Publié le 20 May 2016 - 12:36
EXPOSITION CONJOINTE

Un pont interculturel entre le Sénégal et la Chine

 

Après le marché international de l’art africain, le Grand-Théâtre recevra à partir de lundi prochain une exposition d’artistes chinois et sénégalais. Ils sont réunis autour d’un projet présenté hier au cours d’une conférence de presse tenue dans un hôtel de Dakar.

 

Géographiquement, la Chine est loin de l’Afrique en général, du Sénégal en particulier. Une distance qui fait que la plupart des Chinois ont une certaine perception et développent des stéréotypes envers le continent noir. Pour changer ce regard souvent négatif posé sur l’Afrique, des artistes se sont regroupés autour du projet ‘’54+1, Puissance verte pour l’avenir’’.

‘’54+1’’ signifie le nombre d’Etats que compte l’Afrique et 1 renvoie à la Chine. En somme, cela fait référence à une union de l’Afrique et de la Chine. Une coopération qui ne devrait se résumer qu’à l’économie. Elle devrait également prendre en compte les questions culturelles. Ainsi, ‘’ce titre n’est pas seulement une histoire de chiffres. C’est notre souhait. C’est un thème écologique et rassembleur et c’est ce que nous voulons pour l’Afrique et la Chine’’, a dit l’artiste et entrepreneur culturel Jiangbo Jin. Avec l’artiste sénégalais Mansour Ciss Kanakassy, le critique d’art Massamba Mbaye ainsi que le curateur et critique Su Ouyang, ils faisaient face à la presse hier dans un hôtel de Dakar.

A travers ce projet d’exposition, les initiateurs veulent enlever le ‘’voile de l’ignorance’’ qui couvre le regard des habitants de l’Empire du Milieu. ‘’Il y a des Chinois qui ne savent pas qu’il y a 54 Etats en Afrique. Il faut qu’ils se départissent des stéréotypes et des préjugés envers l’Afrique’’, a dit M. Jin. Ainsi, ‘’l’art pourrait être un vecteur de facilitation pour régler les malentendus interculturels’’, ajoute-t-il. Par cette exposition conjointe, les artistes pourront découvrir les potentialités de l’Afrique et les vulgariser en attendant que les Africains les rejoignent. Car dans ce schéma, il n’y pas que des artistes sénégalais. Il y a également deux Maliens qui y prennent part. C’est la première partie du projet qui se déroule ici dans le cadre de la 12e édition de la biennale de l’art contemporain africain. La deuxième partie se tient à Shangaï.

Le choix de Dakar s’explique par l’aspect enchanteur de cette ville qui correspond quelque part à celle de la capitale économique chinoise. ‘’Dakar et Shangaï sont comme des bijoux. Nous croyons qu’il y a un pont et un lien entre les 2’’, a fait savoir M. Jin. Ce dernier et Mme Ouyang sont venus avec ‘’des artistes chinois engagés et qui abordent beaucoup la thématique de la globalisation’’, à les en croire. Parmi eux, on compte des photographes et des peintres.

Le Sénégal va être représenté par des artistes au talent avéré. Dans le groupe, l’on distingue Viyé Diba, Zulu Mbaye, Amadou Kan Si, etc. Que de signatures bien connues et ‘’vieilles’’. Quelle est alors la part des jeunes artistes sénégalais dans ce projet, pourrait-on être tenté de se demander ? Mansour Ciss Kanakassy qui a choisi les exposants explique qu’il a bien voulu les intégrer. En effet, il avait pensé mettre à contribution Docta, le pionnier du graffiti au Sénégal. Malheureusement, la connexion entre les deux ne s’est pas faite à date voulue. ‘’Je voulais vraiment intégrer cet art ‘’anticonformiste’’ en écrivant à Docta. Mais il a tardé à répondre’’, a-t-il indiqué.

Toutefois, ceux-là qui ont été choisis le sont grâce à leur savoir-faire. ‘’Je voulais particulièrement des artistes un peu différents dans la démarche. Il y a des peintres comme Zulu Mbaye, Fodé Camara. Ils représentent la forme la plus académique de l’art avec des créations picturales. Il y a des installateurs comme Amadou Kan Sy qui nous a fait deux œuvres avec des tablettes coraniques. Il y a aussi Chalys Lèye qui nous a proposé une installation qui est une grande tour. Pour tous, on s’est basé sur le professionnalisme pour les choisir’’, a-t-il déclaré.

Pour découvrir ce que proposent créateurs sénégalais et chinois, faites un tour au Grand-Théâtre à partir de lundi.

BIGUE BOB

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