Publié le 11 Jan 2017 - 21:12
EXERCICE DE LA PROFESSION DE SAGE-FEMME

En fin un Ordre au Sénégal

 

Il n’est plus permis d’exercer la profession de sage-femme n’importe comment et par n’importe qui. Une loi a été votée hier à l’Assemblée nationale portant création de l’Ordre des sages-femmes et des maïeuticiens.

 

C’est désormais acquis. Les sages-femmes ont leur Ordre. Le projet de loi N°43/2016 relatif à l’exercice de la profession de sage-femme au Sénégal et portant création de l’Ordre des sages-femmes et des maïeuticiens a été voté hier par l’Assemblée nationale. Défendant le projet, le ministre de la Santé et de l’Action Sociale a souligné que la place des sages-femmes dans le système de santé est d’autant plus importante que les pouvoirs publics ont placé la réduction de la morbidité et de la mortalité maternelle et infanto-juvénile au centre des priorités. Cette orientation, a ajouté Pr Awa Marie Coll Seck, doit être accompagnée par une organisation et un encadrement adéquats de la profession dont la contribution dans la mise en œuvre des stratégies est essentielle. ‘’L’organisation de la profession est devenue une nécessité afin de garantir la qualité des services, la protection des patientes et des nouveau-nés, ainsi que l’autonomie professionnelle. Cette organisation exige une définition des principes qui gouvernent les conditions d’exercice de la profession, aussi bien dans le secteur public que dans le privé’’, a défendu la ministre.

Ainsi, selon elle, il est apparu nécessaire de mettre en place un ordre professionnel doté de la personnalité juridique, dénommé Ordre des sages-femmes, qui assurera un rôle déontologique, administratif, consultatif et disciplinaire. Saisissant la balle au rebond, les députés ont interpellé la ministre sur les comportements des sages-femmes et leur mauvais accueil dans certaines structures. Pr Awa Marie Coll a répondu que les propos injurieux tenus par les sages-femmes à l’endroit des femmes venues accoucher demeurent une problématique. Mais l’Ordre a pour enjeu de réguler la profession et sanctionner ces dérives constatées. ‘’L’accueil est une priorité pour nous agents de santé. On ne peut être satisfait quand on parle d’un mauvais accès dans une structure sanitaire. Tout le monde n’est pas mauvais. Certaines reçoivent bien le malade. Mais comme dans tous les corps, il y a certaines personnes qui gâchent tout et qui, à cause de leur comportement, font qu’on va généraliser. L’Ordre permettra de régir’’, a-t-elle promis.

Un Ordre pour sanctionner les dérives

En outre, les parlementaires ont attiré l’attention de la ministre sur les diplômes et attestations délivrés par certaines écoles de santé qui ne répondent pas toujours aux critères régissant les diplômes d’Etat. Mais, professeur Seck a rassuré qu’un code de déontologie sera institué pour un meilleur encadrement des actes délégués aux sages-femmes. S’agissant du recours abusif à des césariennes, elle précise que des inspections seront diligentées dans les cliniques pour encadrer les césariennes et éviter les abus. La vigilance sera également de mise pour parer aux dérapages éventuels liés à l’autorisation accordée aux sages-femmes d’exercer à titre privé. Relativement au durcissement des sanctions, la ministre a attiré l’attention sur les principes et les règles qui sous-tendent le code pénal, en ce qui concerne la détermination du quantum des sanctions applicables aux infractions.

Pour ce qui est du recrutement et de la motivation des personnels de la santé dans les zones périphériques, la ministre a expliqué que le premier critère, en matière de recrutement, est celui de l’ancienneté. Elle partage la suggestion de mettre en place un dispositif et des mécanismes incitatifs permettant de motiver et de fixer le personnel de santé dans les zones périphériques, compte tenu des contraintes budgétaires liées à la masse salariale. L’octroi de bourses s’inscrit ainsi dans ce cadre.

Une sage-femme pour plus de 2 500 personnes en âge de procréer

Par ailleurs, les députés ont demandé de revoir le statut des matrones qui, la plupart du temps, font le travail de la sage-femme dans les postes de santé des zones périphériques. La ministre a répondu que le rôle de la matrone est d’être l’assistante de la sage-femme. Cette dernière, lorsqu’elle est là, doit avoir autour d’elle aussi des matrones. Lorsqu’il n’y en a pas, les conditions font que la matrone a un certain rôle. Mais c’est un rôle délégué. Selon elle, les normes de l’Organisation Mondiale de la Santé définissent 1 sage-femme pour 300 femmes en âge de procréer. ‘’Nous, nous sommes à 1 sage-femme pour 2 684 personnes en âge de procréer. Cela veut dire qu’on est loin du chiffre idéal et des normes. Ce qui fait que les matrones ont encore un rôle à jouer. Mais, on ne peut pas décider que la matrone va faire tout ce que la sage-femme fait’’, dit-elle. Selon le ministre, la matrone assure les accouchements normaux. Mais, quand il y a un accouchement difficile, elle a des difficultés et il peut y avoir une mortalité maternelle et infantile.

Donc, poursuit-elle, ‘’autant il faut leur laisser une place en les supervisant, autant il ne faut pas qu’on considère qu’elles doivent faire comme la sage-femme ou le gynécologue. Il y a des choses qui ont été apprises pendant des années et ce n’est pas pour rien. Il faut qu’on le sache’’, détermine Prof Seck.  Qui souligne que le Président Macky Sall est en train de faire des efforts de recrutement. Il y a également des initiatives comme les sages-femmes itinérantes et le couplet gagnant sage-femme/infirmier. ‘’C’est ce qui est en train d’être fait pour qu’on essaie de rattraper notre quota. Mais nous sommes très en retard. Il y a énormément de sages-femmes diplômées au Sénégal. Mais les matrones ne sont pas concernées par la loi. Les sanctions concernent les sages-femmes qui ne feront pas ce qu’elles doivent faire.’’

VIVIANE DIATTA

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