Publié le 9 Jul 2012 - 21:43
EXCLUSIF-DG SONATEL

Cheikh Tidiane Mbaye prépare son départ après 25 ans

 

EnQuête a appris de sources dignes de foi que le Directeur général de Sonatel, après un quart de siècle de présence à la tête de l’entreprise de télécommunications vedette du Sénégal, veut passer la main. Ce qui se traduit en interne par une série de départs-arrivées-promotions. Le successeur pressenti, Alioune Ndiaye, ex-DG de Orange Mali, un cadre précédé d’une réputation de compétence et d’intégrité pour faire face à une concurrence de plus en plus rude.

 

Après l’arrivée de Macky Sall à la Présidence de la République en mars dernier, ce serait le deuxième événement national de l’année 2012 au Sénégal. Cheikh Tidiane Mbaye, inamovible Directeur général de la Société nationale des télécommunications (SONATEL), s’apprête à quitter ses fonctions. Une ‘’retraite’’ qui pourrait intervenir entre ce mois de juillet et décembre prochain, mais avec des possibilités d’anticipation sur août et septembre.

 

Conséquence de ce big-bang dans ce mastodonte devenu le premier contributeur financier à l’économie nationale : un jeu de départs-arrivées-promotions destiné à redessiner l’organigramme de la société. Selon nos informations, Cheikh Tidiane Mbaye pourrait être remplacé au poste de Directeur général par Alioune Ndiaye. Ce dernier, auréolé d’une double réaputation de compétence et d’intégrité, était jusqu’ici le Directeur général de Orange Mali. Sa nomination respecterait l’un des termes de l’accord entre Sonatel et France Télécom, partenaire dit stratégique avec 42% du capital, à savoir que le Directeur général de Sonatel doit être un Sénégalais.

 

Ce choix sur Alioune Ndiaye est d’autant plus plausible d’ailleurs que Sékou Dramé, un produit local, serait pressenti pour devenir le Directeur général adjoint (DGA) de Orange Mali, un poste nouvellement créé ; celui de Directeur général devant être attribué à un Français (où à un Malien).

 

Autre départ-promotion, celui annoncé de Brelotte Bâ. Celui-ci, jusqu’ici Directeur des opérations et des relations internationales (DRI), pourrait atterrir à Niamey comme Directeur général de Orange Niger. Il avait joué un rôle actif dans la guérilla argumentaire contre le régime d’Abdoulaye Wade à propos du dossier des appels entrants.

 

Pour remplacer M. Bâ aux relations internationales, une promotion maison s’est imposée. C’est en effet Birago Bèye qui tient la corde. Il serait supplée à sa station de Directeur des Réseaux par Amadou Dème, ci-devant Directeur de l’Ingénierie, un électronicien passé auparavant par Orange Mali.

 

Les retouches apportées à l’organigramme de Sonatel se font donc en douceur et dans la durée. Il y a deux ans, Karim Mbengue, l’ex-patron de la Communication, avait été affecté au siège de France Télécom à Paris. Un successeur lui avait été trouvé, en l’occurrence Nafissatou Diouf Dia, bombardée Directrice du Département Communication institutionnelle et Responsabilité sociale d’entreprise. Dans la foulée, l’ex-Directeur de Sonatel Mobiles, Léon-Charles Ciss avait été promu comme Directeur marketing de Orange pour l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Asie (AMEA).

Selon des sources dignes de foi, Cheikh Tidiane Mbaye veut laisser la place après un quart de siècle de management globalement gagnant puisque Sonatel-Orange, sous sa conduite, est parvenue à s’imposer parmi les entreprises mondiales les plus performantes au plan technologique, les plus rentables également même. La rude concurrence imposée par expresso, particulièrement sur l’internet, a sans doute ouvert de nouvelles options aux consommateurs. Mais Sonatel reste solidement accrochée à son statut de leader avec environ 60% de parts de marché, un taux de pénétration qui tourne autour de 75%, plus de 11% des recettes fiscales de l’Etat, en plus de plusieurs milliers de petits et grands emplois indirects créés grâce à un marketing de proximité très agressif.

Pour l’avenir, rien ne filtre sur les intentions de Cheikh Tidiane Mbaye. Va-t-il continuer à siéger au Conseil d’administration ? Sera-t-il redéployé par France Télécom sur un autre terrain en Afrique, avec d’autres responsabilités ?... En tout cas, on pourra retenir de lui son combat épique et discret contre les appels entrants du système Wade dont on sait maintenant, au travers des auditions menées par les autorités judiciaires sénégalaises, qu’elles ne furent pas plus qu’un opaque réseau mafieux destiné, en partie, à d’autres fins que l’intérêt public national.

 

MOMAR DIENG

 

 

 

 

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