Publié le 14 Aug 2015 - 12:40
EN PRIVE AVEC ADIOUZA (ARTISTE CHANTEUSE)

‘’A chaque fois que j’annonce mon mariage, rien ne se passe…’’

 

Elle se ballade dans les couloirs de sa maison en chantonnant. Des escaliers menant au deuxième étage de la maison où habitent ses parents à Guédiawaye, l’on entend sa belle voix et c’est sur des notes d’une de ses chansons bien connues qu’elle nous reçoit. La bonne humeur d’Adiouza est presque contagieuse. Avec EnQuête, elle a accepté de parler de son prochain album, de ses amours et de sa relation avec Yaya Jammeh.

 

Vous préparez la sortie de votre troisième album, vous en êtes où ?

Daddy est le titre de l’album  que je compte sortir au cours de cette année. On a sorti une chanson du même nom. Là on est en pleine promotion de ce single. Dans quelques mois, on prévoit de sortir une autre version du titre ‘’Daddy’’. Il y aura aussi un clip pour cette version. On y travaille. Actuellement, on prépare des tournées toujours dans le cadre de la promotion de ce single. Dans le prochain album, l’essentiel des textes sera en rimes. J’ai goûté à cette façon d’écrire et cela m’a plu. J’ai beaucoup côtoyé les rappeurs et ils m’ont beaucoup influencée. Il y aura des collaborations avec certains rappeurs dont je tairai les noms pour l’instant. Dans cet album, je m’ouvre vraiment à d’autres univers. J’y ai pris beaucoup de risques musicalement parlant. On verra maintenant comment le public va l’accueillir.

 Concrètement, qu’est-ce que vous allez proposer au public ?

Je préfère ne pas en parler. Ça sera une surprise pour les mélomanes. Je peux juste dire que ce sera du tout neuf. Un registre que les mélomanes ne m’ont pas vu explorer jusque-là. On verra comment le public l’accueillera et l’appréciera. Avec la nouvelle version de ‘’Daddy’’, il y a des risques pris par Adiouza. Comme d’habitude, j’essaie de proposer aux Sénégalais des sonorités qu’ils n’ont pas l’habitude d’entendre. J’espère que ce que j’apporterai là sera du goût du public. Je sais que c’est un travail de longue haleine fait avec des artistes sénégalais et étrangers que je leur proposerai. Je ne vais pas trop m’épancher là-dessus. Ce sera une surprise. Je n’en dirai pas plus.

Daddy est un hommage à votre papa ?

Oui, à mon papa et à tous les papas du monde. Quand on écoute bien la chanson, les paroles et qu’on s’intéresse un peu aux lyrics, l’on se rend compte que chacun peut s’approprier de la chanson. Je parle du soutien d’un  papa à sa famille et de plein d’autres choses dans cette chanson. Quand même c’est d’abord pour mon très cher papa à qui je tenais à rendre hommage. Depuis que j’ai commencé la musique, mon papa est toujours à mes côtés. Il me soutient et se donne à fond pour que je réussisse dans ma carrière de chanteuse. Franchement je lui devais ça avant de faire voyager ma musique en sortant un album international. ‘’Daddy’’ sera mon premier album international. Je me devais de le faire pour mon très papa. C’est ma façon à moi de lui dire merci pour tout ce qu’il a fait pour moi et pour sa famille. Vous savez, mon père est comme mon complice. Quand je ne vais pas bien, il est là pour moi. Quand je suis heureuse, il est là. Il sait tout de moi à peu près. Il connaît mes faiblesses et forces. Il me connaît comme la paume de sa main. Ma mère aussi est ma complice. Je profite de l’occasion pour lui faire un clin d’œil. Elle vit à Paris. Je suis là avec mon père et il me soutient beaucoup.

Quel bilan tirez-vous de votre carrière depuis que vous êtes rentrée de la France ?

