Publié le 21 Apr 2015 - 22:09
EN PRIVE AVEC PAULETTE– ARTISTE CHANTEUSE

‘’Ce qui m’a le plus fait mal, c’est…’’

 

Elle s’illustre dans un genre de plus en plus peu écouté au Sénégal. Mais cela ne la décourage point. Paulette Diémé vient d’ailleurs de sortir un album intitulé Nha Luz, tout en zouk et en cabo presque. Trouvée chez elle, elle parle de cette nouvelle production, de sa longue absence et de certains changements sur sa personnalité.

 

Vous revenez sur la scène avec Nha Luz (ndlr ma lumière), c’est quoi votre lumière ?

Ma lumière, c’est juste pour dire que ma musique a été ma lumière parce que cela m’a permis de changer, d’être plus courageuse, plus forte. La musique m’a permis d’être plus ouverte et de m’attendre à tout. Avant, j’étais trop capricieuse. Je pleurais pour un rien. Même quand la presse véhiculait sur moi des informations fausses, je prenais cela mal. Je me mettais à pleurer et je me disais qu’il fallait que j’arrête. Mais comme j’aime ce que je fais, je trouvais toujours la force de continuer. Ce qui m’a permis de me forger un certain caractère. La musique est un don chez moi et c’est ma foi aussi. Donc, je me disais toujours qu’il fallait que je m’y remette après un mauvais passage.

Que peut-on trouver dans Nha Luz ?

L’album parle en général de la vie. Il parle de mon vécu et de celui de mon entourage. J’y étale mes hauts et mes bas dans ma carrière d’artiste. Des moments durs, j’en ai connu mais j’ai pu me relever malgré tout grâce à ma foi. Il y a une chanson pour ma maman pour lui dire merci. Je parle d’amour, des femmes, des hommes. On a commencé la vente de l’album qui est disponible au studio où j’ai enregistré, chez moi et sur itunes. On va faire des spectacles ici et dans la sous-région. On a prévu une tournée avec les pouponnières de Dakar. J’adore les enfants et je veux les aider. On a prévu d’organiser une tournée avec les paroisses. La moitié ira aux pouponnières.

Vous avez un orchestre maintenant ?

Oui, l’orchestre est déjà monté. Il suffit juste de maîtriser les 16 titres et assurer la partie show avec plus de punch pour le live. On sera prêts d’ici deux mois.

Qu’est-ce qui explique votre longue absence de la scène musicale sénégalaise ?

Cette longue absence était due à la préparation de l’album. On tenait à la qualité et à améliorer mes prestations sur la scène. On voulait aussi refaire mon image. Mon staff trouvait que j’étais trop timide. Il fallait changer cela. J’ai un nouveau staff et un nouveau label qui ont tenu à présenter aux Sénégalais une nouvelle Paulette et du nouveau son.

Concrètement, qu’est-ce qu’ils ont pu changer en vous ?

Waouw ! Je dirais beaucoup parce que maintenant, je suis plus ouverte aux autres artistes et aux journalistes. Sur scène aussi, je me donne plus et mieux qu’avant. Je fais plus de show. J’ai reçu des cours de coaching en quelque sorte de la part de mon manager, mes deux producteurs. Des fois même, des membres du staff remarquaient des défauts et me le faisait savoir. Après, on essayait de corriger les erreurs ensemble. Ils étaient méticuleux sur tout. Il arrivait même qu’on me reproche ma façon de parler ou des réponses servies lors d’interviews.

Pour quelqu’un de timide, comment êtes-vous devenue musicienne ?

J’ai commencé à chanter dans une chorale. Et ce n’était pas facile. Du tout. Quand je suis arrivée et qu’on a commencé à faire les concerts, c’est moi qui faisais presque tous les solos. Il y avait beaucoup de choses qu’on disait dans mon dos. C’était dur. J’ai arrêté avant même la fin de ma première année au sein de cette chorale. Je tombais malade tout le temps ; ma mère m’a dit : ‘’C’est bon, arrête !’’ Après j’ai commencé à travailler avec Philippe (ndlr Philippe Monteiro) et c’était pareil. C’étaient encore des choses pas importantes avec les filles. Mais je crois que tout cela, ce sont des expériences. Je me suis battue jusqu’à ce stade avec l’aide de mon staff qui m’a beaucoup soutenue.

On vous a mis beaucoup de bâtons dans les roues, quelle expérience vous a le plus marquée ?

