Publié le 3 Jul 2015 - 16:35
EPINGLES DANS LEUR FIEF POUR HUIT ANS DE TRAVAUX FORCES

Mbeubeuss, l’eldorado des trafiquants de chanvre indien 

 

Devant la Chambre criminelle du tribunal de grande instance, les affaires se succèdent et ne se ressemblent pas. Hier encore, de présumés trafiquants de drogue ont comparu.

 

A Mbeubeuss, il n’y a pas que des déchets. C’est également un repaire de trafiquants de chanvre indien où Mamadou Coulibaly, Abdourahmane Camara, Pape Diakhaté Camara et Abdoulaye Ndiaye ont été cueillis par des éléments de la Division des investigations criminelles, un matin du 17 août 2009. Après 6 ans de détention préventive, ils ont connu hier leur sort. Trois d’entre eux ont écopé de 8 ans de travaux forcés. Les policiers avaient eu vent d’un réseau de trafic. Mamadou Coulibaly, marchand ambulant, a été arrêté avec 12 kilogrammes de chanvre indien.

Pensionnaire à la maison d’arrêt de Rebeuss en 2001, il avait fait deux ans de prison pour des faits similaires. Hier devant le juge, il a tenté de se disculper, en soutenant qu’il se tenait devant sa cabane qui fait face à celle d’un nommé Rane Diop dans lequel se trouvait le sac de chanvre, lorsqu’il a été arrêté. Mais son passé pénal n’a pas convaincu le procureur qui estime qu’il ne mérite aucune clémence, parce que n’étant pas prêt à abandonner le trafic de drogue. Sur ces entrefaites, il a requis 20 ans de travaux forcés plus une amende de trois millions.

Le brocanteur Abdourahmane Camara et son présumé acolyte ferrailleur Pape Diakhaté Camara ont été attrapés en possession de 5 kilogrammes de chanvre indien dans un bar, avant d’être embarqués. Eux aussi ont changé de discours, devant la chambre criminelle. Abdourahmane Camara a avoué être un adepte de l’alcool et réfuté s’activer dans la vente de chanvre indien. Le bar dont il est question dans le procès-verbal est, selon ses dires, une espèce de tente qu’il n’a aménagée que pour sa personne. Pape Diakhaté Camara a lui déclaré qu’il ne savait pas que le sac qu’il a apporté sur les lieux, pour le compte d’un certain Assane Sow, contenait un produit prohibé. Abdoulaye Ndiaye a soutenu devant le juge qu’il n’avait jamais fréquenté le lieu auparavant. Qu’il s’y trouvait ce jour-là, parce qu’il était à la poursuite d’un malfaiteur qui lui avait chipé son sac avant de pénétrer à Mbeubeuss. Menuisier métallique reconverti dans la vente d’habits, il avait déposé son sac contenant de la marchandise qu’il venait d’acheter, devant une gargote à Keur Massar. A sa grande surprise, il a aperçu un voleur s’en emparer et prendre la direction de Mbeubeuss.

Malgré  leurs dénégations, le procureur a requis une peine de 12 ans de travaux forcés suivie d’une amende d’un million pour chacun. La défense de trois des accusés s’est plutôt penchée sur le fait que l’ordonnance de renvoi du juge se fonde sur une chose qu’on n’a pas vue, à savoir la drogue saisie. De l’avis des conseils, les ciseaux, la corne, les sommes d’argent ainsi que la drogue saisis devaient être présentés au prétoire pour que tout le monde ait conscience qu’il s’agit d’une vérité absolue.

Mais le juge Bara Guèye a déclaré Mamadou Coulibaly, Abdourahmane Camara et Pape Diakhaté Camara coupables des faits reprochés et les a condamnés à 8 ans de prison. Abdoulaye Ndiaye est libre, après 5 ans de détention préventive.

Deux Nigérians écopent de douze ans de travaux forcés

Devant le juge Bara Guèye, les noms changent, les destinations et les raisons, mais les procédés demeurent les mêmes pour le ressortissants nigérians invariablement condamnés pour trafic de drogue. Edouard Leno et Victor Okechukwu alias Sidiki Fofana sont deux mules condamnés hier à 12 ans de prison. En escale à l’aéroport de Dakar, le premier nommé devait rejoindre le Brésil. Il a été ciblé puis inculpé, après avoir expulsé 30 boulettes de cocaïne. Victor Okechukwu alias Sidiki Fofana a lui expulsé 91 boulettes de drogue. Il a écopé de la même peine et devra payer une amende de 120 millions.

La dernière affaire qui devait être traduite à la barre sera finalement renvoyée à la prochaine session, puisque l’accusé Ibrahima Mbengue, inculpé suite à un meurtre, est décédé il y a quelque temps en prison.

AMINATA FAYE (Stagiaire)

 

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