Ça va, Adiouza est une artiste originale qui prend des risques. Des fois quand on prend des risques, ça passe ou ça casse. Les gens souvent souhaitent entendre ce qu’ils avaient l’habitude d’entendre. Quand tu veux les amener ailleurs, quand tu veux les faire voyager ou initier ou innover, des fois beaucoup d’entre eux ne comprennent pas. Il faut vraiment être mélomane et prendre au second degré certains changements artistiques ou ce que je dis dans mes textes. Je me fie à mon intuition de femme et je n’hésite pas à foncer. J’essaie d’allier d’autres styles de musique au mbalax. Je crois toujours au mbalax même si l’on sait tous qu’il ne dépasse pas nos frontières. Tout le monde en est conscient. Aucun artiste sénégalais n’a eu de disque d’or avec le mbalax. Donc on sait que cela reste au Sénégal et ne dépasse pas nos frontières. Alors ma démarche à moi, c’est d’amener le mbalax hors de nos frontières à l’alliant à des rythmes qui vont avec et qui peuvent être vendus sur l’international. Je continuerai à chercher et à proposer. Je ne me découragerai pas.

Vous n’êtes pas de ces jeunes artistes qui se contentent d’une notoriété nationale ?

(Elle rit). Je suis ambitieuse. Cela, il faut le dire aux Sénégalais, Adiouza est une femme hyper ambitieuse. Quand j’ai fini mon premier album, je n’étais rien du tout. J’étais à Paris et personne ne me connaissait à l’époque. Mais moi je me voyais déjà sur les grandes affiches. Je me voyais déjà star internationale. Au début, le Sénégal n’était même pas dans mon programme. Pour moi, j’allais directement faire carrière sur l’international. Il a fallu que mon frère Cheikh Lô Ouza Diallo me propose de venir commencer ici d’abord pour que j’y pense. Il m’a fait comprendre que réussir sur l’international n’est pas si évident que cela. Et que si jamais j’y essuyais un flop, ce serait catastrophique pour moi et je perdrais tout. C’est lui qui m’a conseillée de sortir ici mon album et de me faire connaître ici. C’est lui qui arrange tous mes albums et si ce n’était lui, on ne m’aurait pas connue ici.

Quand j’ai sorti ‘’Madou’’, je ne croyais pas trop en son succès. Je l’ai sorti et je suis repartie tranquillement en France. Je ne me prenais pas au sérieux à l’époque. Avec le succès de ‘’Madou’’, j’ai été obligée de revenir. Je n’y croyais pas au début. C’est après que je me suis dit pourquoi pas ne pas faire carrière ici. Je suis restée et je me suis enlisée. J’ai pris goût au mbalax et à son atmosphère. Je n’ai pas pu faire carrière sur l’international comme je le rêvais. Je suis toujours là et j’en suis à mon troisième album. Ma musique est connue dans des pays africains. Je me suis produite au Burkina, au Mali et un peu partout en Afrique. Mes fans me disent : Adiouza, il est temps que tu exportes ta musique parce que tu en as les possibilités. Et je le sais en toute modestie. Moi avant, je voulais une musique autre que le mbalax. Là, je vais essayer de réaliser ce rêve.

Avez-vous déjà trouvé une maison de production étrangère ?

Non, je préfère ne pas en parler. On verra.

Vous vous investissiez dans l’humanitaire, où en êtes vous ?

Je m’intéresse beaucoup au social parce qu’étant issue d’une famille pas très aisée. Tout le monde sait que mon père a toujours été un artiste engagé, révolutionnaire, qui s’est toujours rangé du côté du peuple. Tous les gouvernements l’ont presque combattu pour cela. Je me rappelle quand j’étais enfant, je ne voyais jamais mon père à la télé par exemple. Je le voyais rarement faire des concerts. Donc, c’était difficile pour lui de subvenir aux besoins de sa famille. Je rends hommage à ma mère qui a été une battante et n’a pas rechigné à faire toute sorte de boulot pour nourrir sa famille. Ma mère a vendu des sandiwichs alors qu’elle était secrétaire de direction de formation. Elle a travaillé dans ce cadre avec Abdoulaye Wade. Quand mon père était dans des difficultés, ma mère était là pour nous tous. Je rends grâce à Dieu de m’avoir donné de pareils parents. Mon père a inculqué à tous ses enfants des valeurs profondes et indéniables. Je suis très fière d’avoir un tel père et une mère qui nous a poussés à terminer nos études. Maintenant, j’essaie d’aider les gens du mieux que je peux même si les moyens ne suivent plus. Je n’ai plus le soutien que j’avais pour vraiment tenir la boutique. La boutique sociale solidaire d’Adiouza n’existe plus. Voilà, vous avez l’exclusivité. Il y a quelques familles que j’aide encore à chaque fin de mois.

Des talibés meurent ces jours-ci par négligence, qu’en pensez-vous ?

