Publié le 31 Jul 2015 - 00:53
ECROUES POUR FINANCEMENT DU TERRORISME ET BLANCHIMENT DE CAPITAUX

Deux Sénégalais et un Canadien relaxés, après 4 ans d’incarcération

 

Ecroués depuis quatre ans pour actes de terrorisme, financement du terrorisme et blanchiment de capitaux, le Canadien Saïd Ali Mouhamed et à ses coprévenus sénégalais Mouhamed Gassama et El Hadj Mame Abdou Gaye ont recouvré la liberté. Le tribunal correctionnel de Dakar les a relaxés purement et simplement.

 

Soupçonnés d’être des terroristes, le Canadien Saïd Ali Mouhamed et son coprévenu sénégalais Mouhamed Gassama ont passé quatre années en prison, avant d’être blanchis par la justice sénégalaise, la semaine dernière. Leur coïnculpé non détenu, El Hadj Mame Abdou Gaye, a connu le même sort. N’eussent été les appels faits par le parquet et la défense, les trois inculpés seraient certainement en attente de jugement. Le juge du troisième cabinet d’instruction avait ordonné leur renvoi devant une Cour d’assises. Le trio était soupçonné d’entretenir des liens avec Hassan Farah, suspecté d’être en collusion avec des réseaux terroristes signalés au Yémen, en Somalie, au Kenya et au Royaume-Uni. C’est pourquoi, malgré leurs dénégations, depuis l’enquête préliminaire, et réitérées à la barre, le parquet avait requis quatre ans contre eux.

Mais le tribunal a préféré suivre la défense qui a plaidé la relaxe. Dans leur décision, les juges ont également ordonné la restitution des biens des prévenus qui avaient été saisis. Ils ont aussi ordonné le déblocage de leurs comptes. Les déboires des prévenus ont commencé, à la suite de leur dénonciation par les services secrets américains. Ces derniers avaient été intrigués par le fait qu’Hassan Farah ait, à plusieurs reprises, eu de longs entretiens avec des numéros de téléphone du Sénégal. Ils ont été inquiétés car, d’après l’enquête, Hassan Farah est fiché comme étant un des financiers du terrorisme, grâce à la société Al Barakak, frappée par une résolution, depuis 2001. Ladite société a été inscrite ‘’comme associée à Al-Qaïda, à Oussama Ben Laden ou aux Talibans, au motif qu’elle a participé au financement, à l’organisation, à la facilitation, à la préparation ou à l’exécution d’actes ou d’activités en association avec l’organisation Al-Qaïda et, sous leur nom, pour leur compte ou pour les soutenir, a fourni, vendu ou transféré des armes et matériels connexes à ceux-ci ; a recruté pour leur compte ou soutenu, de toute autre manière, des actes commis par eux ou des activités auxquelles ils se livrent ‘’.

Or, il s’est trouvé que la réquisition faite à la Sonatel à l’époque a permis de découvrir que les numéros étaient enregistrés sous de faux noms. Grâce à la géolocalisation, la Section de recherches de la gendarmerie s’était rendu à Ngor où étaient logés Mohamed Gassama et Saïd Ali, les utilisateurs des puces. En poussant leurs investigations, les enquêteurs ont découvert un virement de 53 millions de francs CFA effectué, depuis Dubaï, par le même Hassan Farah au nom d’une société dirigée par Saïd Ali qui jure qu’il est son « neveu ». Entendu à ce propos, Saïd avait expliqué que l’argent devait servir à financer une mosquée. Il avait ajouté que la société d’Investissement qu’il dirige a été financée par son « oncle », suite à des problèmes avec un de ses associés. Quant à Gassama, il avait nié son appartenance à Al Qaïda. Cependant, il avait enfoncé Saïd en révélant aux gendarmes l’avoir entendu un jour dire qu’il faudrait utiliser l’action violente contre les « impies » au Soudan. Le prévenu avait nié avoir rencontré dans un restaurant de Dakar un imam mauritanien suspecté d’être un militant salafiste. Or, les fiches de surveillance prouvaient le contraire.

A la barre, ils ont persisté dans leurs dénégations, niant formellement avoir un quelconque lien avec Al Qaïda et le terrorisme. A ce propos, Saïd a soutenu que la société Salama investissement qu’ils ont créée, s’est faite en toute légalité, car constituée devant notaire. 

FATOU SY

 

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