Publié le 29 Apr 2014 - 09:11
ENJEUX DES ÉLECTIONS LOCALES

Des ministres à l’épreuve du terrain et de la... guillotine

 

Les joutes électorales de juin 2014 mettront à l’épreuve plusieurs ministres condamnés à gagner dans leur localité respective sous peine de passer à la guillotine présidentielle. 

 

Les partis ou coalitions de partis ont jusqu’à ce soir à minuit pour déposer leur liste en vue des élections locales du 29 juin 2014. On imagine déjà les difficultés qu'ils vont rencontrer à cette étape du processus électoral, au regard des ambitions des uns et des autres. L’enjeu de ce scrutin est cependant multiple pour le pouvoir qui voudrait confirmer sa majorité électorale face à une opposition dopée par le retour de Me Abdoulaye Wade. 

Le scrutin aura surtout valeur de référendum pour Macky Sall qui souhaite briguer un second mandat en 2017. C’est sans doute pour cela que le président de la République a tôt fait de mettre la pression sur les ministres (et Dg de sociétés nationales) qui n’auront pas gagné dans leur fief aux élections locales, avec des promesses de sanctions. 

En tout cas, le ministre des Transports et des Infrastructures routières, Thierno Alassane Sall, et son collègue des Forces armées, Augustin Tine, auront fort à faire à Thiès. Respectivement tête de liste proportionnelle à Thiès Nord et tête de liste départementale, Messieurs Sall et Tine devront faire face à l’ancien Premier ministre Idrissa Seck qui contrôle la mairie depuis dix ans. Le leader de Rewmi fait de sa réélection à la tête de la commune de Thiès une question de survie politique.

‘’Si je perds Thiès, je mets un terme à ma carrière politique’’, avait-il déclaré. Ses liens «affectifs» avec les populations sont un atout pour lui, mais le changement de majorité présidentielle en 2012 et son départ de la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY) est un réel danger pour lui. 

Mor Ngom, ministre de l’Environnement, aura-t-il assez de carapace pour déboulonner le député-maire de Bambey, la libérale Aïda Mbodj ? La mission est pour le moins périlleuse. Tête de liste proportionnelle à Ndangalma dans la communauté rurale de Bambey, Mor Ngom devra affronter une adversaire redoutable de par son expérience politique. La forte mobilisation notée lors du lancement à Dakar de son mouvement dénommé «And saxal Ligey» semble lui avoir donné des ailes, surtout si elle devait profiter des divisions de la majorité présidentielle locale. 

A Ziguinchor, la bataille pour la conquête de la commune sera rude. Le ministre de la Jeunesse et des Valeurs civiques, Benoît Sambou, tête de liste départementale, a juré de bouter Abdoulaye Baldé hors de la mairie de Ziguinchor. S'il a l’avantage de disposer de moyens financiers importants selon une logique désormais bien établie, son adversité interne avec Doudou Ka, directeur du Fonds de garantie des investissements prioritaires (FONGIP), peut compromettre ses chances. Ce dernier, investi (malgré lui ?) tête de liste proportionnelle, conteste son leadership. 

Le ministre des Affaires étrangères Mankeur Ndiaye est lui en roue libre à Dagana. Sauf qu'il lui sera extrêmement difficile de battre Oumar Sarr. Le coordinateur du PDS jouit d’une légitimé certaine dans une localité dont il est le maire depuis 1996. A l’instar du maire de Thiès, il n’a pas hésité à se lancer un défi au cours d’une réunion de Comité directeur.

«Si je perds les élections, je démissionne (de la coordination du PDS)’’. La socialiste Aminata Mbengue Ndiaye, ministre de l’Élevage, serait elle aussi en zone conquise depuis plusieurs années. Leader des femmes du Ps, elle pourrait être tête de liste majoritaire sous la bannière de BBY, mais en comptant avec l'appétit développé par les alliés de l'Apr ces derniers mois. 

A Kaolack, le parti présidentiel semble avoir pris une longueur d'avance, avec la nomination du maire Afp sortant Madieyna Diouf au conseil de surveillance de la Haute autorité de l'aéroport Senghor il y a quelques jours. Un éloignement qui serait destiné à baliser le chemin pour Mariama Sarr, éjectée du remaniement de septembre 2013 et sans strapontin depuis... Tête de liste majoritaire, elle devrait affronter d'autres listes dont celles de Me El Hadji Diouf (PTP), Adji Mergane Kanouté (UDS/Authentique), par ailleurs coordonnatrice des femmes de BBY. 

Le maire libéral de Kolda, Bécaye Diop, pourrait bien faire ses valises au soir du 29 juin prochain, après le décompte des voix. Accusé de ‘‘mauvaise gestion des ordures et des inondations’’ par les conseillers, le candidat de Bokk Gis Gis est sous la menace du responsable local de l'Apr, Abdoulaye Bibi Baldé. Vainqueur lors de la présidentielle à Kolda, le ministre du Plan voudra confirmer sa performance devant l'ex-ministre de la Défense. 

L'un des duels les plus palpitants aura lieu à Grand-Yoff, entre le Premier ministre Aminata Touré de l'Apr, et le maire sortant de Dakar Khalifa Sall, du Ps, qui a mis en place une coalition pour porter sa candidature à un second mandat.

Le chef du gouvernement part en campagne avec une coalition très divisée (voir EnQuête d’hier), car la plupart des partis de Benno Bokk Yaakaar dont elle est la tête de liste majoritaire ont préféré rejoindre la coalition «Taxawu Ndakaru» de Sall. Mieux, ce dernier peut se targuer d’avoir un bilan positif et apprécié par beaucoup de Dakarois. Toutefois, le soutien du frangin de la première Dame, en l'occurrence Adama Faye, tête de liste proportionnelle, peut lui être d’un grand apport.

DAOUDA GBAYA

 

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