2018’’, publié hier à l’occasion du ‘’Mobile 360 - Afrique de l'Ouest’’ qui se tient en Côte d’Ivoire. En effet, selon le document, les taxes contribuent de ‘’manière significative’’ à maintenir une barrière élevée en matière d’accessibilité des infrastructures. Mais aussi limitent les investissements dans la mise en place de réseau 3G / 4G. Dans la sous-région, la contribution fiscale totale du secteur mobile correspond à 54% du total des revenus du secteur. Ce chiffre est jugé ‘’très élevé’’ par rapport à d’autres pays d’Afrique subsaharienne, notamment le Nigeria (9%), l’Afrique du Sud (20%), le Rwanda (21%) et le Sénégal (22%). Cependant, ‘’au Sénégal, près de 70% des impôts locaux sont détournés à différentes étapes du processus de perception. Ce manque à gagner empêche les communes d’améliorer leurs services publics (soins de santé, écoles, etc.), ce qui a un impact direct sur la population locale’’, lit-on dans le rapport du GSMA.

Dès lors, la startup ‘’TTS TOWN’’ a perçu une subvention du groupe, en février dernier, afin de mettre en place et déployer le système dans plusieurs communes de Dakar dans le but d’y faciliter la perception des impôts. ‘’C’est une solution développée par SudPay pour permettre aux communes d’automatiser puis de numériser la perception des impôts locaux auprès des micros, petites et moyennes entreprises (Mpme), afin de réduire la fraude et d’améliorer les taux de perception. La solution équipe les percepteurs d’impôts municipaux de terminaux propriétaires et les communes de tableaux de bord leur permettant de suivre la perception des impôts’’, précise le document. Afin de promouvoir la croissance du secteur et de l’économie en général, trois options de réforme fiscale ont été identifiées. Ces réformes entraîneraient, selon la même source, une croissance de la pénétration mobile, une augmentation de la migration technologique vers les smartphones et les connexions 3G, et augmenteraient le PIB et les recettes fiscales à moyen terme.

104,5 millions de comptes associés à des services financiers mobiles

En réalité, le rapport enseigne que les services financiers mobiles, en particulier ceux relatifs à ‘’l’argent mobile’’, continuent à se développer rapidement en Afrique de l’Ouest. Le nombre de comptes associés à des services financiers mobiles enregistrés dans la région a atteint les 104,5 millions en 2017. Soit une augmentation de 20,9% par rapport à l’année dernière. La valeur totale des transactions au cours de cette même période a atteint plus de 2 808 milliards de francs CFA. ‘’Il y a désormais 57 services d’argent mobile actifs en Afrique de l’Ouest (contre 51 en Afrique de l’Est) et, en 2017, la région comptait 34% du total de comptes d’argent mobile enregistrés en Afrique subsaharienne. Cette croissance est principalement due à l’extension rapide des réseaux d’argent et à un environnement réglementaire favorable’’, rapporte le document. Au fait, dans la sous-région, il y a ‘’13 fois plus d’agents de services financiers mobiles actifs’’ que de succursales bancaires et de distributeurs automatiques. Et 13 pays sur 15 disposent d’un règlement d’habilitation pour leurs services d’argent mobile.

La téléphonie mobile va générer plus de 27 026 milliards de francs CFA, d’ici 2022

À l’avenir, il est attendu que la contribution économique de l’écosystème de la téléphonie mobile continue à augmenter en termes relatifs et absolus. En termes de valeur ajoutée, il est estimé que, d’ici 2022, la téléphonie mobile aura généré plus de 27 026 milliards de francs CFA pour l’économie de la zone, soit 7,7% du Produit intérieur brut (Pib), contre plus de 19 605 milliards en 2017, environ 6,5% du Pib. ‘’L’augmentation de la valeur ajoutée sera en grande partie due à des gains de productivité principalement attribuables à l’adoption croissante de services internet mobiles. En 2017, la valeur ajoutée totale générée en direct par l’écosystème de la téléphonie mobile était plus de 7 418 milliards de francs CFA, soit 2,5% du PIB’’, renchérit le rapport du GSMA. D’ici 2025, l’Afrique de l’Ouest comptera environ 72 millions de nouveaux abonnés mobiles, et le taux de pénétration atteindra 54%.

Pour ce qui est des recettes totales de l’industrie mobile, elles ont atteint plus de 8 266 milliards de F CFA en 2017, faisant noter une augmentation de 14,8% par rapport à 2016. ‘’Ce phénomène s’explique en grande partie par l’effet de base résultant de la baisse de 11,8% des recettes en 2016, qui a été provoquée par le faible taux de croissance économique et, dans certains cas, par la récession économique de certains grands marchés, dont le Nigeria qui représente à lui seul près de la moitié des recettes de l’industrie mobile dans la région’’, souligne notre source. Il faut noter que GSMA réunit près de 800 opérateurs appartenant à plus de 300 sociétés de l’écosystème mobile élargi à travers le monde. Parmi lesquels, il y a des fabricants de téléphones et d’appareils, des éditeurs de logiciels, des fournisseurs d’équipements, des fournisseurs de services Internet et des organismes œuvrant dans des secteurs d’activité connexes.

MARIAMA DIEME

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