Publié le 17 May 2017 - 09:22
EMMANUEL MACRON

Le triomphe du cœur et des idées

 

Il s’appelle Emmanuel (Dieu est avec nous en hébreu), il a les dents du bonheur…il veut transformer la France en profondeur.

De l’audace, il en aura fallu à Emmanuel Macron pour arriver en tête du second tour de l’élection présidentielle française avec  un score de 66.1%, soit près de 4 points de plus que la moyenne des estimations des différents instituts de sondage.

En effet, le pari a été audacieux pour cet énarque dont le parcours ressemble à celui d’un météore.

Rapporteur de la Commission Attali (commandée par Nicolas Sarkozy pour la libération de la croissance française) en 2007, associé gérant à la banque Rothschild en 2008, Secrétaire Général Adjoint à l’Elysée en 2012 après l’élection de François Hollande. Il devient Ministre de l’Economie en  2014. L’histoire est en marche pour Emmanuel  Macron qui lance ……En Marche ! en avril 2016. Il démissionne du gouvernement en août 2016. Sans avoir jamais exercé de mandat électif, le voila officiellement candidat en novembre 2016.

Il s’engage à bras le corps dans une Présidentielle 2017 atypique à tous points de vue, avec un caractère inédit de l’offre politique, un électorat qui n’a jamais été aussi volatile, des clivages comme il n’y en a jamais eu.

Auréolé de son ample victoire, il déjoue  les pronostics des cassandres et autres oiseaux de mauvais augure qui voyaient ses ailes se briser  face aux ténors et autres caciques de la politique, lui prédisant dans le meilleur des cas une victoire à la Pyrrhus.

Trop jeune de l’avis de certains, inexpérimenté pour d’autres, ni à droite ni à gauche, sans parti politique……

Avec un cursus différent  du cursus  politique traditionnel, il bouscule tous les codes et réalise un véritable exploit : celui d’être le plus jeune chef d’état français depuis Napoléon Bonaparte.

Le renouveau, il l’incarne naturellement. Par son âge sans aucun doute, mais sans jamais tomber dans le jeunisme. Emmanuel Macron sait qu’ « aux âmes bien nées la valeur n’attend point le nombre des années ».Toutefois,  ce qu’il met en avant c’est moins la jeunesse de son âge que l’originalité et la fraîcheur de ses idées.

Adaptation de la durée du travail en fonction de l’âge, droit au chômage en cas de démission, plus d’enseignants dans les zones difficiles, élargissement des horaires d’ouverture des bibliothèques aux soirs et aux dimanches etc.

Mû par un désir de changer la manière dont on fait de la politique,  il a su faire de son manque d’expérience en politique et de sa jeunesse des atouts.

Emmanuel Macron  a eu la bonne lecture de la société française :66% des français pensent en effet que le clivage gauche –droite est dépassé.

Il a compris la lassitude des français vis-à-vis de la classe politique. Aussi a-t- il eu pour projet, de rassembler les progressistes de tout bord. Il s’est ainsi attiré un public divers, venant aussi bien de la gauche que de la droite. Cela relève d’une véritable stratégie, d’une démarche construite depuis longtemps et d’une formidable capacité d’anticipation.

Certes, il aura bénéficié d’un extraordinaire alignement de planètes avec une conjonction de facteurs favorables. Il y a eu  notamment les primaires à droite et à gauche qui se sont soldées par la victoire de candidats peu susceptibles de rassembler dans leur camp et surtout au-delà. François Fillon, qui a été plombé par ses « affaires » faisant vaciller Les Républicains, Benoît Hamon, avec son revenu universel qui a été jugé trop proche de Mélenchon.

Autant de circonstances qui ont créé un véritable boulevard pour Emmanuel Macron, lui permettant de ratisser large.

Emmanuel Macron a fini d’être crédibilisé par des ralliements massifs provenant essentiellement de la gauche mais pas uniquement.

Sa victoire il la doit à son opiniâtreté mais aussi à une maturité certaine.

Ainsi, il n’hésite pas à arborer une solennité qui institutionnalise son profil. « Une joie grave m’habite » a-t-il déclaré lors de sa victoire au soir du premier tour.

C’est avec une grande crédibilité qu’il endosse la posture présidentielle lors du débat de l’entre deux tours face à Marine Le Pen. Pugnacité mais aussi hauteur.

Ses discours, sa démarche  sont fortement empreints d’émotion. Emmanuel Macron a à cœur de toucher son auditoire au cœur. Il cultive l’art de la bienveillance, de l’écoute, de la proximité. Son « Je sais » lors du discours au soir du 7 mai n’est pas sans rappeler le « Je vous ai compris » du Général De Gaulle le 4 Juin 1958 à Alger.

Il se souvient régulièrement de sa grand-mère qui  a joué un rôle prépondérant dans sa formation, pas plus qu’il ne se prive d’hommages appuyés à Brigitte son épouse, sa muse.

Epris de lettres et de philosophie, son ton est teinté de romantisme tout en étant résolument moderne.

La politique n’appartient pas qu’à ceux qui en font une profession.

Emmanuel Macron  vient d’administrer au monde la preuve que la politique n’est pas qu’une affaire d’expérience ou de parti. Il a mis du cœur à l’ouvrage et promet « Je vous servirai avec amour ».

Et si la politique c’était avant tout du cœur et des idées ?

Yacine BA SALL

Directrice Générale de l’Institut BDA

Email : yacine.ba.sall@institutbda.com

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