Publié le 30 Apr 2016 - 16:17
FÊTE DU 1ER MAI – DEPÔT DU CAHIER DE DOLEANCES

Les centrales syndicales annoncent la couleur

 

Les travailleurs du Sénégal vont encore fêter ce 1er mai, en réclamant de meilleures conditions de vie et de travail. Chaque année, les mêmes doléances sont déposées sur la table des autorités, mais leur application pose problème. Le secrétaire général du Front social autonome (FSA) les invite ‘’à changer de cap, avant qu’il ne soit trop tard’’.

 

Demain 1er mai, les centrales syndicales vont encore sacrifier au rituel du dépôt du cahier de doléances sur la table du président de la République. Une question : qu’en est-il des doléances de l’année dernière ? Le secrétaire général de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal/Force du changement (CNTS/FC) répond que les discussions sur les cahiers de 2014 et de 2015 ont été entamées. Il se réjouit même de cette diligence des autorités, parce qu’auparavant, un stock de cahiers de doléances se compilait sur la table de l’autorité. Toutefois, Cheikh Diop précise que les deux parties (gouvernement et centrales syndicales) n’ont pas conclu d’accords. ‘’Nous avons terminé le rapport et une réunion va être convoquée pour finaliser les choses. Sur ce point, je pense qu’il n’y a plus de problèmes’’, informe-t-il.

Un point de vue totalement contraire à la position du secrétaire général du Front social autonome (FSA). D’après Sidya Ndiaye, des négociations ne sont pas encore ouvertes sur les cahiers de doléances de 2014 et de 2015. A ce propos, il parle  ‘’d’un antécédent dangereux’’. ‘’On ne peut pas déposer des cahiers de doléances et on les range dans les tiroirs, en attendant la fête du 1er mai, pour nous convoquer à des négociations. Les autorités doivent changer de cap et rectifier le tir pendant qu’il est temps’’, prévient le secrétaire général du FSA.

Des grèves, malgré le pacte de stabilité sociale

Sur un autre registre, le secrétaire général de la CNTS/FC renseigne que le pacte de stabilité sociale, qui a été une promesse du chef de l’Etat, l’année dernière, quand il recevait les centrales syndicales à la présidence de la République, a été signé. Mais Cheikh Diop note que sa mise en œuvre tarde à se faire, parce qu’il ‘’reste toujours à matérialiser certains accords’’. Sur ce point du pacte de stabilité sociale, Sidya Ndiaye constate que, ‘’malgré sa signature, le front social continue à bouger avec des grèves dans les secteurs de l’éducation, de la santé et dans les collectivités locales’’. ‘’Partout, il y a des crises. Ça ressemble à du théâtre, dans la mesure où le suivi des cahiers de doléances n’est pas fait’’, reproche M. Ndiaye.

Ainsi, à ces doléances de 2014 et de 2015 viendront s’ajouter de nouvelles revendications. Pour la fête des travailleurs qui sera célébrée demain 1er mai, ces derniers vont encore réclamer de meilleures conditions. Cette année, Cheikh Diop informe que 5 centrales syndicales : la CNTS, la CNTS/FC, l’UNSAS, la CSA et l’UDTS ont décidé de défiler ensemble. De façon unitaire, dit-il, la coalition va déposer un cahier de doléances unique. Ainsi, parmi les nouvelles revendications, renseigne-t-il, la priorité sera accordée à l’ouverture de négociations sur le système de rémunération de la Fonction publique. Une préoccupation que cette coalition de centrales syndicales partage avec le FSA.

Selon son secrétaire général Sidya Ndiaye, ‘’dans la Fonction publique, l’ancien régime a déréglé le système de rémunération, créant des disparités, des dysfonctionnements, des injustices’’. Il appelle le gouvernement à prendre en compte cette vieille revendication des travailleurs. Après la Fonction publique, Sidya Ndiaye se tourne vers le privé. Dans ce secteur, déplore-t-il, ‘’c’est la précarisation du travail’’, avec des stagiaires à n’en plus finir et des contrats à durée déterminée renouvelés à plusieurs reprises. ‘’C’est de l’exploitation de l’homme par l’homme’’, dénonce-t-il.

Baisse du prix du transport : une exigence

La coalition des centrales syndicales composée de la CNTS, de la CNTS/FC, de l’UNSAS, de  la CSA et de l’UDTS a aussi d’autres points de revendications à insérer dans le cahier de cette année. Il s’agit notamment de la révision des textes obsolètes de la convention collective nationale interprofessionnelle, la discussion sur les conventions de branche, la formation ‘’diplômante’’ des enseignants, l’organisation d’assises pour la révision et l’harmonisation des systèmes de retraite, l’augmentation du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) et du salaire minimum agricole garanti (SMAG), liste Cheikh Diop. ‘’Ce sont les points essentiels des cahiers de cette année’’, souligne-t-il.

En outre la CNTS/FC a aussi des revendications qui lui sont propres. La centrale demande ‘’la poursuite de la révision des mauvaises politiques de privatisation’’. Ce point, Cheikh Diop l’avait évoqué l’année dernière, devant le chef de l’Etat. Même s’il reconnaît qu’un an après, ‘’des actes concrets ont été posés’’ avec la reprise de la Suneor, de Transrail, de Air Sénégal international, des ICS, il demande toujours à l’Etat ‘’d’accélérer la cadence pour la relance d’autres entreprises en difficulté, surtout la SAR’’.

Une pile de doléances, le chef de l’Etat va en recevoir encore demain. L’Union démocratique des travailleurs du Sénégal (UDTS) annonce 15 points de revendications qu’elle compte mettre sur la table des autorités. Parmi celles-ci, la secrétaire générale de cette centrale, Mariama Ba Konaté, demande ‘’l’arrêt de la fermeture des entreprises de surgélation de poissons et de conserverie et la réouverture de SAIB’’. Elle demande la fin de la précarisation des emplois dans les secteurs de l’hôtellerie, de la boulangerie et du gardiennage. Mme Konaté veut aussi que l’Etat puisse aborder les questions de ‘’la formation continue et qualifiante des ouvriers et techniciens, la protection des industries locales face aux produits importés, la fin des lenteurs administratives dans la délivrance des actes administratifs’’.

Quant à Cheikh Diop, il réclame la baisse du prix de l’électricité, du prix du pain et du prix du transport, cela suite aux baisses répétitives des prix des produits pétroliers. 

ALIOU NGAMBY NDIAYE

 

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