Publié le 31 May 2017 - 21:38
FACE AUX ACCUSATIONS DE TRUMP

Merkel souhaite une Europe qui «prend son destin en main» 

 

Le président américain a poursuivi ses critiques contre l'Allemagne, faisant monter encore la tension entre les deux pays.

 

Et un de plus ! Mardi, Donald Trump a poursuivi via Twitter sa charge contre l’Allemagne, fustigeant les «très mauvaises» politiques de Berlin en matière de commerce et de défense. «Nous avons un déficit commercial MASSIF avec l’Allemagne et elle paie BIEN MOINS qu’elle ne le devrait pour l’Otan et la défense. Très mauvais pour les Etats Unis. Ça va changer», avertissait le président américain au petit matin. Cette nouvelle attaque en règle s’inscrit dans la lignée des critiques acerbes adressées à la République fédérale par Donal Trump lors du G7 de Taormine et de la rencontre de l’Otan le week-end dernier.

Angela Merkel avait par la suite souligné à plusieurs reprises que l’Europe devait «prendre son destin en main». «La relation transatlantique est d’une importance primordiale. Ce que j’ai simplement fait est de dire que compte tenu de la situation actuelle, il y a encore plus de raison pour lesquelles nous devons en Europe prendre notre destin en main, a-t-elle de nouveau souligné mardi. L’Europe doit être un acteur qui s’engage aussi à l’international, je considère ça comme extrêmement important.»

Angela Merkel n’avait pourtant pas ménagé sa peine. La chancelière s’était rendue en mars à Washington, et avait reçu en mai Ivanka Trump à Berlin, en compagnie de Christine Lagarde, dans le cadre d’une manifestation du G20 (que l’Allemagne préside cette année) consacrée à la promotion des femmes dans le monde du travail. Côté allemand, la déception est donc à la hauteur de cet investissement inhabituel. Le chef du groupe parlementaire social démocrate au Bundestag, Thomas Oppermann, estime que Donald Trump voit l’Allemagne comme «un adversaire politique». Martin Schulz, challenger social démocrate d’Angela Merkel en vue des législatives de septembre, qualifie Trump de «destructeur des valeurs de l’occident», accusant le président américain de «fragiliser la coopération entre pays basés sur le respect mutuel et la tolérance».

Campagne électorale

La dégradation des relations germano-américaines, alors que l’axe transatlantique est traditionnellement considéré comme étant le socle de la diplomatie allemande, inquiète outre-Rhin. D’autant, souligne le quotidien Tagesspiegel, que le projet d’une défense européenne est loin d’être avancé : «Les Britanniques, les Français et d’autres pays sont sceptiques. Les Allemands ne veulent pas renoncer au principe d’une armée contrôlée par le Parlement, les autres ne veulent pas se soumettre à cet impératif», insiste le quotidien.

De fait, le contexte n’est guère favorable à une amélioration des relations bilatérales. Trump en début de mandat veut tenir ses promesses électorales et tire à boulets rouges sur l’Allemagne, qu’il avait présenté en quasi ennemie tout au long de sa campagne. Angela Merkel se trouve, elle, en campagne électorale, et ne veut pas laisser au SPD le monopole des critiques anti-Trump. La prochaine rencontre Merkel-Trump est prévue pour début juillet, à Hambourg, lors du sommet du G20.

Libération.fr

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