Ce qui m’a le plus fait mal, c’est quand j’amène mon Cd ou ma vidéo au niveau des radios et chaînes de télévision et qu’on ne les passe jamais. On te dit : ‘’On n’a pas reçu’’, ‘’le gardien n’a pas donné le Cd’’, etc. Tu ne sais jamais ce qui s’est vraiment passé alors qu’on a bien déposé. On ne sait jamais ce qu’il faut faire. Les gens te disent souvent qu’il faut connaître quelqu’un au niveau des médias pour voir son Cd passer ou donner quelque chose. On ne sait vraiment pas par qui passer. Cette fois-ci, on a de la chance. Par la grâce de Dieu, on a amené le Cd et les médias le passent. On peut dire qu’on a trouvé le bon circuit.

Pourquoi vous ne travaillez plus avec Philippe Monteiro ?

Il ne s’est rien passé. Moi, je me dis que lui, il nous a mis sur la route. Il nous a montré le chemin. C’est lui qui nous a aidées à percer. Il nous a propulsées. Que cela soit moi ou les autres filles. Lui a sa carrière à gérer. Il a d’autres albums à faire. Moi, je me suis dit : pourquoi ne  pas continuer ? Heureusement, j’avais mon mari à côté. On a ensemble pu faire le nécessaire, grâce à Dieu.

Vous n’écartez pas l’idée de travailler avec lui dans l’avenir ?

Non ! du tout alors ! On continue à travailler ensemble. Déjà une tournée en Mauritanie qu’on a fait ensemble. Ce noël aussi, on a fait un spectacle ensemble. J’ai des projets avec lui pour des tournées. Juste pour montrer l’alliance qu’il y a entre les chanteurs de zouk et de cabo.   

Comment avez-vous vécu ces moments où on ne parlait plus de vous ?

Grace à Dieu, je les ai bien vécus. Mes fans ne m’ont pas lâchée. A chaque fois, je recevais des appels et les gens m’encourageaient. Dans la rue, on m’interpellait pour me demander si j’avais arrêté de faire de la musique. Ils me disaient que je ne devais pas arrêter que je me devais de continuer. Et je les rassurais en leur disant que j’étais en studio, que cela durait parce que je voulais sortir un produit de qualité. Je veux que ‘’Nha luz’’ dépasse ce que ‘’mas kimal’ a fait. Il fallait du vrai travail derrière. L’album est prêt depuis 2010 mais il nous fallait trouver un producteur. On en a trouvé un qui nous a dit qu’il il faut mettre un peu de ‘’sel’’. On a été obligé de le retravailler. On a essayé de montrer d’autres facettes de Paulette. J’ai chanté en diola, en anglais et sur des bats R’n’b. Et les premiers feed backs sont juste surprenants. Je ne m’attendais pas à cela. Grace à Dieu, on a eu de très très bons retours.

Vous faites une musique qui a du mal à s’imposer au Sénégal actuellement. Pour vous, pourquoi le cabo peine autant à s’imposer ?

Moi, je ne dirais pas qu’il ne s’est pas imposé. Il s’est imposé. C’est plutôt un problème de communication et de promotion qui se pose. Quand on rentre dans un taxi, on va dans un restaurant, on fait passer du cabo en stéréo. La dernière, j’ai pris un taxi. Le chauffeur était un baye fall et il écoutait du cabo. Cela m’a étonnée. Je l’ai interpellé sur ça et il m’a dit que lui n’écoutait que cette musique. Cela m’a donné de l’espoir. Je me suis dit que le reste, c’est à nous de le faire. Il faut juste travailler avec les animateurs d’émissions télé et radio pour booster cela. C’est une musique déjà appréciée.

Mais dans les années 1990, le cabo était la musique la mieux consommée par les jeunes. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. A quoi est dû ce recul ?

Je ne sais pas. Peut-être que c’est la communication qui fait défaut. Mais aussi nous Sénégalais sommes assez complexes. Il y a des gens qui nous demandent de chanter en français parce qu’ils ne comprennent pas ce que nous disons. Pourtant ces mêmes personnes écoutent du Nigérian, le chantent et le dansent. Pareil pour la musique R’n’b. Je me dis qu’ils ne savent même ce que disent ces gens-là mais adorent leur musique.

Vous pensez vous ouvrir à d’autres genres musicaux ?

Pourquoi pas ? Cela dépend de Charles (ndlr son mari et producteur). L’inspiration vient des fois de lui, d’autres fois de moi. On a ainsi travaillé dans Nha luz. Et je ne m’attendais pas à faire tout ce que j’ai fait dans cet album-là. Tout cela s’est bien passé par la grâce de Dieu. Donc je me dis que d’autres genres musicaux, c’est possible. 

BIGUE BOB

 

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