Publié le 17 Nov 2018 - 23:12
ENDA LEAD CHASSEE DU SENEGAL

L’Etat veut asphyxier Y en a marre

 

Après les diatribes du président de la République contre les représentants d’Amnesty International au Sénégal, le gouvernement vient de retirer purement et simplement l’autorisation qu’il avait accordée à Enda Lead. Il lui reproche des ‘’opérations de financement irrégulières’’.

 

Un arrêté signé par le ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, le 5 novembre 2018, indique que celui portant le ‘’n°4678 Mint/Dgat/Dlp/Dla–Pa du 2 avril 2013 portant autorisation d’une association étrangère dénommée ‘’Leadership Afrique-Francophone’’ a été abrogé. Les motifs évoqués sont les suivants : ‘’Violation des dispositions de l’article 2 des statuts relatives à l’objet poursuivi par l’organisation’’ et ‘’participation à des opérations de financement irrégulières d’une association ne bénéficiant pas de la reconnaissance d’utilité publique’’.

Aly Ngouille Ndiaye ne s’en limite pas. Il précise à l’article 2 dudit arrêté que ‘’l’abrogation prononcée à l’article premier met fin à l’autorisation de la structure et entraine la cessation immédiate de ses activités sur toute l’étendue du territoire. La décision a été notifiée au directeur exécutif de l’association, Moussa Mbaye Guèye, hier. Cette décision, pour le moins inattendue, ne sera pas du tout de nature à apaiser les relations exécrables entre le pouvoir et les organisations de la société civile.

Osiwa, Enda Tiers-monde et Oxfam en ligne de mire

Pour rappel, suite à la sortie de Macky Sall sur Amnesty, le Forum civil avait déclaré que ‘’l’attitude frileuse et antidémocratique (du gouvernement) n’honore guère des dirigeants qui envisagent d’organiser dans notre pays les assises de l’Internationale libérale qui a comme credo la protection et la défense des libertés’’. Le retrait de l’autorisation fait suite à une longue stratégie d’intimidation, indiquent certaines sources qui témoignent que le patron d’Enda Lead a déjà été convoqué, avant-hier, à la police, dans le cadre d'une enquête visant, entre autres, les origines des financements du mouvement Y en a marre.

Outre Enda Lead, le gouvernement est aussi aux trousses d’Osiwa, d’Enda Tiers-monde et d’Oxfam.

Une mise en demeure aurait été envoyée à toutes ces structures, afin de recueillir leurs observations sur la nature des relations qu'elles entretiennent avec Y en a marre. En un mot, le gouvernement, en cette veille de scrutin, veut diminuer la force de frappe de Y en a marre, déplorent toujours nos interlocuteurs. Avec cette abrogation, ce sont tous ces projets financés par Lead Afrique Francophone qui risquent de prendre du plomb dans les ailes.

L'organisation intervient, en effet, beaucoup plus dans les domaines de l'écosanté, de la micro-irrigation, des ‘’daara’’ durables, de l’autonomisation économique des femmes, du secteur extractif, du leadership...

Mor AMAR

Section: