Publié le 13 May 2017 - 00:58
EL CANTARA SARR (SG SIENS)

‘’La position du gouvernement ne nous réconforte pas trop’’

 

Les élections de représentativité syndicale dans le secteur de l’éducation publique ont livré leurs résultats. Dans le collège des corps de contrôle, c’est le Syndicat des inspectrices et inspecteurs du Sénégal (Siens) qui est le seul à atteindre le seuil de représentativité. Dans cet entretien, le Secrétaire général El Cantara Sarr revient sur les perspectives et préoccupations du monde syndical et éducatif. Toutefois, il souligne que la position du gouvernement ne les réconforte pas trop.

 

Votre syndicat est sorti victorieux dans le corps de contrôle avec 89,84%, comment expliquez-vous cette large victoire ?

L’analyse des résultats provisoires qui nous sont parvenues montre que sur un nombre d’inscrits  de 97 896,  il y a une participation de 65,97 % ; donc il y a des non-votants qui tournent autour de 34%. Une question en perspective que les organisations devraient traiter, et tirer objectivement les leçons des échéances. Cela nous permettra de prendre en charge efficacement les préoccupations  de nos mandants. Il y a du travail à faire.

En ce qui concerne  le collège corps de contrôle, nous étions 10 syndicats en lice. Il y a 628 inscrits, le taux de participation a été de 73,73%, donc il y a plus de 25% de non-votants. Nous avons déjà commencé l’analyse et nous avons formulé quelques hypothèses. La raison de ce pourcentage de non-votants pourrait s’expliquer par un certain nombre d’omissions qui ont été constatées sur les listes disponibles dans les bureaux de vote. Ces omissions posent problème et l’Administration est interpellée. L’autre élément, ce sont les lenteurs administratives qui ont eu comme conséquence  que certains inspecteurs n’aient pas été reclassés à temps et n’ont pas pu participer à ces élections. On peut noter le cas de ces inspecteurs qui étaient inscrits sur les listes et qui, à un jour des élections, se sont vu envoyer en mission et n’ont pas pu voter.

Par rapport à vos revendications, est-ce que celles spécifiques sont en train d’être prises en compte par le gouvernement ?

Oui ! Je précise que du point de vue du suivi avec le syndicat des inspecteurs, le protocole d’accord a été signé le 30 décembre 2014, disons en raison d’une session de suivi par année. Du point de vue de la concrétisation des engagements du gouvernement, il faut souligner que le protocole d’accord avec le Siens porte sur l’amélioration du paiement salarial des inspecteurs de l’Education, et la problématique de la carrière des inspecteurs. Nous constatons qu’il y a une petite avancée relative à l’amélioration des conditions matérielles de travail des inspecteurs par la mise en place de logistique dans les structures déconcentrées.

Comment appréciez-vous le niveau de respect des accords signés avec les enseignants ?

L’Etat devrait respecter les accords signés avec les syndicats des enseignants. A chaque fois autour des tables de concertation, ces problématiques de non-respect des accords, ainsi que les lenteurs dans l’application des accords sont soulevés. L’Etat donne des réponses mais nous pensons qu’il peut faire mieux, notamment sur la problématique de la carrière. Quand un instituteur change de hiérarchie, il devient inspecteur. Mais il peut rester deux voire trois ans sans percevoir ses rappels. Nous sommes solidaires de toutes les forces sociales qui œuvrent pour la valorisation et l’amélioration des conditions de travail.

Le Président a dénoncé récemment le dysfonctionnement dans le traitement salarial entre les agents de la Fonction publique alors qu’il garde l’audit sur le système de rémunération, comment comprenez-vous cette position ?

Nous, nous sommes à la CNTS/FC et nous nous réjouissons de la position du Secrétaire général Cheikh Diop, lors de la remise des cahiers de doléances. Il a abordé la problématique d’une plus grande équité de la rémunération. Il n’est pas normal que la même catégorie de travailleurs soit rémunérée de manière différente. Il n’est pas normal que la grille salariale ne soit pas respectée dans le traitement des travailleurs qui sont tous des contribuables. Le président de la République Macky Sall, avec son gouvernement, se sont rendu compte de l’insoutenabilité de la situation et nous savons qu’ils sont sensibles à la question. Ils ont voulu aller dans le sens d’une correction et ils ont commandité une étude.

Nous avons eu de sérieuses réserves dans l’étude parce qu’elle n’a pas  pris en charge la préoccupation des partenaires sociaux. Ces questions ont été exprimées dans le cadre d’une séance de partage. Il faut que nous allions, à l’issue de ces élections de représentativité, à la  table de concertation et le Président s’était engagé à ça lors de la remise du cahier de doléances. Maintenant sa position et celle de certains membres du gouvernement ne nous confortent pas trop. Nous pensons que le fait de commanditer l’étude est un pas, mais il faut que l’Etat aille dans le sens d’une correction des iniquités. Il n’est pas normal qu’un  travailleur sénégalais fasse des efforts pour accéder à un certain niveau  et se voit moins bien traité que quelqu’un qui est en deçà de sa hiérarchie.

Est-ce qu’il est prévu une coalition avec les syndicats représentatifs comme le Samess,  le Cusems et le Sels pour porter la revendication des enseignants ?

Oui et je crois que c’est ça la voie. Quand je parle de recomposition intelligente, c’est de cela que je parle. C’est-à-dire que nous sommes à un moment historique où à l’issue des élections de représentativité, il y a une redistribution des cartes. Normalement, cela doit aller dans le sens de crédibiliser le dispositif de représentativité. Il faut nécessairement aller vers une recomposition intelligente. Ces élections ont permis de peser le poids de chaque organisation syndicale. Il faut aller vers le respect des dispositifs réglementaires en la matière. Tous les syndicats non représentatifs et ceux représentatifs doivent s’asseoir et discuter dans leur collège en vue de mettre sur la table leurs préoccupations pour que leurs mandats puissent bien les porter. 

AIDA DIENE

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