Publié le 25 Mar 2017 - 00:35
EXPLOITATIONS FAMILIALES

La prépondérance immobilière angoisse les producteurs de Dakar 

 

Les producteurs agricoles de la région de Dakar qui gèrent des exploitations familiales s’inquiètent de la prépondérance immobilière dans les zones à réputation agricole. C’est ce qui ressort de l’enquête de l’Institut panafricain pour la citoyenneté, les consommateurs et le développement (Cicodev) rendue publique hier, lors d’un atelier de partage entre acteurs du secteur.

 

Les terres agricoles sont en ‘’perpétuelle diminution’’ dans tous les départements de la capitale sénégalaise. Selon le rapport d’enquête de l’Institut panafricain pour la citoyenneté, les consommateurs et le développement (Cicodev), 92% des exploitants de la région estiment que la taille des champs agricoles est en baisse. La superficie moyenne exploitée par producteur est de 1,2 hectare (ha). Le département de Rufisque enregistre le taux le plus important estimé à 2 ha. ‘’On ne peut pas continuer à donner la prédominance à l’immobilier dans une zone qui a une vocation agricole. Aujourd’hui, on est en train de prendre des zones à vocation agricole et de les transférer au développement de l’immobilier et à celui industriel. 

Il faut qu’on crée des zones qui sont définies comme étant celles d’agriculture, des zones industrielles, d’habitations. Comme ça, c’est clair dans l’esprit de tout le monde’’, a dit hier le directeur exécutif de Cicodev, Amadou C. Kanouté, face à la presse. Selon lui, il faut que les collectivités locales prennent leurs responsabilités. Qu’elles se réfèrent au cadre juridique qui est déjà mis en place par le nouveau code des collectivités locales, avec l’Acte 3 de la décentralisation, à la vision qui semble ‘’être favorable’’ aux producteurs. ‘’Et qu’on ne permette pas à ce que les collectivités locales soient tout simplement orientées vers des taxes sur l’immobilier. Mais aussi, qu’elles commencent à penser que s’il n’y a pas d’agriculture, d’emplois, dans leur zone, la sécurité alimentaire sera totalement menacée’’, a poursuivi le directeur exécutif de Cicodev.

Problème d’accès à l’eau

Pour sa part, Kader Ngom, spécialiste de la décentralisation et du développement rural, a estimé que si l’Etat ‘’n’apporte pas des solutions idoines’’ aux préoccupations particulières de ces exploitants, ceci va être une ‘’forte menace’’ sur la production agricole sur la région de Dakar. ‘’Même si l’Etat à une vision très claire pour appuyer ces producteurs, elle n’est malheureusement pas traduite en actes concrets. Parce qu’aussi bien le cadre juridique que politique donne à l’Etat et à ses démembrements, c’est-à-dire les collectivités locales, la possibilité de découper le territoire en zones à vocation agricole’’, a-t-il soutenu. M. Ngom, par ailleurs, chef de file de l’équipe qui a mené l’enquête, a rappelé que le programme de renforcement et d'accélération de la cadence de l'agriculture sénégalaise (Pracas) est pour une ‘’intensification’’ des productions agricoles.

‘’Si les exploitations agricoles de Dakar disparaissent, cela veut dire qu’il n’y aura pas intensification. Le Pracas est également pour la maîtrise de l’eau’’, a-t-il ajouté. Or, selon lui, certaines exploitations familiales de Dakar ont un problème d’accès à l’eau. Il faut noter que les résultats de l’enquête montrent que la quasi-totalité de la production agricole est destinée à la commercialisation et non à l’autoconsommation de la famille. L’autoconsommation est estimée à moins de 2%. En effet, 45% de la production horticole est destinée à l’approvisionnement des marchés de la capitale. Toutefois, certains pays de la sous-région comme la Mauritanie et la Gambie s’approvisionnent en produits maraîchers à Rufisque.

MARIAMA DIEME

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