Publié le 1 Dec 2018 - 19:55
EROSION COTIERE ET SERIE DE DRAMES A SAINT-LOUIS

Mame Thierno Dieng indexe le régime libéral

 

Le reboisement, la pollution, la déforestation, mais surtout l’érosion côtière ont été les principales préoccupations des députés, lors du vote du projet de budget 2019 du ministère de l’Environnement et du Développement durable. Particulièrement sur la situation de Saint-Louis, Mame Thierno Dieng pointe du doigt la brèche érigée en 2003 par le régime libéral.

 

La situation à Saint-Louis, marquée par l’érosion côtière et une série inédite de drames, préoccupe les députés, en particulier Cheikh Bamba Dièye. Hier, lors du vote du projet de budget 2019 du ministère de l’Environnement et du Développement durable, l’ex-maire de la capitale du Nord s’est fait le porte-parole de sa ville. Face aux multiples déchainements de la mer dans cette région, notamment dans la Langue de Barbarie, le parlementaire a lancé un cri du cœur pour une solution urgente. ‘’Saint-Louis symbolise le changement climatique au Sénégal. La situation qu’elle traverse présentement est éprouvante pour les populations’’, alerte Cheikh Bamba Dièye, qui pointe du doigt la brèche.

‘’En 2003, il a été ouvert une brèche qui, jusqu'à présent, crée des problèmes, car plus de 360 personnes ont perdu la vie, sans compter l'avancée de la mer’’, déplore-t-il. Justement, par rapport à la situation que vit la Langue de Barbarie, le ministre de l’Environnement et du Développement durable est en phase avec le député. Mame Thierno Dieng indexe également le régime sortant. ‘’Le véritable problème, c’est l’ouverture de cette brèche. Face aux inondations, ne sachant pas quoi faire, on l’a ouverte, pensant que cela va aspirer les inondations. Malheureusement, c'est l'effet inverse’’, martèle le ministre. Qui ajoute : ‘’D'une brèche de 4 m, nous sommes passés à 6, car il y a des dunes de sable qui s'accumulent à l'intérieur de la mer. Elles sont invisibles et les pirogues y butent.’’

Cheikh Bamba Dièye décrète l’état d’urgence

Outre ces accidents en mer, il y a l’avancée de la mer qui engloutit souvent des maisons. Ce qui fait dire à Cheikh Bamba Dièye que Saint-Louis a besoin d'une solution urgente. ‘’C'est vrai que le gouvernement a engagé beaucoup de projets avec des partenaires internationaux, mais les questions environnementales et la sécurité ne peuvent pas être résolues avec des projets d'urgence à long terme, car ce sont des urgences immédiates’’, indique le député, tout en précisant que plus de 100 000 personnes vivent dans la Langue de Barbarie. Selon son argument, il y a une menace sur l'ensemble des écosystèmes du Sénégal.

Spécifiquement pour Saint-Louis, il indique qu’avec la manière dont le trait de côte avance, d'ici 20 ans, la configuration spéciale de la ville va changer, son environnement ainsi que tout l'écosystème. A la longue, l'île va disparaître. Car, argue-t-il, souvent, il y a moins de 50 m entre la mer et le fleuve.

Dans ses réponses, le ministre a fait savoir que tout est urgent, concernant les questions environnementales. Mais, poursuit-il, ‘’avec la volonté de toute la République et la disponibilité des moyens, le gouvernement parviendra à soustraire les populations de Saint-Louis et de Cayar de cette douloureuse situation’’.

Par rapport aux solutions immédiates sollicitées par Cheikh Bamba Dièye, Mame Thierno Dieng a rétorqué que le Sénégal a mis en place des mesures d’urgence et en long terme, car on ne peut pas agir sur un phénomène dont on ignore les déterminants.

Les précisions sur la bande de filaos

Par ailleurs, sur les autres questions comme le reboisement, l’hôte des députés a laissé entendre que le ministère est dans une dynamique permanente de reboisement. Il a également fait savoir que son département ne restera pas inactif et ne laissera pas des individus dévaster nos forêts. D’autant plus que la protection des forêts est aussi un moyen d’atténuation des effets du changement climatique.

S’agissant de la gestion des forêts classées, le ministre a tenu à préciser en commission qu’il n’a jamais été question d’interdire la coupe de bois. ‘’Il s’est agi plutôt de la réglementation pour organiser l’exploitation rationnelle et durable de la forêt afin de satisfaire les besoins des générations présentes et futures’’, indique M. Dieng.

Même si elle n’a pas été abordée en plénière hier, la question de la bande de filaos à Guédiawaye été évoquée lors des travaux en question. Face à la colère de la société civile qui craint une disparition de cet espace vert, le ministre a expliqué aux députés que tous les classements opérés dans cette zone l’ont été pour des projets d’utilité publique, notamment le projet relatif à l’extension de la Vdn et/ou pour assurer le respect d’engagements pris par l’Etat auprès de certaines collectivités locales.

Par conséquent, a précisé Mame Thierno Dieng, ‘’aucun cas de délaissement n’a été effectué au  profit d’un quelconque promoteur immobilier et qu’il n’a jamais été question d’exproprier les populations sur un bien qui est leur dû’’.

Pour 2019, le budget du département de l’Environnent connaît une hausse. De 21 573 882 060 F Cfa en 2018, il est passé à 25 767 789 100 F Cfa, soit une hausse de 4 193 907 040 F Cfa en valeur absolue et 19,44 % en valeur relative. Le ministre considère que, si son budget a été augmenté, c’est parce qu’il a fait un bon usage de celui de l’année dernière. Et c’est pourquoi il réitère les engagements.

Mais le député Mamadou Diop Decroix considère que ‘’le plus important, c’est l’éducation des populations. ‘’Un budget, quel qu’il soit, ne peut pas régler la question de l’environnement, si les populations ne s’en approprient pas’’, a-t-il soutenu.

FATOU SY

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