Publié le 21 Sep 2018 - 21:23
EMIGRATION CLANDESTINE

45 personnes arrêtées à Mbour

 

Plusieurs personnes candidates à l’émigration clandestine ont été arrêtées, mercredi dernier, vers 3 h du matin, par la brigade de gendarmerie de Mbour. Elles s’apprêtaient à regagner l’Espagne. Le capitaine de l’équipage ainsi que sa femme ont été appréhendés. Une enquête a été ouverte.

 

La brigade de gendarmerie de Mbour a démantelée un vaste réseau d’émigration clandestine. Quarante-cinq personnes ont été arrêtées. Depuis le mercredi 13 septembre dernier, elle avait été informée de la préparation d’un voyage vers les côtes espagnoles. Mieux, les pandores savaient que les candidats à l’émigration seraient logés dans une maison en location à Médine. C’est ainsi que des recherches ont été entamées. Les différents sites possibles d’embarquement ont été mis sous haute surveillance. Avant-hier, vers 3 h du matin, un élément placé au niveau de l’embarcadère qui se trouve derrière l’usine Ikagel, a donné l’alerte sur la présence d’une pirogue avec à son bord plusieurs personnes.

C’est ainsi que les éléments de la brigade se sont rendus sur les lieux. Toutes les personnes qui se trouvaient dans l’embarcation ont été interpellées ainsi que le capitaine de l’équipage, Ibrahima Fall, âgé de 53 ans. Interrogés sur les faits, il a nié, dans un premier temps, être le capitaine. Sous la pression des questions, il a finalement reconnu être le capitaine de bord, avant de révéler être membre d’un réseau composé de plusieurs personnes dont sa femme Rokhaya Lèye. Cette dernière est présentement arrêtée. Mawo Pouye et Mamadou Fall, fils d’Ibrahima Fall, étaient, eux, chargés de la préparation de l’embarcation. Les candidats originaires de Tambacounda et de Kédougou ont expliqué qu’ils voulaient se rendre en Espagne et qu’ils avaient versé 670 000 F Cfa chacun. La somme de 1 148 000 000 F Cfa a été trouvée par-devers Ibrahima Fall. Elle a été mise sous scellé ainsi que ses deux téléphones.

En plus d’arrêter les candidats à l’émigration, les gendarmes ont passé au peigne fin l’embarcation. Ce qu’ils ont découvert les édifient sur les desseins du sieur Fall et ses acolytes. Car, pas moins de 81 bidons de 30l d'essence pirogue, 2 moteurs de marque Yamaha 40 chevaux, une bouteille à gaz de 11kg, une marmite pouvant contenir 15kg, 3 cartons de biscuits de 50 paquets 50g y ont été trouvés. A cela s’ajoute, des provisions de bord (composées de sucre, sachets d'eau, de café, d'huile, de condiments) des sacs de pains, de beignets, de la viande, etc.

Les 93 candidats enfermés dans une maison insalubre

La reconstitution des faits a été opérée, hier. Un transport a été fait dans une maison carrelée, en beige marron de l’extérieur, où les candidats, au nombre de 93, étaient enfermés. Une odeur pestilentielle et nauséabonde se dégageait de la maison. Sur le seuil de la porte, des sacs d’ordures empilés. Dès que l’on pénètre dans l’appartement, on se croirait dans un dépotoir d’ordures (voir photos). Il est quasi impossible d’y respirer. Des sachets de biscuits vides, des habits, des restants de nourriture pourrie dans de grands bols, des bouteilles contenant du ‘’safara’’, des talismans, de grandes nattes étalées à même le sol… Ainsi se dessine le décor dans lequel vivaient ces personnes. On a du mal à imaginer qu’elles aient pu vivre dans cet espace, d’autant plus qu’une forte odeur d’urine se dégage des lieux.

Il s’avère que la maison a été prise en location par Rokhaya Lèye, la femme d’Ibrahima Fall. Le propriétaire, Mamadou Mactar Niang, renseigne que la dame lui a dit qu’elle voulait loger deux personnes venues prendre part à un séminaire qui allait durer 21 jours. Ainsi, les frais de location ont été fixés à 60.000 F Cfa. Le lendemain, le bailleur dit s’être rendu dans la maison. ‘’Je suis venu pour finir des travaux que j’avais déjà entamés. Quand je suis entré dans la maison, j’ai failli tomber des nues, car j’ai trouvé plus que les deux personnes annoncées’’.

Mohamed Camara : ‘’ Nous avons passé deux semaines dans cette maison’’

Originaire de Tambacounda, Mohamed Camara, l’un des candidats, explique : ‘’Nous avons versé 670 000 F Cfa chacun. Il y a des personnes qui viennent de Goudiri, à Kédougou. Nous avons passé deux semaines dans cette maison, d’où nous ne sortions jamais. Tous nos repas nous trouvaient ici. Mais comme nous étions nombreux, les repas ne suffisaient pas, alors le livreur prenait les commandes de chacun d’entre nous sur un papier. Il nous achetait des biscuits. On ne pouvait pas sortir, car on était enfermé.’’

Il semble être le plus âgé du groupe constitué essentiellement d’adolescents. ‘’Nous sommes sortis à minuit pour nous rendre au lieu de départ. Nous avons pris des taxis qui nous ont acheminés au point d’embarcation. De là-bas, une pirogue nous a acheminés vers une autre embarcation qui était amarrée plus loin dans l’eau. Il prenait par groupes, c’est au quatrième voyage que les forces de l’ordre nous ont appréhendés. Certains, qui attendaient la pirogue, ont profité de cet instant pour s’enfuir, alors que nous qui avions déjà embarqué, nous ne pouvions pas bouger’’. Une enquête a été ouverte.

KHADY NDOYE

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