Publié le 21 Jun 2012 - 18:37
EX-DIRECTEUR DU TRAVAIL SOUS ADAMA SALL

Condamné à 5 ans pour escroquerie de deniers

 

Directeur du Travail sous le magistère du ministre Adama Sall, Ababacar Diouf a été condamné par le tribunal correctionnel de Dakar à cinq ans de prison ferme pour escroquerie portant sur des deniers publics. Son-co-prévenu, Ousmane Sy, a écopé d’un an assorti du sursis pour faux et usage de faux. En prison depuis trois ans, Ababacar Diouf, ex-directeur du Travail sous le magistère du ministre Adama Sall, devra y rester pour deux années encore. Il a été déclaré coupable d’escroquerie portant sur des deniers publics, et condamné à cinq ans de prison ferme et à une amende ferme de 500 000 francs. L’ex-fonctionnaire, relaxé du délit de faux et usage de faux, devra payer la somme de 90 millions de francs Cfa à l’État du Sénégal. Le tribunal a ordonné la confiscation de ses biens. Quant à son co-inculpé, Ousmane Sy, il a écopé d’un an assorti du sursis et d’une amende de 100.000 francs Cfa. Le juge correctionnel a également ordonné que la somme de 14 millions que le prévenu avait cautionnée soit reversée au Trésor.

 

Les faits qui ont conduit l’ex-directeur du Travail à la barre du tribunal correctionnel sont relatifs à l’organisation des élections de représentativité syndicale. A cet effet, l’organisation du Bureau international du travail ( BIT) avait versé au Sénégal la somme de 100 millions de francs Cfa logée dans un compte ouvert à la SGBS par le Ministère du Travail. Tenues finalement le 20 avril 2011, les élections ont été reportées à plusieurs reprises, mais les fonds ont été utilisés, selon le représentant du parquet. ''Profitant du retard dans la tenue des élections, les différents ministres (du Travail) ont puisé dans le compte jusqu’à épuisement. Et ce sont les fonctionnaires qui ont été utilisés pour faire la sale besogne, en faisant de sorte qu’il n’y ait pas de trace'', a expliqué le substitut du procureur, lors du procès qui s’est déroulé le mois dernier. D’après ses explications, c’est durant la gestion du ministre Adama Sall que le scandale a éclaté au grand jour, après un rapport de l’Inspection générale d’État et une enquête de la gendarmerie.

 

L’ex-directeur a mouillé Adama Sall

Selon lui, c’est grâce à un marché fictif attribué illégalement à Ousmane Sy que les fonds ont été détournés. Il s’agit d’un marché relatif à la réfection et à la maintenance du parc informatique des différentes inspections régionales du travail. Seulement, l’audit a révélé qu’il n’y a aucune pièce comptable attestant l’achat d’ordinateurs. A la barre, Ababacar Diouf, poursuivi pour escroquerie portant sur des deniers publics, de faux et usage de faux, avait indiqué que les ordinateurs étaient répartis dans différentes régions du pays. Concernant l’usage des fonds, l’ex-directeur du Travail avait soutenu que c’est le ministre Adama Sall qui lui avait demandé d’attribuer le marché à son co-prévenu. Sur sa lancée, M. Diouf avait déclaré avoir dépensé les 90 millions sur les 100 millions versés par le BIT, sur directive de l’ancien ministre Adama Sall. Le prévenu avait également révélé avoir encaissé des chèques sur instruction de son prédécesseur, décédé aujourd’hui. Et d’ajouter que ''c’est un imbroglio qui s’est déroulé de 2000 à 2008 et même sous le magistère de Me Abdoulaye Babou''.

 

Accusé d’être le complice de M. Diouf, Ousmane Sy qui comparaissait libre pour avoir versé une caution de 14 millions de francs Cfa, avait affirmé avoir exécuté normalement le marché qu’il avait gagné en toute légalité. Un argument de défense qui n’a pas convaincu le substitut du procureur Mamadou Diop. Celui-ci est conforté par la disparition des deux sociétés qui, dit-on, ont participé à un supposé appel d’offres. ''Ousmane Sy voulait permettre à ses prédateurs, que sont Diouf et les différents ministres, d'utiliser l’argent'', avait-il asséné. Après avoir bien sermonné les prévenus, il avait requis trois ans ferme. L’agent judiciaire de l’État réclamait la somme de 500 millions de dommages et intérêts. Malgré la demande de relaxe formulée par la défense, Ababacar Diouf et Ousmane Sy ont été reconnus coupables.

 

FATOU SY

 

 

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