Publié le 17 Feb 2018 - 22:28
EMMANUELLE JODAN ADJOVI (STYLISTE)

‘’La première dame est très belle et charmante dans ce qu’elle porte’’

 

Originaire du Bénin, Emmanuelle Jodan Adjovi s’est fait une place au Sénégal, son pays d’adoption. Chaque année, et ce depuis 10 ans, elle organise ‘’Emma Style Show’’. L’événement, qui en est à sa 8e édition, sera célébré ce samedi soir au Grand Théâtre. La styliste souhaite, cette année, mobiliser des fonds pour participer à la construction du Centre de traitement des grands brûlés qui sera logé à l’hôpital Fann.

 

Parlez-nous de l’évènement ‘’Emma Style Show’’.

 ‘’Emma Style Show’’ est un diner-spectacle à volet caritatif. Notre objectif est de faire la promotion du luxe et du glamour, mais au service de l’humanitaire. C’est une manière, pour moi, d’aider les gens. C’est une manière également de sensibiliser mes clients et mes amis, à travers ce concept. Aussi, il y a le fait que je suis consultante en marketing. C’est mon métier de base. Et, à ce titre, j’ai pas mal d’entreprises dans mon portefeuille. J’essaie de les sensibiliser sur des œuvres, parce que ce sont des gens qui bougent beaucoup. Souvent, ils n’ont pas le temps de penser à cela. Donc, c’est une soirée où les gens se retrouvent et passent un moment sympathique pour une cause humanitaire.

Au début de l’événement, en 2007, je ne comptais sur aucun soutien. Je pense, stratégiquement, qu’il faut d’abord montrer ce qu’on sait faire, avant de demander aux gens de vous accompagner. Pour la 8e édition, j’ai eu la chance et l’honneur d’être approchée par l’Agence de promotion touristique du Sénégal (Aspt), qui a bien voulu nous appuyer cette année. Au bout de 10 ans, ils se sont dit que l’événement est viable. Il n’empêche que j’ai fait tellement de bruit pour être écoutée, entendue.  Je remercie aussi le ministère de la Culture, parce qu’on avait besoin de ce soutien. Si on a réussi à tenir notre rencontre ici, entre créateurs, c’est grâce à l’appui du ministre Abdou Latif Coulibaly. Il a pris sur lui d’être le parrain de cette édition. Et il a accepté de prendre en charge la location du Grand Théâtre.

Pourquoi avez-vous jugé utile de mettre en place ce concept ?

 Au départ, je l’ai créé parce que, de par mon métier de consultante, je ne voyais pas beaucoup mes clientes de la marque Emma Style. Et comme j’aime faire la fête et recevoir des gens, je me suis dit : tiens, je vais créer un diner. C’était comme si je recevais des invités chez moi. Je rassemblais  mes clientes, j’en profitais surtout pour leur montrer mes dernières collections. C’est pourquoi, au départ, je ne comptais vraiment pas sur les sponsorings et autres. Je misais plutôt sur la vente de cartes d’invitation. Je demandais à mes clientes de passer un bon moment et par la suite on est passé au volet caritatif, suite au décès d’un ami. Et cette année, notre innovation était d’aller au-delà des frontières et, chaque année, on augmente le challenge et on essaie de relever le niveau. Aussi, avons-nous la chance d’avoir des structures qui commencent à nous accompagner et qui nous permettent d’aller de l’avant.

On voit, au Sénégal, que beaucoup de stylistes ont essayé d’organiser des défilés de mode, mais ils ont eu du mal à les pérenniser. Selon vous, c’est dû à quoi ?

 Parce que c’est très difficile d’organiser un défilé de mode. On a toujours des problèmes de financement. Personnellement, ce n’est pas évident. Donc, il faut vraiment se battre pour y arriver. C’est très difficile de faire des shows pareils.

Et vous qui en êtes à la 8e édition, quel est votre secret ?

Cela fait 10 ans que j’organise ‘’Emma Style Show’’. La première édition, c’était en 2007. Apres les 5 premières éditions, j’ai fait de l’événement une biennale, parce que ce n’était pas évident pour moi. Je n’avais personne pour m’accompagner. Mais, par la suite, je me suis dit : vaut mieux tenir et la faire chaque année. ‘’Emma Style Show’’, je le considère comme mon enfant. Et à chaque fois que ça n’allait pas, je me disais que c’était comme un enfant malade. Soit je le laisse tomber, le sacrifier ou essayer de le soigner. J’ai opté pour la seconde alternative. Je le faisais toujours en disant que si c’était mon enfant, je ne le laisserais pas succomber. En plus, c’est un évènement sympathique. L’ambiance est bon enfant. Les gens viennent pour s’amuser et cela fait du bien. Le volet caritatif aussi en est un atout. Pour toutes ces raisons, il me fallait poursuivre cette initiative. C’est pourquoi je me suis toujours battue, malgré les difficultés.

