Publié le 27 Mar 2015 - 09:05
EN PRIVE AVEC OUSMANE GANGUE (ARTISTE CHANTEUR)

‘’Ce que je dois à Pape Diouf…’’

 

 

 

Sénégalo-mauritanien, Ousmane Gangué est un chanteur qui essaie tant bien que mal de tisser sa toile. Après la sortie de son premier album ‘’Yesso’’, il a mis sur le marché un second opus intitulé ‘’mi arti’’ (ndlr de retour en langue pulaar). De cette nouvelle production, il parle avec EnQuête ainsi que de ses relations avec Pape Diouf et les autres chanteurs en général.

 

Vous êtes resté pendant longtemps en retrait, pourquoi ?

J’avais voyagé. J’étais en Europe. J’y ai passé 5 années durant lesquelles je vivais de ma musique. Je suis un artiste et tout ce que j’ai aujourd’hui, je le dois à ma guitare. Le seul travail que je connais, c’est la musique. Et c’est ce que j’ai toujours fait. Je rends grâce à Dieu. Je suis resté aussi en retrait pendant 10 ans après la sortie de mon album. On m’appelait tout le temps pour la réalisation du deuxième album mais j’étais engagé dans certaines choses que je devais finaliser. Si je suis rentré aujourd’hui, c’est grâce à Pape Diouf.

Comment grâce à Pape Diouf ?

Lors d’un de ses concerts en Mauritanie, il m’a téléphoné pour me dire qu’il fallait que je rentre. Je lui ai dit : ‘’Boy, attends que je te rappelle car je suis  un peu pris en ce moment.’’ Il m’a dit : ‘’Non, écoute-moi d’abord, je suis venu en Mauritanie et j’ai vu ce que tu y as fait. Il faut que tu reviennes. Je sais que si tu restes en France, tu perdras ta place de leader’’. Pape Diouf m’a donc demandé de rentrer au Sénégal pour retrouver ma place au sein des leaders. Le cas contraire, je risquais de tomber dans l’oubli et lui, en tant qu’ami, ne pouvait voir cela arriver.

Comment est née votre amitié avec Pape Diouf ?

C’est la sincérité qui me lie à Pape Diouf. Je mets de côté nos conditions de chanteur. Je parle de sincérité. Pape Diouf est un artiste qui m’a beaucoup soutenu. Il m’a aidé à me faire quelque part. Je n’ai pas d’autres lieux de fréquentation au Sénégal que chez Pape Diouf. Je suis presque chez lui tous les soirs jusque tard dans la nuit. Je suis à l’aise chez lui et sa femme. Et ils me le rendent bien. Quand Pape Diouf vient en Mauritanie, il ne loge pas souvent à l’hôtel mais chez moi. On se dit tout. On ne se cache rien. On partage même nos problèmes familiaux et privés. Il pouvait ne pas en arriver là avec moi. Mais il ne l’a pas fait. Je veux que les Sénégalais sachent que ce n’est pas la musique qui me lie à Pape Diouf.

On est de vrais amis. La musique est un métier, il fait son chemin et moi le mien. On s’est connus grâce à Youssou Ndour puisque c’est lui qui nous a pris dans son label et on jouait avec le Jololi hit band. On s’estime et depuis, on est ensemble. Les artistes n’osent pas se prêter des habits ou même un simple bracelet. Pourtant, c’est Pape Diouf qui m’a offert l’un des boubous que je porte dans mon nouveau clip qui sortira très bientôt. Il m’a offert aussi un boubou le jour du baptême de son fils. Donc Pape Diouf et moi ce n’est pas la chanson qui nous lie. Je n’ai pas peur de le dire. Il fait partie de moi. Je ne le dis pas pour telle ou telle autre raison. Je suis un torodo, je ne mendie pas. Je le dis parce que c’est vrai.

Qu’a-t-il précisément fait pour vous de très particulier qui lui vaut tous ces louanges ?

Si aujourd’hui je suis là, c’est grâce à lui. Ibou Ndour m’a appelé à maintes reprises pour la réalisation de mon deuxième album sans que je ne me décide vraiment. Il a fallu que Pape Diouf m’appelle pour que je revienne. Je l’en remercie et je remercie aussi Prince Arts. Je profite de l’occasion pour remercier par la même occasion Pa Assane Seck qui a assuré toute la communication de mon premier album et il a en charge celle du deuxième qui vient tout juste de sortir.

Au-delà de Pape Diouf, quelles relations entretenez-vous avec les autres artistes ?

