Publié le 28 Apr 2016 - 12:10
EXPLOITATION DES RESSOURCES MINIÉRES EN AFRIQUE DE L’OUEST

Comment aider les autochtones à bénéficier des retombées 

 

Les relations entre les industries minières et les populations locales sont parfois conflictuelles. Ces dernières se sentent souvent lésées et ne tardent pas à manifester leurs courroux. Désormais, elles pourront compter sur le soutien d’organisations de la société civile ouest-africaine qui comptent mener le plaidoyer.

 

Sabodala au Sénégal, Hiré en Côte d’Ivoire. Le point commun entre ces deux localités est qu’elles abritent des industries minières. A Sabodala, la société Sabodala gold operation exploite la mine d’or. A Hiré, la société Newcrest a hérité du périmètre minier de la zone. Les relations entre ces entreprises et les populations locales ne sont pas souvent au beau fixe, pour ne pas dire heurtées. Ces dernières accusent les industries de spolier leurs terres, sans leur faire bénéficier en retour des retombées générées par l’exploitation du sol. Depuis hier, des organisations de la société civile ouest-africaine se rencontrent à Dakar pour partager sur les impacts de ces entreprises sur les communautés locales, sous la supervision des ONG Lumière, synergie pour le développement (LSD) et Business and human rights ressource centre (BHRC).

Lors de cette rencontre de partage d’expériences des impacts des entreprises minières dans les zones d’exploitation, chacun a raconté ce qui se passe dans son pays. La représentante de la coalition ivoirienne des droits humains a exposé le problème dans la localité de Hiré. Dans cette zone, relate Marthe Coulibaly, les attentes des populations locales n’ont pas été prises en compte par la société Newcrest. Pourtant, cette entreprise avait promis, avant son installation, de reloger dans les normes requises les populations déplacées. Entre autres promesses, l’entreprise avait pris l’engagement de réaliser des infrastructures sanitaires. Celles-ci, même si elles sont réalisées, ne sont toujours pas fonctionnelles faute de matériels. A ces problèmes, rapporte toujours Marthe Coulibaly, vient s’ajouter la pollution de l’air et des eaux courantes… A un certain moment, raconte-t-elle, la tension était même devenue vive entre les populations et les forces de sécurité.

Au Niger, des jeunes regagnent Boko Haram

Le représentant des organisations de la société civile du Niger a aussi partagé l’expérience de son pays qui, depuis quelques années, est devenu un pays producteur de pétrole. Cette production de l’or noir n’est pas sans conséquence dans la zone d’exploitation, rapporte Ousmane Djibo. A Agadam où est basée une industrie chinoise, le chômage des jeunes s’est accentué ; le coût de la vie est devenu plus élevé ; l’environnement s’est dégradé. ‘’Les gens commencent à s’agiter. Beaucoup de jeunes vont au Nigeria, non pas pour travailler, mais pour rejoindre les rangs de Boko Haram. Ces jeunes, un jour, vont revenir’’, alerte-t-il. Ousmane Djibo invite ces entreprises à privilégier les populations autochtones pour éviter leur révolte.

Par ailleurs, la société civile ouest-africaine compte mener le plaidoyer pour aider les communautés locales à bénéficier des revenus tirés de ces exploitations minières. Le Directeur de la recherche du Centre de ressources des entreprises et des droits de l’Homme basé à New York invite ces organisations à mener ‘’un plaidoyer international concernant ces entreprises qui sont souvent des investisseurs étrangers’’. C’est ainsi seulement qu’elles pourront les pousser à prendre en compte les droits des communautés locales, conseille Gregory Regaignon. 

ALIOU NGAMBY NDIAYE 

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