Publié le 19 Jun 2018 - 18:45
EXAMEN DE LA LOI SUR LA REVISION DE LA CONSTITUTION

Querelles de borne-fontaine à l’hémicycle

 

Le vote, hier, de la loi portant révision du code électoral a été plus marqué par des échanges aigres-doux que par un débat constructif digne de ce nom.

 

Les députés de la treizième législature n’ont pas fait exception hier à leur réputation. Comme à l’accoutumée, ils ne se sont pas fait de cadeau à l’occasion du vote de la loi portant révision du code électoral, introduit en procédure d’urgence par le gouvernement. Si les hostilités ont très tôt été déclarées par l’opposition qui a voulu provoquer l’ajournement de la plénière à travers une question préalable soulevée dès le départ, les députés de la mouvance présidentielle ne se sont pas laissés faire. Mieux, ils ont mené la contre-offensive jusqu’au bout.

Par moments, le débat général a été plus marqué par des invectives que par une discussion interactive constructive. C’est par miracle que les députés Pape Seydou Dianko et Abdou Mbacké Bara Doli n’en sont pas venus aux mains, tant ils se sont insultés avant d’être rappelés à l’ordre par le président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse. Au même moment, Me Djibril War menace de faire la fête à tout fauteur de trouble. ‘’Kufi deful lu jaadu, dinaa dox sa kow, door lë, dumë lë (je bastonnerai quiconque qui tentera de jouer les trouble-fêtes’’, met-il en garde.

Pour sa part, le maire de Sicap-Liberté, Santi Agne Sène, tente d’atteindre le député Déthié Fall en s’attaquant à son leader Idrissa Seck. ‘’Quelqu’un qui passe tout son temps à blasphémer ne mérite pas qu’on s’assoit avec lui. On a une opposition caméléon qui change de peau selon le contexte et le moment’’, rétorque-t-il au vice-président de Rewmi qui a fait le reproche à la majorité de ne pas provoquer un dialogue franc autour du parrainage.

Dans cette ambiance pesante, certains parlementaires sont quand même sortis du lot. C’est le cas du président du groupe parlementaire ‘’Libéraux et démocrates’’. Me Madické, qui s’est attiré par moments les foudres des députés de la majorité, a tenté de les sermonner lorsqu’il a été interrompu dans sa prise de parole. ‘’Ecoutez-moi, je vous respecte trop ; l’ignorance commence par le fait de ne pas écouter son prochain quand il vous parle. Bien que nous soyons en plein jour, je voudrais vous remettre une lampe torche pour vous éclairer’’, lance-t-il sur un ton ironique.

Au total, 71 orateurs ont pris la parole à l’ouverture du débat général. Selon Me Aïssata Tall Sall, s’il y a eu autant d’orateurs, c’est parce que le débat a été ajourné le 19 avril dernier. Dans la même veine, elle reproche au régime de se fonder sur des suppositions pour justifier l’adoption de la loi sur le parrainage. ‘’C’est la première fois que je vois une loi qui se fonde sur une hypothèse. C’est un mauvais exposé des motifs. Si vous voulez limiter les partis politiques, appliquez la loi. Si aujourd’hui le pouvoir veut faire des économies, il faut adopter le bulletin unique’’, a-t-elle défendu.

ASSANE MBAYE

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