Publié le 10 Feb 2019 - 04:46
ENTRETIEN AVEC SEYDOU GUEYE (PORTE-PAROLE DE L’APR)

‘’Wade nous a habitués à clignoter à droite et à tourner à gauche’’

 

Après une semaine intense de campagne électorale, le candidat de la majorité déroule. Le ministre Seydou Guèye, porte-parole de l’Alliance pour la République, fait le point sur la stratégie de son candidat, le jeu des alliances qui se poursuit et surtout l’intrusion de l’ex-président Abdoulaye Wade qui vient bouleverser le cours des choses, avec un discours belliqueux.

 

Quel commentaire faites-vous de l’arrivée de Me Wade à Dakar et des propos qu’il a tenus sur votre candidat ?

Abdoulaye Wade appartient au passé. Ses déclarations incendiaires, invitant les Sénégalais à déchirer leurs cartes d’électeur et à brûler les urnes, sont la manifestation d’une tentative de sabotage du processus électoral qui ne saurait être toléré. Son plan de guerre est voué à l’échec. Il se rendra à l’évidence que sa télécommande, qu’il ne cessait d’actionner depuis Versailles, ne saurait fonctionner en terre sénégalaise. Wade n’a pas fait le choix du boycott, mais plutôt d’une surenchère politique démesurée. Mais, une chose est sûre, il nous a habitués à clignoter à droite et à tourner à gauche. L’homme n’a pas changé. Il déteste la retenue qui sied aux grands hommes, aux hommes d’Etat, tout simplement. Jamais le président Macky Sall n’abaissera la fonction présidentielle en lui répondant.

Faut-il avoir des craintes sur le déroulement de l’élection présidentielle et même le scrutin du 24 février ?

Le 24 février 2019, le suffrage des Sénégalais s’exprimera à l’échelle du territoire national et de la diaspora. Les Sénégalais choisiront notre candidat, le président Macky Sall, le candidat de la stabilité. Je puis vous garantir que l’Etat prendra toutes les dispositions nécessaires pour garantir la sécurité de nos concitoyens contre toute forme d’intimidation ou de détournement de leur volonté par des combinaisons machiavéliques de vestiges du passé. Les tentatives d’installer la peur dans l’esprit des Sénégalais ne passeront pas. Nous avons un peuple mûr, qui sait prendre ses responsabilités. D’ailleurs, nous sommes tous témoins de la vague de désapprobations qui a accueilli ses élucubrations. C’est la première fois, dans l’histoire politique du Sénégal, qu’un homme ayant occupé la plus haute fonction de ce pays s’adonne à un pareil spectacle. Les Sénégalais n’en reviennent pas. Franchement, je pense qu’il faut sauver le soldat Wade.  

Pensez-vous que Wade ait les moyens de faire ce qu’il a dit ?

Dans un premier temps, il a dit que la Présidentielle ne se tiendrait pas sans son fils. Ensuite, il a déclaré urbi et orbi que notre candidat ne battrait pas campagne. Et aujourd’hui, il en appelle au boycott de la Présidentielle. A la vérité des faits, son fils n’est pas candidat et la campagne se déroule très bien. Wade ne détient plus le monopole de la violence symbolique.  Pour avoir perdu l’initiative politique au soir du 25 mars 2012, il doit se résigner. Après lui, ce ne sera pas le déluge.

Ce discours ne va-t-il pas parasiter celui de votre candidat et, par ricochet, celui des autres engagés à cette Présidentielle ?

Je vous l’ai dit : Jamais le président Macky Sall n’abaissera la fonction présidentielle en lui répondant. Le président Macky Sall est un homme serein. Il a hérité d’un pays à genoux et, sept ans durant, il s’est évertué à le redresser. Aujourd’hui, la nouvelle trajectoire économique du Sénégal, marquée par une croissance à la fois forte, soutenue et vigoureuse, l’attractivité de notre environnement des affaires, le renouveau infrastructurel, prouvent que le président Macky Sall a relevé les défis du redressement pour pouvoir inscrire notre pays dans une perspective de transformation de sa structure socio-économique. Pour les autres candidats, j’avoue que je suis déçu par la faiblesse de leurs offres assimilables à de simples déclarations d’intention.  

Justement, le président Macky Sall met l’accent sur ses réalisations, depuis le début de la campagne et fait moins de promesses. Qu’est-ce que cela signifie ?

Je pense que le président Macky Sall fait mieux que des promesses. En vérité, il s’est engagé à léguer aux générations futures un pays prospère. L’objectif qu’il partage avec les Sénégalais, c’est de bâtir un Sénégal uni et prospère dans l’équité et la justice. C’est tout le sens de son combat. L’équité et la justice constituent l’épine dorsale de sa politique. Tant bien même que les leviers de croissance sont activés, une politique sociale est mise en œuvre, à travers les Bourses de sécurité familiale, la Couverture maladie universelle, le Pudc, Promovilles, Puma, etc. En réalité, le président Macky Sall est dans le temps de l’action, le temps utile.

Dernièrement, il a procédé à l’inauguration de plusieurs infrastructures qui ne sont pas encore achevées. Ne craignez-vous pas que cela soit contre-productif ?

