Publié le 17 Jan 2012 - 14:48
EDITO

Sauver le soldat Wade !

 

Annus horribilis. Un mélodrame pour une fin 2011 marquée de l'encre noire pour le président Abdoulaye Wade. Un discours très long servi avec deux heures de retard samedi, un élément mal monté, un contenu-bilan livré par un homme visiblement au bout du rouleau. Le chef de l'Etat avait quelque chose d'un robot répétant fastidieusement des gammes dictées par ceux qui n'ont pas intérêt à le voir sortir en beauté.

 

 

Il est clair qu'un conglomérat d'intérêts a pris en otage le pays et le président, l'empêchant de sauver ce qui peut encore l'être d'une carrière politique somme toute hors du commun, d'abord en 26 ans d'opposition et en douze ans de magistrature. Le monde a retenu in fine d'Abdou Diouf, son prédécesseur, une sortie élégante, même si son bilan est des plus critiques. L'histoire retient de Senghor – celui dont Wade se veut le continuateur de son œuvre – qu'il a quoi qu'il en soit renoncé volontairement au pouvoir, même si lui également n'est pas exempt de reproches dans sa gestion du Sénégal.

 

 

Assurément, ceux qui poussent Wade à maintenir un cap 2012, compromis depuis le 23 juin dernier, ne l'aiment pas et n'ont d'yeux que pour leurs privilèges acquis le plus souvent dans des conditions illicites. Ce faisant, ils lui vouent consciemment ou non une fin à la Brejnev ou Bourguiba.

 

Le premier a dirigé l'ex-URSS de 1964 à 1982, mais les dernières années de son règne ont été marquées par le culte de la personnalité si ubuesque qu'il n'inspirait plus de crainte à sa population dont il faisait l'objet d'innombrables railleries. Un peu comme le ''wax waxeet'' (reniement) de Wade entré dans les annales comme la perle pathétique de l'année écoulée.

 

En mars 1982, Léonid Brejnev donc, qui s'était autoproclamé Maréchal de l'Union soviétique, a été victime d'une crise cardiaque et son pouvoir devint alors fantomatique. Quasi mêmement, Habib Bourguiba, premier président de la Tunisie en 1957, a mis son pays sur la rampe de la modernité, puis a progressivement basculé dans le culte de la personnalité en se proclamant ''combattant suprême''. I

 

l a fini malade, impotent, sur fond de clientélisme et a été déposé en novembre 1987 sur initiative de son Premier ministre Zine el-Abidine Ben Ali. Celui-ci l'a ensuite installé dans une résidence à Monastir où il meurt le 6 avril 2000.

 

 

Mais Wade mérite-t-il un tel sort ? La question pourrait aisément être posée à ses proches que nous soupçonnons de vouloir transformer ''Gorgui'' en business. Hormis lui le déluge, c'est vrai que l'actuelle constante bégayante du PDS a travaillé depuis au moins huit ans à dévorer ses héritiers politiques, au point qu'il ne lui reste qu'un seul, bien biologique celui-là.

 

Et d'autres petits héritiers secondaires qui prennent d'assaut son cabinet pour lui faire signer des décrets dont on se demande s'ils peuvent engager l'Etat. Il n'est pas rare qu'un membre de la famille libérale soit victime de ces manœuvres le plus souvent du soir, pour éliminer un adversaire gênant. Médisances, quolibets, complots, tout y passe.

 

C'est connu, les ''rois'' vieillissants écoutent plus leur entourage que leur raison. Toute cette mascarade aux allures de tragi-comédie aurait bien pu provoquer le fou rire si l'on n'était pas en République. Or, en République, faut plutôt pleurer des symboles qu'on foule du pied que d'en rire...

 

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