Publié le 5 Mar 2015 - 16:35
ETUDE DU CREFAT

 Les femmes produisent 7 fois plus du temps de travail domestique que les hommes

 

Dans le foyer, le travail est réparti entre la femme et l’homme. Ce travail domestique considéré comme non rémunéré est dominé par le fait de s’occuper des enfants et des personnes âgées (11%), faire la cuisine (4,7%) et le shopping (4,3%).  Selon une étude, il pourrait beaucoup contribuer dans l’économie du pays, s’il est pris en compte dans les comptes nationaux. Intitulée  ‘’travail domestique au Sénégal : 30% à valoriser’’, l’étude a été présentée hier. Elle a été réalisée par le Centre de Recherche en Economie et Finances Appliquée de l’université de Thiès (CREFAT), avec l’appui du Fonds des Nations unies pour la Population.

Les résultats montrent qu’en moyenne, les femmes produisent 7 fois plus du temps de travail domestique que les hommes. Ce qui montre un effet de spécialisation explicite de la division du travail au niveau de la société. La consommation du temps de travail est plus importante entre 0 et 15 ans.  Entre 0 et 5 ans, les garçons et les filles consomment en moyenne jusqu’à 6 heures de temps par jour’’, souligne l’économiste Latif Dramani qui a présenté l’étude.

Le travail domestique a été évalué à environ 28,3%, en 2011. Cette part, selon l’étude, cache une forte disparité. Car la part de travail des femmes est évaluée à 19,1% et celle des hommes à 9,2%. Toujours, selon l’étude, les femmes contribuent à hauteur de 35% du revenu national et les hommes à 65%. Elles en consomment pour 52% et les hommes 48%. Dans les recommandations formulées, Latif Dramani a suggéré la prise en compte effective du travail domestique dans la mise en œuvre du PSE et la vulgarisation de la méthodologie du ‘’Counting women work’’ qui permet d’estimer la contribution des femmes dans la création de la richesse.

La représentante du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA, en anglais), Andréa Wojnar Diagne, a elle soutenu que cette étude met à la disposition des décideurs des analyses approfondies sur la contribution des femmes dans l’économie nationale. ‘’La moitié de la population sénégalaise est constituée de femmes. Toutefois, seule 1 femme sur 3 est active dans le secteur formel. Le chômage touche plus les femmes 40,4% que les hommes 18%. La répartition des rôles dans les ménages fait que les tâches domestiques sont traditionnellement dévolues aux femmes. Ces travaux ne sont malheureusement pas encore estimés à leur juste valeur et ne sont pas calculés dans les comptes nationaux’’, a dit Mme Diagne.

Selon elle, le produit intérieur brut ne capture pas certaines dimensions importantes du développement dans le cadre des politiques économiques. ‘’Le temps est venu d’intégrer les indicateurs de progrès réels qui peuvent mesurer une croissance partagée, soutenue et qui traduisent une meilleure qualité de vie. Les données prouvent que l’égalité des sexes dans l’éducation et l’emploi contribue à la croissance économique. Ceci, bien plus que la croissance économique ne contribue à l’égalité des sexes, en termes de santé, bien-être et droit’’, a-t-elle soutenu.

VIVIANE DIATTA

 

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