Publié le 23 Nov 2017 - 22:04
ESCLAVAGE EN LIBYE

Macron dénonce des « crimes contre l’humanité »

 

La France a dénoncé la vente de migrants et a demandé expressément une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU.

 

Emmanuel Macron a qualifié la vente de migrants africains comme esclaves en Libye, révélée par la chaîne américaine CNN, de « crimes contre l’humanité », mercredi 22 novembre.

« La dénonciation par la France est sans appel » et il faut que « nous puissions aller beaucoup plus loin pour démanteler les réseaux » de trafiquants, a ajouté le président après une rencontre à l’Elysée avec le président de la Guinée et de l’Union africaine, Alpha Condé.

La semaine dernière, un documentaire choc de la chaîne de télévision américaine CNN avait révélé l’existence d’un marché aux esclaves près de Tripoli, vivement dénoncé en Afrique et en Europe.

Pour M. Macron, « ce qui a été révélé » par CNN « relève bien de la traite des êtres humains. C’est un crime contre l’humanité ». Ce trafic « nourrit les délinquances les plus graves » et « les réseaux terroristes ». Il « génère 30 milliards d’euros par an, touche malheureusement 2,5 millions de personnes – et 80 % des victimes sont des femmes et des enfants », a-t-il dénoncé.

« Solution politique »

Le même jour, la France a demandé une réunion « expresse » du Conseil de sécurité des Nations unies pour débattre de la vente de ces migrants en Libye.

« La France a décidé ce matin de demander la réunion expresse du Conseil de sécurité des Nations unies pour aborder cette question. Elle le fait comme membre permanent du Conseil de sécurité, elle a la capacité de le faire et nous le faisons », a déclaré le ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, devant l’Assemblée nationale, en réponse à une question du député Jean-Philippe Nilor (Martinique, Gauche démocrate et républicaine).

« Nous souhaitons que le Conseil de sécurité s’entoure des avis publics de l’Organisation internationale des migrations et du Haut-Commissariat aux réfugiés, pour que ces deux organismes des Nations unies rendent public l’état réel de la situation en Libye, dont fait partie la traite des migrants », a ajouté le ministre.

Rappelant que les autorités libyennes, « plusieurs fois alertées », avaient lancé une enquête, M. Le Drian a souhaité « que cela aille vite » pour que justice soit rendue, faute de quoi « nous devrons engager une procédure internationale de sanction », a-t-il menacé.

Depuis la chute en 2011 du régime de Mouammar Kadhafi, les passeurs, profitant du vide sécuritaire et d’une impunité totale en Libye, font miroiter un passage vers l’Italie – qui se trouve à 300 kilomètres des côtes libyennes – à des dizaines de milliers de personnes cherchant une vie meilleure

 « La résolution de ce type de drame ne peut avoir lieu que s’il y a une solution politique » en Libye, a conclu Jean-Yves Le Drian. « Nous souhaitons qu’il y ait une prise de conscience des acteurs libyens de la nécessité d’aller vite face au drame que nous constatons », a-t-il fait valoir, alors que des autorités rivales, à Tripoli et à Tobrouk, et de nombreuses milices se disputent le pouvoir.   

LE MONDE

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