Sincèrement, tous les artistes sénégalais, que ce soit les jeunes ou les aînés, m’aiment tous. C’est moi qui ne sais pas quoi faire pour eux afin de les remercier pour leur gentillesse. Je me demande aussi ce que j’ai fait pour eux qui explique tout cet amour de leur part à mon égard. Quand je les retrouve sur leurs scènes, ils sont accueillants et gentils. C’est pour cela que je considère qu’il n’y a pas de concurrence dans la musique. Ils sont tous mes amis.

Vous étiez exactement où en Europe ?

J’ai été à Paris, en Italie, en Espagne, en Suisse etc. J’ai été aussi au Canada pour une prestation et aux Usa également.

Est-ce vrai que  vous aviez des problèmes en France et que vous ne pouviez plus y retourner ?

Il faut que les gens comprennent une chose : nul ne peut et nul n’a le monopole du savoir. Il est facile de se cacher derrière un ordinateur pour dire ce qu’on veut. Je n’ai peur de personne et personne n’a peur de moi aussi. Je jure sur le très Saint Coran que c’est moi qui ai pris ma carte de séjour, accompagné d’une amie qui habite Mante la Jolie, du nom de Collé Dia, pour la retourner à la préfecture d’Etampe. Celui que j’ai trouvé là-bas m’a déconseillé de faire cela parce que j’allais avoir très prochainement une carte de séjour de dix ans.

Je lui ai dit non ; j’avais déjà pris ma décision suite aux conseils d’un ami. On m’avait dit que si je restais en France, je risquais d’être ‘’exclu’’ du cercle des chanteurs. Il valait mieux que je rentre. Déjà que les Sénégalais m’avaient découvert à travers mon premier album qu’ils avaient très bien accueilli. J’ai offert aux gens de la préfecture les DVD de mon anniversaire que j’avais fait ici avec Mbaye Dièye Faye et Dj Prince. Ils l’ont visualisé et m’ont dit qu’ils ne savaient pas que j’avais tout ce public derrière moi. Et puis ceux qui disaient que je n’osais pas retourner en France, cela ne les concerne pas. Je ne prêtais même pas attention à ça. Et les gens, ils disent souvent ce qu’ils veulent.

 Vous venez de mettre sur le marché un nouvel album : ‘’mi arti’.’ Qu’est-ce qui fait la particularité de cette production ?

Les gens se demandaient où j’étais. Que pourrais-je leur dire aujourd’hui si ce n’est que je suis de retour. Si on n’avait pas demandé après moi, je n’allais pas sentir le besoin de dire que je suis là. Après la sortie de mon album ‘’Yesso’’, j’ai dit aux gens que même si j’ai chanté et qu’ils ont aimé, cela ne s’est pas fait sous mes meilleurs jours. Je ne sentais pas ce que j’ai fait dans ‘’Yesso’’. Mon public m’a dit que je ne pouvais pas faire un meilleur album que celui-là. Avec ‘’mi arti’’, j’ai chanté comme je le sens. On peut retrouver deux façades dans cet album.

Au Sénégal, sans le mbalax on n’avance pas, c’est vrai. Mais il y a aussi des amateurs de musique aux couleurs acoustiques. Pour satisfaire tout le monde, j’ai des titres en mbalax et d’autres fortement colorés acoustiques. Dans mon premier album, il n’y a que du mbalax, les gens ne peuvent pas apprécier ce que je fais juste à travers un seul genre musical. Et dans cet album, j’ai chanté un peu en langues maure, wolof, anglais et français. Dans le premier, j’ai chanté entièrement en pulaar. J’ai constaté que ceux qui m’aiment sont nombreux. Il y a des Wolofs qui m’adorent. Pour les satisfaire, j’ai décidé de chanter 90% des sons qui composent l’album dans leur langue.

Quels sont les premiers retours que vous avez eus depuis la sortie de l’album ?

Je commence à avoir peur. Parce que l’album n’est pas encore sorti comme le clip d’ailleurs. Mais les gens m’appellent de partout pour me féliciter. C’est cela qui me fait peur. Seul Dieu sait quelle évolution aura ‘’mi arti’’. Mais pour l’instant, je reste confiant. Je ne dirais pas qu’il sera le meilleur album et qu’il ne sera pas facile de trouver un meilleur album que ‘’mi arti’’.

Qu’est-ce qui est prévu pour la promotion de l’album ?

Tout dépend de Pa Assane Seck et des gens de Prince Art. Je ne fais que suivre des instructions qu’on me donne pour la promotion de l’album. 

BIGUE BOB

 

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