Comment va se dérouler le défilé de ce samedi ?

Comme tout bon défilé de mode. Il y aura des créateurs, des prestations d’artistes. J’ai porté mon choix sur des stylistes de renom. Je me suis basée sur les types de collection qu’ils proposent pour avoir une variété. Et j’en ai invité 17 qui vont venir du Sénégal et de l’étranger. Il s’agit, pour les créateurs nationaux, de Collé Ardo Sow, Boubacar Touré, Lakhad Guèye, Mame Fa Guèye,  Thiané Diagne, Jour-J et Bineta Khouma. Pour les créateurs internationaux, j’ai fait appel à Isabelle Anoh, Gilles Touré, Pathé ‘O, Ciss Saint Moïse, Reda Fawaz de la Côte d’Ivoire, Grace Wallace du Togo, Koro Dk du Burkina Faso et Issa Sorogo des Usa.

Cette année, une partie des fonds collectés au cours du diner-défilé sera réservé au projet de construction du centre de traitement des grands brûlés. Qu’est-ce qui explique votre choix ?

 J’ai perdu un ami brûlé au gaz et je me suis dit que procéder ainsi sera ma contribution. Aussi, c’est un grand projet qui nécessite notre mobilisation à tous. Quand vous suivez l’actualité, il y a pas mal de brûlés qui décèdent, faute de soins. Donc, on s’est dit, pour l’œuvre de cette année, nous allons essayer de parler du centre de traitement des grands brûlés (Ctb). Il faut partager ce qu’on a, contribuer et aider les plus démunis. Je ne peux pas faire ce que d’autres associations font. Ce que je peux faire, c’est mettre à disposition mon image et mon réseau au profit des bonnes œuvres. C’est ce que je suis en train de faire.

Quelle sera votre contribution ?

 Déjà, il y aura une tombola qui est réservée intégralement pour le don. Et sur chaque ticket vendu, les 10 % sont collectés pour appuyer le projet. Nous avons énormément de charges sur cet évènement. C’est pourquoi j’ai réservé les 90 % pour les autres charges qui sont très lourdes. 

De la première à la 7e édition, vous n’avez jamais eu l’accompagnement de l’Etat. Qu’est-ce qui a poussé, selon vous, cette année, les ministères de la Culture et du Tourisme à vous assister ?

 Je pense que cela est dû à la viabilité de notre manifestation. Aussi, il y a le fait de vendre la destination Sénégal. Car, des étrangers viennent de partout pour assister à l’événement. Il ne faut pas oublier que c’est un évènement qui a fait ses preuves. Après 10 ans d’existence, il n’est plus à présenter. Nous avons acquis beaucoup d’expérience et ça, c’est très important.

L’année dernière, ‘’Emma Style Show’’ s’était déroulé en deux jours. Pourquoi avez-vous décidé, cette année, de le tenir en un seul jour ?

C’est une question de budget. Ce n’est pas du tout évident d’organiser un tel évènement en deux jours d’affilée. Cela demande beaucoup de moyens. C’est pourquoi on a décidé d’amoindrir les frais.

Combien vous coûte cet évènement ?

 On ne parle pas de chiffres.

Mais vous vous en sortez quand même ?

 Vous voulez me rembourser ?

Parlons de tout autre chose alors. On voit que vous avez toujours travaillé sur du wax. Et maintenant la matière est très valorisée, voire très prisée par les Sénégalais. Comment appréciez-vous cette tendance ?

 Je la trouve très intéressante. Mais, cette année, j’ai réservé une collection en soie pour une fois et quelques tenues en wax. Je vois que la soie est souple et c’est agréable en tenue de ville. Aussi, j’adore la soie.

En tant que styliste, comment appréciez-vous le port vestimentaire de la première dame ?

Je n’en parlerai pas.

Et si c’était à vous de l’habiller, qu’alliez-vous proposer ?

 Le cas ne s’est pas encore posé. En tout cas, je la trouve très belle et très charmante dans ce qu’elle porte. A chacun son style. Il y a des gens qui s’habillent en près du corps. D’autres aiment être à l’aise dans leur tenue. Le défi d’un créateur, c’est d’adapter notre création au style de la personne qu’on a en face.

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