Publié le 16 Nov 2016 - 17:17
ET SI L’ON EN PARLAIT

Au-delà de la mandature 

 

Le réveil risque d’être brusque et trop tard si l’on se garde d’aller au-delà du focus sur la mandature pour comprendre les tenants et les aboutissants de l’adoption très précipitée des projets de réforme sur le statut des magistrats de l’ordre judiciaire .

 Aucune des réactions n’a jusqu’à présenter démontrer le contraire de ce que la loi 2008-35 portant création, compétences, organisation et fonctionnement de la Cour Suprême est moins parfaite que celle qui l’abroge et la remplace. Le Magistrat Souleymane Téliko  salue la pertinence des dispositions qui concourent au renforcement de l’institution judiciaire sauf l’alinéa 2 de l’article 26.

Tous les points de vue convergent également sur la méthode employée par le gouvernement  et qui est marquée son unilatéralisme.

Il faut signaler que  ce qui est regrettable pour les pourfendeurs de ce texte avec des réactions aussi bruyantes qu’éloquentes sur leur subjectivisme, c’est de prêter aux textes de par leur nature impersonnelle et  générale, une volonté pour le gouvernement de maintenir ou de proroger l’âge de retraite du Premier Président  de La Cour Suprême et le Procureur Général près de la haute Cour, actuellement en fonction :un populisme, mêlé au concert de cris venant de l’extérieur , peut être un précédent dangereux pour la  justice .

De la même manière, on regrette l’usage fréquent et abusif des consultations à domicile dont la consécration légale prochaine vient d’être affirmée par le Ministre, donc son caractère illicite jusqu’ici  et ce, sans aucune réaction.

Cependant, en attendant que le gouvernement confirme ou infirme sur les supputations  faites sur la (ou les)  volonté(s)  prêtée(s) à lui, nous pouvons objecter objectivement  à ce projet de nouveau texte de loi organique sur la Cour Suprême  pour au moins deux raisons : 

1°)- L'absence de votonté de concertation :

Le Ministère de la Justice  a levé cet obstacle mais trop tard  en transmettant le projet de loi  sur  la Cour Suprême au Bureau de l’UMS qui à son tour pourra consulter les comités de ressort et de juridiction. Cette attitude du Ministère de la justice dit long sur le système de management adopté par son titulaire axé principalement sur la gestion des clichés dans les médias.

2°) l’éparpillement des textes :                                                                                                                                 L’emplacement de l’alinéa de l’article 26 dans le nouveau projet n’avait pas sa raison d’être à partir du moment où il ya un statut unique pour tous les magistrats de l’ordre judiciaire .La nomination du Premier Président et du Procureur Général est une question statutaire dont rien ne saurait justifier. (Voir http://lignedirecte.sn/contribution-dun-magistrat-aux-projets-de-reforme-de-la-confusion-decretee-des-innovations-et-des-pieges/).Ces critiques sont aussi valables pour ce qui est de la dissociation des projets de loi sur le statut  et celui portant organisation et fonctionnement du Conseil Supérieur de la Magistrature.

Voilà deux textes d’égale valeur qui se complètent .Il en va de même pour ce qui est de dispositions concernant l’avancement dans les grades qu’on ira chercher le projet de décret portant échelonnement indiciaire applicable aux magistrats de l’ordre judiciaire abrogeant et remplaçant le Décret n°92-917 du 17 juin 1992.

La non unification des textes dans un corpus crée sans aucun doute des inégalités. Des ruptures voulues ou non ? Nous préférons s’interroger en attendant leur passage devant la représentation nationale et dire comme Einstein « Une personne qui n’a jamais commis d’erreurs n’a une seule tenté d’innover.

Au-delà des débats sur la mandature, la limitation à cinq ans de la durée d’exercice des fonctions de Premier Président de Cour D’Appel, du Procureur Général, des chef de juridiction, des chefs de parquet  (s’il venait à être appliqué)  doit l’être  pour tout le monde et rétroactivement.                                                                                                                                                                             Cette clause de limitation va permettre la mobilité dans les emplois au lieu d’un avancement au choix suivant l’emploi occupé et va sincèrement renforcer le principe de l’inamovibilité .Le culte de la « personne indispensable », bâti sur  –on ne sait sur quel modèle charismatique -est entrain de gangréner  notre corps judiciaire de notre pays .Nous dirons comme l’autre : « Je crois en l’homme et non à la divinité d’une personne  »

Au-delà des débats sur la mandature, nous devons réclamer une augmentation plus consistante des membres élus dans la Commission d’avancement ,un dispositif programmé pour faire jouer la transparence et non une figure de lancement du Conseil Supérieur de la Magistrature .

Nous attendons également la réaction du Ministère de la justice sur les résultats falsifiés des élections des membres élus ou du moins les résultats des investigations.

En conclusion :

Au- delà des débats sur la mandature, nous regrettons que le curseur d’idées se déplace dans un débats sur l’éthique et la déontologie avec comme sujet nos  chefs comme dans la guerre des écuries .Que ceux-ci puissent être stéréotypés, à leur grand dam du fait d’une démarche précipitée  et non concertée. Le gouvernement doit donc surseoir à leur adoption à l’assemblée nationale et nous osons espérer un Consensus

Quelque que puisse être la personne qui occupe ce poste, nous attendons de lui son sens de l’intérêt supérieur de la justice et de rassembleur, oui un bon père de famille pour une justice qui gagne !

                                                                                                  Par Mame Ndianco Ndiaye, Magistrat

 

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