Publié le 28 Apr 2018 - 17:27
FACILITATION DES ECHANGES COMMERCIAUX

Le Sénégal face au défi de l’attractivité

 

Le Portail d’informations commerciales du Sénégal (Pic) sera officiellement lancé très prochainement, ceci pour faciliter les échanges commerciaux du pays. Le Sénégal doit se montrer très attractif pour booster son économie.

 

Le Sénégal n’échappe pas aux défis qui interpellent les pays en développement à travers le monde, dans les transactions commerciales. Il s’agit, notamment, des lenteurs dans les procédures administratives et douanières, du déficit d’informations et de prévisibilité. Face à ce besoin de rapidité et d’anticipation, l’entrée en vigueur de l’Accord de facilitation des échanges (Afe) élaboré et signé par les pays membres de l’Organisation mondiale du commerce (Omc) depuis décembre 2013, introduit, d’une part, des modalités de coopération modernes et plus performantes entre les ministères concernés, d’autre part, des outils de dernière génération pour faciliter l’accès des opérateurs à l’information commerciale.

‘’Très prochainement, les opérateurs économiques pourront visiter le Portail d’informations commerciales (Pic). Ce dispositif est très important, parce que non seulement il entre dans le cadre de l’accord sur la facilitation des échanges, mais aussi c’est un outil très important sur le secteur privé. Il va leur apporter un plus’’, informe la directrice du Commerce extérieur Assome Diatta qui présidait un atelier sur le sujet.

Ce portail est une plateforme électronique qui regroupe toutes les réglementations et procédures liées au commerce, appliquées par les ministères et organismes gouvernementaux.

En réalité, en ayant adhéré à l’Afe, le Sénégal entend ainsi se présenter, selon le directeur régional des Associations Nathan, Lotfi Kourdali, comme un marché ‘’attractif’’ pour les importateurs et les exportateurs. Mais également contribuer à un environnement économique et juridique ‘’favorable’’ à l’investissement ‘’créateur’’ de richesses et d’emplois qualifiés. ‘’Cet accord vise également à augmenter les exportations. Des études internationales montrent qu’à travers lui, les pays gagneraient 5 à 10 % des volumes d’exportations qui vont venir des petites et moyennes entreprises (Pme). C’est aussi pour permettre aux acteurs plus petits d’avoir la possibilité d’exporter’’, ajoute le consultant du programme Oea (opérateurs économiques agréés) Thomas Orliac.

Cet accord oblige aussi, selon lui, la douane à se ‘’moderniser’’, à être ‘’plus efficace’’. ‘’L’accord insiste trop sur la transparence. Le constat est qu’au Sénégal, les administrations ont un problème avec ça. Ce qui entraine une inefficacité. Si on réussit, ne serait-ce que ça, cet accord nous servira à quelque chose. Cette efficacité, c’est au bénéfice des opérateurs économiques’’, renchérit le colonel Ousmane Mbengue, chef d’équipe sénégalaise à Nathan.

Transférer la fiscalité des droits de douane vers les impôts

A l’heure actuelle, le colonel Mbengue relève que la gestion des tarifs au niveau de l’Omc est une chose pratiquement faite. ‘’Tous les pays ont consolidé, à l’Omc, le tarif. Ils ont officié un niveau maximum de tarif qu’ils ne peuvent plus augmenter. Ils peuvent le diminuer, pas le contraire. Les pays développés n’ont presque plus de droits de douane. Au sein de l’Union européenne (Eu), il est de 5 %. Ils ont réalisé suffisamment de développement pour transférer la fiscalité des droits de douane vers les impôts. C’est ce qu’il faut faire. Cela veut dire que le pays produit assez pour générer la fiscalité intérieure’’, explique-t-il. Selon l’ancien directeur de la Facilitation et du Partenariat, avec l’entreprise, avoir des droits de douane élevés veut dire que le pays dépend de l’importation, il ne produit rien. ‘’Si l’Etat ne compte que sur ces droits pour se développer, cela veut dire qu’il ne compte que sur le travail des autres. Ce n’est pas une bonne politique. Même au sein de l’Uemoa, la politique, c’est de réduire le plus possible les droits de douane et de transférer la fiscalité vers les droits de transition fiscale’’, indique-t-il.

Dès lors, l’ancien colonel des douanes estime qu’il faut que les impôts soient de plus en plus ‘’efficaces’’. ‘’Que l’activité intérieure se développe de telle sorte qu’elle produise des impôts de manière à réduire les droits de douane. C’est ça la politique vertueuse. Jusqu’à présent, nous ne sommes pas encore arrivés là’’, regrette-t-il.

Pour sa part, le colonel Guédado Sow, par ailleurs consultant, soutient qu’il faut éliminer les ‘’frais redondants’’ dans les procédures portuaires, pour faciliter les échanges commerciaux. ‘’Il s’agit notamment de ceux de communication, alors qu’on ne passe aucun coup de fil. Il faut aussi réduire les délais de traitement, demander à l’Etat d’agir d’abord sur ses propres structures, en régissant des lois beaucoup plus corsées, avant de demander aux manutentionnaires de faire un effort dans la diminution des frais’’, préconise le colonel Sow.

Selon ce dernier, il est reconnu que Dakar est le port ‘’le plus cher’’ de la côte ouest-africaine. ‘’Ce n’est pas un secret que le ministre de la Pêche envisage, sur les frais de passage portuaire, de faire une décote de 200 dollars, soit 108 196 F Cfa’’, a-t-il fait savoir.

Donc, pour le consultant, la douane doit insérer dans son code des dispositions qui permettront de prendre en compte la dénonciation volontaire et ‘’d’exonérer ou de dispenser d’amende totale ou partielle’’ les personnes qui auront volontairement signalé qu’elles ont commis une infraction. ‘’On doit imposer des amendes aux personnes pénalement responsables. C’est-à-dire celles qui ont commis l’infraction et s’assurer que le montant des pénalités est compatible avec la gravité de la faute’’, recommande le colonel Sow.

MARIAMA DIEME

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