Je pense qu’il y a une confusion sémantique entretenue par des marchands d’illusions qui n’ont jamais rien proposé à leur pays. Ils n’ont rien compris. Pour l’Airbus, il a été question de présentation d’un appareil flambant neuf, contrairement aux avions ‘’brandés’’ aux couleurs du Sénégal et qui devaient changer d’habillage régulièrement sous l’ancien régime. Pour le Ter, il a été question d’une réception et le président Macky Sall en a profité pour tester le dispositif, de la gare de Diamniadio à la gare emblématique de Dakar, en passant par Rufisque et Colobane.

Aujourd’hui, notre patrimoine autoroutier est ouvert aux usagers. Qu’il s’agisse de Ila-Touba, Aibd - Thiès ou encore Aibd - Mbour. Ils sont séduits par la qualité des ouvrages, le service et le temps du voyage.

Quel bilan faites-vous de cette semaine de campagne qui s’achève ?

Nous sommes satisfaits. Très satisfaits. La campagne se passe très bien. Sans prétention, nous battons la meilleure campagne, actuellement.  La déferlante populaire qui accueille le président Macky Sall montre que les Sénégalais ont adhéré à son programme. D’ailleurs, c’est ce qui a semé la confusion dans le camp de l’opposition.

Pouvez-vous revenir sur la stratégie qui a été développée jusqu’ici ?

Une stratégie, on ne la dévoile pas avant la fin des opérations. Sinon, c’en est plus une. Ce que je peux vous dire, c’est que nous déroulons notre stratégie au fil des jours. Nous sommes en complicité avec les militants qui sont eux-mêmes plus engagés, plus enthousiastes et plus confiants. Une campagne électorale est un moment fort de grande ferveur politique et c’est ce que le président Macky Sall, candidat de Benno Bokk Yaakar, vit et partage avec tous les militants et sympathisants. La même chose avec tous les alliés et leaders mobilisés à ses côtés, dans son cortège ou à la base, à travers les comités électoraux. Plus extraordinaire encore, au-delà de la grande mobilisation autour des meetings, nous nous rendons compte, pendant les porte-à-porte et les visites de proximité, du coefficient de sympathie du président Macky Sall qui augurent de réelles perspectives au soir du 24 février 2019.

La coalition Bb y a réussi à pêcher de gros poissons, notamment Aïssata Tall Sall. Mais la coalition Idy-2019 regroupe l’essentiel des recalés des parrainages et tout récemment Khalifa Sall. Comment voyez-vous les rapports de forces en présence ?

La grande coalition politique, c’est Benno Bokk Yaakar, renforcée par la coalition dite de la Majorité présidentielle, les mouvements politiques, les assemblées religieuses, traditionnelles ou coutumières, les groupements de jeunes et de femmes, sans oublier la Plateforme des forces de l’émergence. Par conséquent, il n’y a pas de rapport de force qui tienne, puisque les forces ne sont pas égales. Loin de là. Une liste de noms et de personnes de soutien n’est pas synonyme de poids électoral. Surtout lorsqu’il s’agit des recalés qui peuplent le boulevard des invalidés. Comme vous le savez, ‘’doolé yémoul’’. Nous avons un leadership incontestable, nous avons une méthode mobilisatrice et une grande capacité d’organisation sereine, cohérente et diversifiée partout au Sénégal jusque dans la diaspora. Vous ne pouvez pas en dire autant de l’opposition.

On a noté quelques actes de violence, notamment à Saint-Louis, avec l’attaque de la caravane de Sonko, et hier à Louga avec des jets de pierres essuyés par ce même candidat et ses militants. Quel commentaire en faites-vous ?

Sans donner une quelconque caution à la violence d’où qu’elle provienne, il est heureux de constater que cette présente campagne électorale est très apaisée. Globalement, tout se passe dans la cordialité et dans la grande sagesse. Même dans les traits d’humour, notre camp est resté fair-play. Et je peux vous dire que nous ne céderons pas à la provocation.

Est-ce qu’on peut espérer de Bby que ses militants vont rester fair-play jusqu’au bout ?

Tout à fait. Et comme toujours.

Dakar est considérée comme la mère des batailles où vous-même et beaucoup de responsables êtes engagés. Etes-vous confiant, malgré la concurrence ?

Je suis très confiant ! D’abord, parce que le président Macky Sall a obtenu 606 619 voix, soit 73,59 % à Dakar en 2012. Ensuite, en 2017, lors des élections législatives, alors que le président Macky Sall n’était pas engagé dans la compétition, Dakar est tombée entre les mains de la coalition Benno Bokk Yakaar. Je suis convaincu que notre candidat est meilleur.

Les propos de votre candidat tenus à Matam sont considérés par l’un des candidats comme une dérive ethniciste. Quel commentaire faites-vous ?

Le président Macky Sall est un Sénégalais de synthèse. Faire de telles insinuations est caractéristique d’un manque de fair-play de ce candidat dont vous parlez. Heureusement que les Sénégalais ne sont pas dupes, au point de se laisser entraîner dans des considérations ehnicistes qui n’ont rien à voir avec la politique.

Gaston COLY

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