Publié le 27 Jan 2019 - 01:57
ELECTION PRESIDENTIELLE DU 24 FEVRIER 2019

Aly Ngouille Ndiaye passe au peigne fin le processus électoral

 

La carte électorale a été remise aux candidats à la Présidentielle du 24 février 2019 ; et 6 160 000 cartes d’électeurs ont déjà été distribuées. Le ministre de l’Intérieur a fait ces annonces, hier, lors d’une rencontre avec les responsables de la presse. Il s’est prononcé sur tous les sujets qui intéressent l’organisation de ce scrutin.

 

Le ministère de l’Intérieur est paré pour l’élection présidentielle. Le ministre Aly Ngouille Ndiaye renseigne, à ce propos, que la carte électorale est disponible et a été envoyée à tous les candidats à la Présidentielle du 24 février prochain, ce jeudi. Celle-ci décrit la répartition géographique et l’implantation des bureaux de vote sur l’ensemble du territoire national et à l’étranger. Selon le ministre, elle a été arrêtée le mercredi 23 janvier 2019 par arrêté n°001228 et publiée, avant-hier, soit 30 jours avant la date du scrutin. Hier, il rencontrait les patrons de presse, lors d’un déjeuner.

Au total, il y a 15 397 bureaux de vote répartis dans 6919 lieux de vote. Le nombre total de d’électeurs est de 6 683 043. Donc, à l’intérieur du pays, on a 14 651 bureaux de vote regroupés dans 6549 lieux de vote, pour 6 373 451 électeurs. A l’étranger, il a été dénombré 309 592 électeurs répartis dans 746 bureaux de vote pour 370 lieux de vote.

Mais, à ce niveau, le Directeur général des élections (Dge), Thiendella Fall, apporte des précisions, puisqu’il y a eu une refonte et une révision exceptionnelle des listes électorales. Le nombre total de cartes issues de la refonte est de 6 050 075. Sur ce chiffre, 5 902 733 cartes ont été retirées. Il reste à distribuer 147 342 cartes. Soit, un taux de retrait de 97, 56%. A côté, il y a les 416 889 cartes issues de la révision. ‘’Elles concernent ceux qui se sont réinscrits, ceux qui se sont inscrits pour la première fois et les cartes révisées’’. Là, le taux de retrait est de 61,74%, puisque 257 392 cartes ont été retirées et 159 497 restent en souffrance.

‘’Globalement, poursuit le Dge, si on fait l’addition des cartes issues de la révision et celles de la refonte, ça nous fait 6 466 964. Sur ces cartes, 6 160 000 ont été distribuées, ce qui fait un taux de 95,26%. Les cartes restantes représentent 4,74%. En valeur absolue, c’est 306 880 cartes qui sont concernées’’. Il espère les distribuer dans les trois semaines à venir et atteindre le taux de 97% voire le dépasser. Toutefois, dit Thiendella Fall, ‘’le taux est bon et n’a jamais été atteint’’. ‘’Nous n’avons jamais atteint ce niveau de distribution, ajoute Aly Ngouille Ndiaye, à la veille d’une élection. En 2007, on était à moins de 26% de taux de distribution’’.

Rétention de cartes et bureaux fictifs

Le ministre de l’Intérieur a été interpellé sur les modifications subies de la carte électorale. Il précise qu’elles sont faites ‘’à la demande des comités électoraux et, généralement, pour rapprocher les électeurs de leurs centres de vote ou changer des lieux de vote devenus moins fonctionnels’’. Il donne l’exemple de Touba où l’université regroupait 150 bureaux de vote. Pour la décongestionner, on y a laissé 95 bureaux et délocalisé le reste.

Dans la même veine, il réfute toute idée de rétention de cartes. ‘’Chaque jour, on nous fait la situation. On nous dit, du lundi au vendredi, on a distribué tant de cartes, dans chaque commune’’. Idem pour la question agitée des bureaux fictifs. ‘’Peut-être que ça existait, mais ça n’existe plus. Nous sommes dans la transparence. On donne la carte électorale. Même si par extraordinaire, un bureau est fictif, au niveau de la commission de recensement, on ne décompte pas un bureau, s’il n’est pas signé par le président de la Cena’’, explique-t-il. Le Dge de renchérir : ‘’même pour les bureaux qui existent régulièrement, si pour une raison ou une autre, un bureau est délocalisé. Si cette délocalisation n’est pas sur la carte électorale, ce bureau n’est pas comptabilisé’’.

