Publié le 5 Jun 2018 - 18:27
EDUCATION, ENERGIE, TRANSPORT ET SANTE

Ces secteurs à l’écoute du marché financier régional

 

Le marché financier régional joue un rôle clé dans le financement des économies des pays africains. Toutefois, il peut mieux faire, au vu des besoins en investissements dans certains secteurs. C’est ce qu’a souligné hier Birima Mangara, lors d’un atelier sur le sujet.

 

Le marché financier de l’Union monétaire ouest africaine (Umoa) a permis de mobiliser depuis sa création, en 1998, plus de 7 500 milliards de francs CFA, au 31 décembre 2017, soit une moyenne annuelle 390 milliards. Ces chiffres ont été donnés hier par le ministre en charge du Budget, Birima Mangara. Il s’exprimait lors d’une journée d'information et de sensibilisation sur le marché financier régional. Pour ce qui est de la Bourse régionale des valeurs mobilières (Brvm), le ministre a indiqué qu’il occupe la 6e place au classement des bourses africaines. Ceci, avec 45 sociétés cotées, 41 lignes obligataires pour une capitalisation boursière au total de plus 9 800 milliards de francs de CFA. ‘’En plus, depuis sa création, 80% des ressources levées sur le marché régional ont été destinées au financement des Etats de l’Union et particulièrement aux secteurs de l’énergie, des télécoms et des infrastructures. Pour le Sénégal, aussi bien l’Etat que les entreprises ont déjà eu recours au marché financier. Les avoirs, titres et espèces détenus par les acteurs du pays sont estimés à 528 milliards de francs CFA, soit 8,60% des avoirs en conservation’’, a-t-il dit.

Toutefois, malgré les avancées notées sur le marché financier sous régional, le ministre du Budget a signalé que les secteurs prioritaires de développement des Etats de la sous-région, comme l’éducation, l’énergie, le transport et la santé ‘’nécessitent encore des financements importants’’. ‘’Un recours accru au marché financier régional, dans le cadre d’un financement à long terme et à moindre coût, permettra de consolider les acquis dans les domaines tantôt cités et favorisera l’entrée de nos pays dans le concert des nations émergentes, offrant des conditions de vie satisfaisantes’’, a-t-il affirmé. En effet, selon M. Mangara, les économies africaines amorcent un ‘’virage décisif’’ pour le développement. Et pour y arriver, il estime qu’il faut un ‘’financement efficient’’. Ce qui nécessite la diversification des sources et instruments financiers. Dans cette perspective, le ministre souligne que les marchés financiers sont amenés à y jouer ‘’un rôle essentiel’’.

Un secteur‘’méconnu’’ du grand public

Même s’il occupe une place importante dans le développement des économies, le marché financier régional reste ‘’méconnu’’ du grand public. C’est le constat du président du Conseil régional de l’épargne publique et des marchés financiers (Crepmf), Mamadou Ndiaye. ‘’Cela se traduit par une sous-information notoire, une méconnaissance de la bourse, de ses produits et des transactions qui s’y déroulent. Mais également une très faible connaissance des mécanismes de l’appel public à l’épargne’’, a-t-il souligné. Afin de relever le défi lié au développement du marché financier régional, le Crepmf entend, d’après son président, orienter ses actions prioritaires, en 2018, vers de grands axes.

Il s’agit notamment de la protection de l’épargne des investisseurs par la mise en place d’un fonds de protection des épargnants, l’amélioration du cadre réglementaire, particulièrement la promotion des instruments de financement islamique de la gestion collective, mais également de capital d’investissement. Parmi les mesures, il y a aussi la vulgarisation de la culture boursière par la mise en place d’un dispositif de bourse en ligne, la confection de guides à l’attention des investisseurs et des émetteurs, et la réduction des coûts des transactions à l’effet de rendre plus compétitif le marché et améliorer la mobilisation de l’épargne. Ainsi, le président du Crepmf a-t-il plaidé pour l’harmonisation de la fiscalité des valeurs mobilières.

M. Ndiaye a aussi rappelé que 2017 a été l’année de l’adoption des différents textes réglementaires qui ont permis le lancement, le 19 décembre dernier, du 3e compartiment de la Brvm, dédié aux Petites et moyennes entreprises (Pme) qui, selon lui, sont les ‘’locomotives’’ des économies des pays d’Afrique. ‘’La mise en place de ce compartiment a donné naissance à une nouvelle catégorie acteurs, à savoir les listings sponsors qui sont des structures habilitées à assister et à conseiller les Pme dans le cadre de leur processus d’admission à la bourse, et tout au long de leur présence au dit compartiment’’, a-t-il précisé. Toutefois, le patron du Crepmf a estimé que ces réformes ne peuvent conduire à des résultats ‘’visibles et pertinents’’ que si le public se les approprie.

Birima Mangara sur la situation financière

‘’Notre économie et notre trésorerie se portent assez bien’’

‘’Il y a des ressources pour financer l’Economie. Il faut comprendre que les gens sont hâtifs en conclusion. Une économie repose sur des principes et piliers. On peut avoir la manne financière qui dépasse ses besoins, mais il faut les dépenser par rapport aux règles de gestion budgétaire, celles rigoureuses de finances publiques. Nous avons des ressources et nous sommes en train de payer ce qui doit l’être. Nous sommes en train d’irriguer l’économie.

Soyez rassurés, tout va bien. Tout ne va pas dans le meilleur des mondes, mais jusqu’ici, tout va. Nous respectons nos standards, nos normes, et notre économie et notre trésorerie se portent assez bien. Les gens parlent beaucoup mais les choses ne sont pas arrivées à ce stade. Nous payons nos dettes comme il le faut. Peut-être que les gens sont pressés. Ils entendent parler des milliards qu’on a empruntés et ils pensent que tout doit être dépensé d’un seul coup. Or, tel n’est pas le cas.’’

MARIAMA DIEME

 

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