Dans mon second album ‘’li ma donn’’ j’ai dédié une chanson aux talibés. Dans l’opus, je disais que ces derniers mendiaient matin, midi et soir dans la rue comme si on les envoyait dans les daara pour ça. Pour moi, la modernisation des daara ne doit pas être qu’un slogan. Elle doit être matérialisée et pour moi, les talibés doivent, en plus du Coran, apprendre le français, l’anglais et on doit les former aussi. Ainsi, ils pourront servir la nation et se servir. Je pense qu’il faut éliminer la mendicité. Je ne suis pas dans la politique et je ne maîtrise pas certaines choses aussi.

Vous êtes l’une des musiciennes sénégalaises les plus appréciées par le Président gambien. Quel genre de relations entretenez-vous avec lui ?

C’est un Président qui a beaucoup fait pour la culture sénégalaise. Aucun artiste sénégalais ne dira le contraire. Il ne s’agit pas juste d’Ouza et d’Adiouza. Moi, quand je vais en concert en Gambie, je rencontre d’autres musiciens sénégalais comme Papa Thione, Wally Seck, Viviane, Aïda Samb et bien d’autres. On doit beaucoup à Yaya Jammeh parce qu’il nous invite à chaque fois qu’il organise des choses. Il aide la culture sénégalaise vraiment. Le Président Jammeh ne se focalise pas sur un artiste et ne donne pas non plus le monopole à un artiste comme ça se fait au Sénégal et dans d’autres pays d’Afrique. Au contraire, le Président gambien nous met tous au même pied pour l’avancement de la culture sénégalaise. Pour ça, je lui rends hommage et lui dis merci de nous soutenir parce qu’on en a besoin. L’art ne nourrit pas son homme au Sénégal et en Afrique. On est obligé d’avoir des parrains qui nous subventionnent. Les choses ne sont pas faciles et rien n’est donné. On peut investir 20 millions dans un album et ne pas recouvrir ne serait-ce que 2 millions. Ce que les gens croient, ce n’est pas du tout la réalité.

Au Sénégal, qui est l’artiste mis en avant au détriment des autres ?

(Elle rit) Je ne sais pas. Je préfère ne pas me mêler de la politique culturelle sénégalaise même si j’ai beaucoup de choses à dire là-dessus. Mais je ne préfère pas m’épancher sur le sujet. Je laisse ça à mon père.

Le côté dictateur de Yaya Jammeh ne vous dérange pas ?

Cela dépend de comment on définit le mot dictateur et de celui qui prononce le mot. Quand on analyse bien les choses, même la démocratie est une sorte de dictature parce que des gens imposent leur façon de voir à d’autres. La dictature aussi, c’est imposer sa pensée à d’autres. Donc, c’est du pareil au même.

Certains Gambiens vous en veulent de soutenir Jammeh. Cela vous fait quoi ?

Mais ça, c’est grave et c’est une dictature. Ce n’est pas parce qu’on ne pense pas de la même manière qu’on est obligé de se battre. Moi, je ne suis pas d’accord avec ça. Je trouve ça sauvage. Ce n’est pas parce qu’on n’a pas la même philosophie qu’on ne doit pas vivre en paix. Je trouve ça ridicule. On est tous des Africains, on doit se donner la main et marcher ensemble vers le développement. C’est cela le plus important. L’Afrique est en traîne par rapport aux autres continents.

A quand le mariage ?

Quand Dieu l’aura décidé. A chaque fois que j’annonce mon mariage, rien ne se passe. Je préfère ne plus donner d’échéance.

Vous êtes en couple avec l’animateur de la RFM Chérif Diop ?

Je suis en couple mais ce n’est pas avec Chérif Diop. Je ne vous dirai pas qui c’est.

 L’on a remarqué qu’à chaque fois que vous sortez un album ou un single, des histoires sur votre vie amoureuse sont montées. Est-ce pour faire le  buzz ?

C’est bizarre mais ce n’est pas mon staff. Je n’aime pas trop le buzz. Je ne sais pas qui a monté cette histoire-là mais moi, je ne suis pas dans ces trucs de buzz. J’ai une autre philosophie et une autre  manière d’imposer mon produit que d’user de telles stratégies. Je préfère adopter les moyens classiques en faisant les radios et télés ainsi que des concerts. Si on veut faire du buzz pour vendre, c’est parce qu’on croit que sa musique ne va pas plaire. 

BIGUE BOB

 

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