Dispositif sécuritaire

Une question a cristallisé les débats : celle de la mise à disposition d’agents assermentés aux candidats pour assurer leur sécurité et prévenir la violence qui plane au-dessus de ce scrutin à venir. A ce sujet, le ministre a fait remarquer qu’aucun candidat n’en a fait la demande. ‘’Ce n’est pas évident que cela va être accepté. La sécurité, c’est une question de confiance. Dans certains pays, l’offre a existé et cela a été refusé’’, répond le ministre. Qui ne compte pas prendre un arrêté dans ce sens. ‘’Ce sera de la dictature’’, dit-il. D’ailleurs, le Dge a fait remarquer que les candidats se méfient et pensent que ces forces de sécurité mises à leur disposition sont là pour les espionner.

En outre, le ministre s’est voulu rassurant pour le déroulement de la campagne et de l’élection. ‘’Cela ne dégénérera pas’’, assure-t-il.  ‘’La raison va prévaloir’’, ajoute-t-il. Avant de tenir un discours d’apaisement, invitant les uns et les autres à la retenue.

Primo-votants

La question des primo-votants a été débattue. Puisqu’il est fait grief au ministère de l’Intérieur de retenir les cartes des nouveaux votants pour les empêcher de prendre part au scrutin. Le ministre Aly Ngouille Ndiaye s’en est défendu, en faisant remarquer que ceux-ci sont constitués autant des enfants des autres que des leurs. Il a été appuyé par le Dge qui renseigne que, ‘’pendant la refonte, ils ont eu 600 000 primo-votants, nouveaux inscrits’’, c’est-à-dire, qui ne faisaient pas partie du fichier. Et l’ensemble des électeurs concernés faisaient 6 050 075. Actuellement, ‘’il en reste 147 642 cartes, globalement’’. Ce qui, à ses yeux, donne une idée des primo-votants qui ont retiré leurs cartes, en attendant de faire une étude pour connaitre la proportion exacte.

Manifestation réprimée d’hier

Le ministre de l’Intérieur est régulièrement accusé d’être un fossoyeur des libertés, en interdisant de nombreuses marches. Il s’en défend et convoque les chiffres. En 2018, dit-il, ‘’on a eu un taux d’interdit de manifestations de 2,2% sur l’ensemble du territoire’’. Au niveau de Dakar, poursuit-il, 2155 demandes de manifestation sur la voie publique ont été reçues pour 36 refus et 2119 acceptations’’. Ce faisant, il a embrayé sur la marche interdite des jeunes de l’opposition d’hier. ‘’Aujourd’hui, les jeunes ont déposé pour faire une marche. Le préfet leur dit : il faut qu’ils changent d’itinéraire. Ils voulaient marcher de l’université jusqu’à la Poste, pour aller à la Rts. Le préfet leur a dit : Non partez de l’université, une fois au canal, vous allez prendre le boulevard Centenaire et faire votre marche. Ils ont dit : non. Et, on a interdit tout simplement. Donc, ce n’est pas le dialogue qui a manqué. S’ils voulaient marcher, ils allaient le faire. Il y a d’autres intentions derrière’’.

‘’Je viens d’entendre qu’il y a des affrontements entre des jeunes et les forces de l’ordre. Mais ceux qui ont déposé la demande de marche, quand le préfet a interdit, ils se sont pliés. Ils ont dit : nous renonçons à la marche. Donc, d’autres qui n’ont pas déposé, aujourd’hui, disent qu’ils vont marcher’’. Le ministre de préciser que les interdictions sont prononcées sur la base des appréciations faites par la police. Mais qu’il arrive que le préfet passe outre l’avis défavorable de la police pour autoriser une marche. Ainsi, concernant la marche d’hier, ‘’le préfet a donné comme raison l’hôpital Abass Ndao. Vous vous rappelez, il y avait le célèbre mort qui a été inventé par un membre de l’opposition. Il y a plusieurs raisons qui ont fait que le préfet a dit non’’, a expliqué le ministre. 

Fichier et coût de l’élection

S’il peut d’ores et déjà donner le fichier électoral aux candidats à la Présidentielle, Aly Ngouille Ndiaye souligne qu’il n’est pas obligé de le faire. Donc, il leur sera remis le 08 février. Les législatives avaient coûté la bagatelle de 27 milliards. Mais, ‘’l’élection présidentielle va coûter environ 13 milliards, si on y inclut le coût des cartes électorales (5 milliards). ‘’En dehors des cartes d’électeurs, nous sommes à 8 milliards, 9 maximum’’, précise le ministre.

Gaston COLY

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