Publié le 4 Jul 2012 - 22:00
ENTRETIEN AVEC MAME BIRAM DIOUF-2EME PARTIE ET FIN

"Mon absence à la CAN a été injuste"

 

Mame Biram Diouf a toujours le sourire. Même après avoir vécu deux mois de galère avec une cheville fracassée, et contraint de se déplacer avec des béquilles. C’est dans la maison qu’il a offerte à sa maman à Ouest-foire, que le désormais joueur de Hanovre (Bundesliga) est revenu sur sa saison marquée par le banc à Manchester, l’absence à la CAN, la renaissance à Hanovre, et le drame.

 

Ne regrettez-vous pas d’être resté une partie de la saison à Manchester United sans jouer ?

 

Non ! (il se répète) je ne regrette rien. Quand on est footballeur, on est toujours positif, on se dit toujours ça va aller, et qu’on aura des lendemains meilleurs quand on est dans des difficultés. Je ne pouvais pas partir au début parce que le coach ne voulait pas. Ils (les dirigeants de United) voulaient que j’attende encore. Attendre, attendre jusqu’à quand ? Et je ne pouvais plus attendre. C’est pourquoi je suis allé voir Sir Alex Ferguson, et puis il a accepté de me laisser partir.

 

Mais est-ce que cette attente ne vous a pas gâché certaines choses comme le fait de ne pas figurer dans la liste des 23 pour la CAN ?

 

Si ! C’est sur ça que l’entraîneur s’est basé pour ne pas me sélectionner en disant que je ne jouais pas. Mais je jouais deux fois par semaine avec la réserve. A chaque match, je mettais beaucoup de buts. Alors si ce n’est que la compétition, je l’avais.

 

Comment avez-vous su que vous n’étiez pas sur la liste ? Par l’intermédiaire du coach ?

 

Non ! (il sourit), coach (Ndlr : Amara Traoré) cela fait longtemps que je ne l’ai pas entendu (il s’exclame).

 

Personne du staff ne vous a pas appelé ?

 

Personne. C’est mon ami (Ndlr : Il désigne son meilleur ami Wacka, présent au cours de l’entretien) qui m’a appelé pour me le dire. J’étais dans les vestiaires de Manchester, je venais de finir mes entraînements et j’ai vu mon portable sonner. Il me dit : ‘’Boy, la liste est sortie, mais t’es pas sélectionné’’.

 

"A Manchester, on me disait : ‘’Qu’est-ce qui arrive à ton équipe nationale ?"

 

Qu’avez vous ressenti ce jour-là ?

 

Cela m’a fait très mal, car j’avais travaillé dur pour en faire partie. J’ai souffert et entendu beaucoup de choses. J’ai tout laissé pour me concentrer à l’équipe nationale et faire des sacrifices. J’étais toujours présent à n’importe quel moment. Personne ne devait partir à la CAN et me laisser.

 

Pensez-vous que c’était une injustice ?

 

Catégorique. Oui, c’est une injustice (il se répète). Vous ne pouvez pas prendre quelqu’un du début à la fin des éliminatoires et au moment d’aller à la CAN lui dire que vous ne pouvez pas faire partie de la liste. Pourquoi ? Pour quelles raisons ? Il (coach) dit que je n’ai pas de compétition, c’est trop facile. Cela m’a fait mal parce que je suis un footballeur et je porte toutes mes espérances sur le football. C’est comme travaillez le mois et qu’on vous dit, on ne va pas vous payer. En discutant avec la famille, les amis, vous sentez nettement que ça leur faisait mal aussi, mais j’ai fini par oublier.

 

Comment avez-vous vécu la déroute des Lions à Bata ?

 

Je l’ai vécu avec beaucoup de mal, je suis sénégalais avant tout et je ne peux que souhaiter le meilleur pour mon pays. A United, mes coéquipiers me chambraient sur cela. Ils me disaient tout le temps : ‘’Qu’est-ce qui arrive à ton équipe nationale ?’’ Cela me faisait mal.

 

Pour en revenir à votre club, comment expliquez-vous votre intégration rapide à Hanovre ?

 

Au début, c’était difficile car je ne parlais pas allemand, et le coach ne parlait que cette langue. Mais il y avait l’entraîneur adjoint qui me traduisait ses consignes. Il y avait aussi dans le groupe le Tunisien Karim Hagui avec qui je discutais en français, et certains joueurs norvégiens avec qui je parlais en norvégien. L’équipe, c’est comme une famille, ils (les dirigeants et joueurs) vous ouvrent toutes les portes et vous facilitent la vie. Il ne reste que le foot, et les terrains sont partout les mêmes.

 

Vous êtes transféré définitivement à Hanovre, quelles sont vos ambitions pour la saison prochaine ?

 

Comme tout footballeur, progresser, vivre encore le plus haut niveau, remporter des titres.

 

En revenant sur votre carrière, vous ne vous dites pas que Manchester United était arrivé un peu tôt pour vous ?

 

Non, car j’ai vécu 5 ans en Norvège, et j’ai souffert là-bas. C’est mon talent qui m’a amené à United. J’étais là-bas aussi pour gagner en maturité et je n’ai pas regretté. J’ai appris beaucoup de choses en côtoyant des attaquants comme Rooney, Owen, Berbatov, Chicarito. Des choses qui m’ont permis de m’imposer à Hanovre.

 

Vous avez quitté United sans convaincre véritablement Manchester, pensez-vous revenir dans ce club dans le futur ?

 

 

Rien n’est impossible dans la vie, mais pour le moment, je suis à Hanovre et je veux m’y concentrer à 100% en attendant autre chose que Dieu me donnera. Je prie Dieu d’être guéri avant le début de la saison pour pouvoir démarrer avec eux (Hanovre).

 

 

 

NDIASSE SAMBE ET MAMADOU L. SANE

 

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