Publié le 16 Sep 2017 - 01:23
EMBOUTEILLAGES SUR L’AUTOROUTE A PEAGE

Eiffage se frotte les mains, les automobilistes souffrent

 

Depuis un certain temps, circuler sur l’autoroute à péage est devenu un véritable calvaire pour les automobilistes, du fait des embouteillages monstres. Pendant ce temps, Eiffage se frotte les mains et fait comme si de rien n’était.

 

C’est vraiment écœurant. Les automobilistes prennent l’autoroute à péage pour gagner du temps. Mais, parfois, il est plus avantageux de passer par la route nationale. Car Eiffage n’en finit pas d’exaspérer le contribuable sénégalais. Elle ne se contente pas de lui vider les poches avec des tarifs excessivement chers. Certains soirs, alors que ‘’Goorgoorlu’’ (Sénégalais lambda) est pressé de rentrer chez lui profiter du bonheur que lui procure la famille : le sourire des enfants, la tendresse de leur maman, l’entreprise gâche tous ses plans avec des embouteillages monstrueuses. Cette situation plus que désagréable devient de plus en plus récurrente sur l’autoroute, surtout sur l’axe Pikine - Thiaroye. Il arrive que les usagers mettent plus d’une heure de temps pour une portion qui ne fait même pas un kilomètre. C’était le cas hier. Des milliers d’usagers étaient contraints d’attendre, pendant des heures, avant de voir le bout du tunnel.

Sur cette ligne 58, ça grogne de partout. Certains s’en prennent au chauffeur qui, selon eux, ne fait rien pour avancer. ‘’Cette voie est plus rapide. Il faut la prendre !’’, lui crient quelques jeunes exaspérés. Malgré son calme, les jeunes continuent de l’accabler. D’autres passagers de prendre la défense du pauvre : ‘’Laissez-le ! Il n’y est pour rien. Au contraire, il est plus pressé que vous. Vous devriez plutôt vous en prendre à ces gens qui prennent vos sous et sont incapables de vous garantir un service de qualité.’’

Le débat devient ainsi réorienté. Les critiques acerbes fusent de tous bords. Certains s’en prennent à la faiblesse des Etats africains prompts à signer même les contrats les plus léonins. Mamadou Mbaye, qui dit avoir passé sept ans en Europe, fustige la passivité des Sénégalais. ‘’Nous sommes bloqués ici depuis plus d’une heure. Personne ne dit rien. C’est comme si c’était tout à fait normal. Voilà pourquoi on ne nous respecte pas. Si c’était en Europe, les gens allaient au moins protester. L’Etat aurait infligé des pénalités à l’entreprise. C’est comme ça qu’on arrivera à corriger les imperfections’’, fulmine-t-il courroucé. A peine a-t-il fini son réquisitoire qu’un autre voyageur enchaine : ‘’Ce qui m’exaspère le plus, c’est qu’ici, ils ne daignent même pas donner des explications. Je ne parle même pas d’excuses. C’est comme si nous étions leurs esclaves.’’

Résignés, de nombreux passagers quittent les véhicules. A pied, bouillant de rage, ils empruntent les trottoirs. Pendant ce temps, Eiffage et Total (seule station d’essence autorisée sur l’autoroute au détriment des nationaux) se frottent les mains, vu l’affluence massive.

Comme quoi, le malheur des Sénégalais fait le bonheur des Français.

Mor Amar

 

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