Publié le 15 Oct 2013 - 12:00
EXCLUSION PROPOSÉE DE MAME KHARY MBACKE, SUSPENSION DE CHEIKH DIOP DIONE

Moustapha Diakhaté joue au sheriff parlementaire

 

 

Le rififi s'installe peu à peu à l'Assemblée nationale, notamment dans le groupe Benno Bokk Yaakaar qui pourrait subir les contrecoups du management catastrophique de ses députés.

 

Les choses s’accélèrent à l’Assemblée nationale. Après avoir annoncé son ralliement au groupe parlementaire «Forces pour la liberté et la démocratie» que souhaitent mettre en place les députés de Rewmi, la députée Mame Khary Mbacké est sous la menace d’une  exclusion de la part  de son groupe Benno Bokk Yaakaar. Dans un communiqué parvenu à EnQuête, Moustapha Diakhaté, président dudit groupe, écrit : «Madame la députée Mame Khary Mbacké a déclaré à la Presse nationale, ce samedi 12 octobre 2013, sa démission de son parti, l’Alliance pour la République (Apr). Conformément aux dispositions pertinentes de l’article 60 de la Constitution et de l’alinéa 2 de l’article 7 du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale, j’ai demandé à son Excellence Monsieur Moustapha Niasse, Président de l’Assemblée nationale, de convoquer le Bureau aux fins de constater la déchéance automatique du mandat de Mame Khary Mbacké et de procéder à l’installation de sa suppléante sur la liste de la coalition Benno Bokk Yaakaar du département de Mbacké, Madame Khady Gaye.»

 

«Nous allons mettre sur pied un groupe»

Toutefois, cette requête a de fortes chances de ne pas aboutir puisque l’intéressée a précisé ce qui suit : «Je n’ai jamais dit que j’ai quitté l’Apr ; j'y suis et j’y reste», déclare Mame Khary Mbacké, jointe par EnQuête. Cette dernière dit avoir renoncé à son projet de rejoindre le groupe parlementaire Rewmi et mijote un autre coup. «Je vais, avec des collègues députés, mettre sur pied un groupe parlementaire qui s’appellera Apr. Nous sommes au nombre de 15, et nous allons formaliser la demande après la fête de la Tabaski», annonce la parlementaire.

Même si elle se garde de révéler le nom de ses collègues «frondeurs», quelques-uns d’entre eux sortent du… Macky. Il s’agit de députés comme Abdou Lahat Sadaga et Djimo Souaré, tous deux de l’Apr. Ce dernier, dans un entretien accordé à nos confrères de l’As, a annoncé la couleur. «Nous ne nous laisserons pas faire, et nous en tirerons toutes les conséquences. Quitte à créer un nouveau pôle dans la mouvance présidentielle.»

L’attitude de ce jeune député discret est le résultat d’une rancœur longtemps étouffée. «Aujourd’hui, dit M. Souaré, il y a un vrai problème dans le fonctionnement de la coalition Benno Bokk Yaakaar. Beaucoup de nos collègues, en tout cas de l’Apr, sont frustrés non pas parce qu’ils ne font pas partie du bureau, mais tout simplement parce que les règles élémentaires de la vie d’un parti et de démocratie ne sont pas respectées.»

 

Cheikh Diop Dione «suspendu 12 mois»

Mais l’interpellation de Djimo Souaré semble manifestement tomber dans l’oreille d'un sourd. Car Moustapha Diakhaté serait dans une logique de va-t-en guerre en annonçant la suspension du député Cheikh  Diop Dione du groupe Bby. Une sanction sans appel : «Trente-six mois (36) dont douze (12) avec sursis à compter de ce lundi 14 octobre 2013», lit-on dans le communiqué. Ce député est en effet accusé de n’avoir pas respecté la «discipline du parti» en se présentant contre Moustapha Niasse, candidat désigné du président Macky Sall, pour la course au perchoir. Ce qui n’avait pas l’heur de plaire à des responsables du parti, comme Moustapha Cissé Lo puis Mahmouth Saleh, (directeur de cabinet politique de Macky Sall) qui avaient annoncé des sanctions à l’endroit du responsable de l’Apr à Gossas. Cheikh Diop que EnQuête n’a pu joindre, semble s’y être préparé. Accroché en marge de l’installation du Bureau de l’Assemblée, l’animateur du «courant de rénovation» déclarait : «Quand on est majeur et vacciné, on prend ses responsabilités, dit-il. L’attitude du parti déterminera mon  attitude. Et je n’ai pas de regret en ce qui me concerne.»     

 

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